Salut Valou,
Tu ne m’embêtes pas c’est une discussion intéressante.
Je vais te répondre en 2 temps:
- Exposer mon champ de définition du stress et concevoir le warm up dans ce cadre
- Discuter du stress et du Warm up tel que tu le conçois (selon ce que j’en ai ressenti)
Oui le Warm UP conduit à te reconnecter à un état mental, physique et émotionnel optimal qui te permettra d’entrer dans le flow in game.
C’est une étape qui augmente progressivement ton PROCESSUS D’ACTIVATION, pour atteindre un haut niveau de concentration durant la partie à venir. Et ce processus d’activation est lié en partie au stress, entendu dans une définition large.
Car les définitions du stress sont multiples (biologique - psychologique - professionnel) et renvoient à des champs scientifiques différents. Dans leur courbe, Yerkes et Dodson définissaient le stress comme une activation de l’organisme avant une épreuve (cf les travaux de Christine Le scanff). Il ne s’agit pas à proprement parler d’anxiété (dans le sens courant) mais d’un processus de mobilisation et d’adaptation de l’organisme à la situation à laquelle il va faire face.
C’est dans ce sens que je vois le Warm up. La création d’une force d’activation optimale. Et l’excitation produite à la vue de ses objectifs par exemple renvoie fortement à un stress positif et stimulant qui va nous faire agir pour réduire le gap entre la situation du jour et celle envisagée. Une “délicieuse incertitude” pour reprendre Famose qui va mobiliser l’ensemble de nos ressources. Car la diagonale du flow doit suivre celle de ce que Christian Target appelle les “défis équilibrés”. Une zone à enjeux suffisamment stressante mais pas trop. Tout est dans l’équilibre.
C’est dans ce cadre, que je conçois le stress, avec toutes les dimensions qu’il contient (sentiment de compétence - difficulté perçue de la tâche - Sentiment d’autodétermination - Attributions causales - Motifs d’actions) comme un élément synthétique d’évaluation d’une bonne préparation.
Mais peu importe que l’on l’appelle stress, éveil ou engagement, l’essentiel est ailleurs. Il est de trouver un état interne qui correspond à sa zone optimale de performance. Et le plus intéressant reste les outils pour le développer.
Et pour reprendre ensuite ton point de vue sur le stress (anxiété) et Warm up, je ne suis pas du tout d’accord avec toi quand tu dis qu’ils n’ont rien à voir. La fameuse boule au ventre, les mains moites, la gorge qui se serre se font bien davantage ressentir avant de jouer que dans l’action. Beaucoup de joueurs, dans un bad run notamment, ont déjà une angoisse qui monte, rien qu’à penser à leur prochaine session…
Cela peut aller à de simples doutes jusqu’à une peur paralysante. Tout le travail d’un Warm up est justement de faire redescendre ce stress négatif sinon le joueur va rentrer aux tables dans un état d’esprit défensif, fermé aux opportunités, et avec davantage l’envie de ne pas perdre que de gagner…
Et ce problème est bien plus prégnant à mes yeux avant l’action que dans l’action. Car si la peur tue l’action, l’action tue la peur. On peut tous se rappeler d’un moment où l’on avait de grosses inquiétudes sur une action à faire (entretien d’embauche - prise de parole en public - examens, etc) et une fois les premières minutes passées, on a été absorbé par l’action à faire et on a oublié nos craintes. L’interview de Nadal après sa victoire au dernier Roland Garros est parlante à ce sujet: “Je savais que j’allais avoir peur et avoir beaucoup de pression avant le match et qu’il faudrait attendre les premiers jeux pour que je me détende et que tout disparaisse. Je m’y étais donc préparé en me disant d’être patient et en le visualisant.”
Donc pour moi la problématique du stress et de l’anxiété est surtout une problématique de warm up. Ingame, la problématique essentielle à mes yeux est celle du focus.
Merci d’ouvrir la discussion.
Sur ce je te souhaite une bonne journée et tout le meilleur.
PS: pour ton schéma retravaillé, il y a un aspect qui ne fonctionne pas puisque tu considères que plus on est confiant et motivé plus on rentre dans le flow. Alors qu’il existe un seuil à partir du quel trop de confiance fait baisser la concentration et diminue la performance. Tout comme trop de motivation peut conduire à une surexcitation qui ne permet pas le lâcher prise. Il faudrait donc un optimum plutôt qu’un maximum.
PS2: je ne sais pas si la dernière phrase de ton message est pour moi, mais si c’est le cas je te remercie mais j’ai tout ce qu’il faut sous la main. Et je te la retourne également, bosse bien et n’hésite pas à venir me voir si tu as besoin de conseils!