Très bonne question nablapok.
La gestion des bad run est très fréquemment détaillée en effet, avec la présentation de plusieurs clés et pistes pour contenir les spews et le tilt (cf mes 2 derniers twitch).
Celle de la réussite est moins évoquée car elle semble moins problématique. Elle nous renvoie à la peur de gagner et a des questions comme suis-je légitime pour gagner tout ça? Est-ce que je mérite de gagner autant? Suis-je suffisamment compétent pour assumer ça?
Derrière cette peur, plus inconsciemment, il y a en fait 2 autres problématiques qui se jouent:
- La peur de laisser briller notre lumière
- La confiance en soi
Pour notre lumière, qui d’entres nous dans son environnement, n’a pas entendu des phrases comme, “arrête de te la péter”, “depuis que tu as gagné, tu as changé…”, “il faut rester humble dans la vie”, “regarde ces champions comment ils se la racontent!”, “pense à untel qui a échoué et donc contient ta joie pour ne pas le peiner davantage”, etc.
Toutes ces phrases sont ancrées en nous depuis notre enfance. Et pour certains, briller est synonyme de peur de perdre des amis, de se différencier de sa famille, de provoquer des jalousies, d’attirer les critiques etc. Il y a une partie en nous qui préfère se plaindre et souffrir car au moins on ne fait de mal à personne et on attire l’attention et la compassion…
Faire briller sa lumière, savourer ses réussites, reconnaître ses qualités et compétences n’est pas donné à tout le monde. Surtout en France! Comme si on ne le s’autorisait pas. On préfère cracher sur nos champions plutôt que de s’en inspirer! Ça nous rassure. Ça rend solidaire autour de la médiocrité. Et inconsciemment, briller c’est potentiellement s’exposer à ça…Rester dans l’ombre, c’est être à plusieurs.
On ne voit pas aussi que l’on peut devenir une INSPIRATION. Que l’on peut montrer que tout est possible, ou bien plus que l’on ne le s’autorise à croire! Nous sommes nos propres limites. Et si l’on décide que désormais on va briller et montrer le chemin à notre environnement, pour des raisons qui sont fortes, ça passera par le fait d’assumer nos réussites et victoires. Avec le risque d’éloigner certaines personnes et d’en attirer d’autres. Mais quand on a un pourquoi fort, on est prêt à prendre ces risques. On est prêt à briller à la hauteur de notre potentiel!
L’autre problématique tourne autour de la confiance en soi.
“Si j’ai de bons résultats aujourd’hui et que demain tout disparaît, je vais encore plus souffrir car j’ai perdu des choses que j’avais à un moment…”
On s’accroche à notre état actuel en ayant peur de le perdre car l’on est pas sur de pouvoir le générer de nouveau.
Pourtant rien n’est permanent dans la vie. Ni les tempêtes, ni les sécheresses. Et le fait de s’attacher trop fortement à une situation montre que nous avons peur de l’avenir et donc pas suffisamment confiance en nous finalement. Pas suffisamment confiance en notre travail et en nos capacités.
“Suis-je assez bon pour avoir ces résultats et up de limites?”" Si je perds ce que je viens de gagner, serais-je assez fort pour ne pas tilter?"" Comment pourrais-je enfin gagner alors que j’ai eu tellement d’échecs?"
On voit que ces questions renvoie à une méconnaissances de soi, de ses qualités de joueur, de son niveau de jeu, de la solidité de son mindset, etc. Et cette part d’ombre sur soi provoque une perte de confiance liée à tous les doutes et peurs qui nous envahissent. Et ces questions peuvent être à tel point stressantes qu’au moment du sprint final, elles nous assaillent et nous font perdre toute notre rationalité ce qui provoque l’échec. Au moins on reste en terrain connu…
La problématique de la confiance en soi peut également se décliner en sur-confiance. Et le corollaire de la sur-confiance est la peur du relâchement. On gagne beaucoup, et du coup inconsciemment on baisse nos exigences de travail et de discipline. Et ce qui doit arriver, arrive dans ces cas là car le succès n’est pas un hasard. Les autres nous dépassent. Et pour certains joueurs, un de mes étudiants PMS est dans ce cas là, gagner active la peur de la sur-confiance et du relâchement. Il préférait donc, inconsciemment, s’écrouler au dernier moment pour être sur de garder sa dynamique de travail. Alors que l’on peut tout à fait gagner, savourer à juste titre, et se remettre au travail.
Pour terminer cette courte réflexion autour de la gestion de la réussite, le fond du problème, à mes yeux, est de savoir si l’on pense MERITER cette réussite et pouvoir L’ASSUMER. Si c’est le cas, alors SAVOURONS!!! Si ce n’est pas le cas, levons le voile sur notre part d’ombre en continuant à travailler sur nos doutes et incertitudes. Et alors, nous serons prêt à libérer notre lumière car les peurs sous-jacentes auront été désamorcées.