LâĂ©tĂ© se termine⊠on arrĂȘte le farniente et on reprend les choses oĂč on les avait laissĂ©esâŠ
(je ne suis pas satisfait du titre de ce chapitre, mais jâai ai pas vraiment trouvĂ© de plus appropriĂ©)
1.2 Conception de ranges post-flop.
a) Réfléchir en terme de ranges et non de mains.
On doit appréhender le post-flop sous deux angles:
- Le range de Vilain et comment il se comporte sur telle ou telle texture de board. Il sera affinĂ© au fil des streets selon les actions et lâĂ©volution du board. Câest ce que lâon appelle le âhandreadingâ.
- La composition de notre propre range. On ne joue pas uniquement notre main mais aussi notre range. On doit donc rĂ©flĂ©chir en terme de ranges et de combos, et Ă lâintĂ©rieur de notre range se demander oĂč se situe notre main et quelle portion elle reprĂ©sente. Ici aussi bien sĂ»r en fonction de la texture du board, des actions et de lâĂ©volution du tableau.
Savoir oĂč se situe notre main au sein de notre range nous permet par exemple de savoir quels combos bluffer ou lesquels dĂ©fendre. Par exemple, arrivĂ© river avec un bluff catch, savoir quâon a suffisamment dâautres combos meilleurs Ă dĂ©fendre nous permettra de folder facilement certaines mains.
On devra donc:
-> Se reprĂ©senter lâensemble de notre range et la maniĂšre dont il a percutĂ© le board. On fait systĂ©matiquement cet exercice pour le range de Vilain puisquâon ne connait pas sa main, mais on devra aussi le faire pour notre propre range.
-> Se reprĂ©senter notre range perçu. Câest pas tout Ă fait la mĂȘme chose que le point prĂ©cĂ©dent. La diffĂ©rence se situant sur le niveau de notre adversaire et de sa comprĂ©hension du jeu.
-> Situer notre main par rapport Ă lâensemble de notre range. Afin de dĂ©terminer comment la jouer. Les notions de splitage de ranges et de sizings devront ĂȘtre comprises.
Plus les ranges PF sont loose et plus les ranges post-flop le seront. Sinon on abandonnera trop dâĂ©quitĂ©. Cette notion est capitale pour le jeu en combats de blindes. Dans la partie PF je vous ai expliquĂ© comment dĂ©fendre vos blindes. Mais si post-flop vous ĂȘtes incapables de jouer correctement vos ranges contre ceux de votre adversaire, vous allez en rĂ©alitĂ© perdre beaucoup plus que si vous aviez foldĂ© PF. Il faut toujours se demander comment vos ranges se comportent face aux ranges adverses. Le mĂȘme combo peut avoir une Ă©quitĂ© trĂšs diffĂ©rente selon les ranges en prĂ©sence.
Lâexemple le plus simple Ă apprĂ©hendĂ© est celui des combos Ă Ă©quitĂ© diffuse. Câest Ă dire des combos qui âfrappentâ beaucoup de boards mais de maniĂšre assez faible, comme les petites PP ou les hauteurs As. Savoir quand continuer dans le coup avec ces combos demande une bonne lecture des ranges et des textures de boards.
Le cas des combos dits âĂ potentielâ est aussi important. Ils frapperont la plupart du temps des draws assez faibles, mĂȘme sâils retiennent nettement mieux leur Ă©quitĂ© que la catĂ©gorie prĂ©cĂ©dente. Comme le le rĂ©pĂ©terai plus loin, moins on a dâĂ©quitĂ© et plus nous devons avoir de FE pour jouer profitablement ce type de combo. Câest pourquoi on ne les dĂ©fend que contre des ranges faibles contre lesquels on a possiblement de la FE (principalement BB vs steal). Comme notre adversaire possĂšde un range loose, il frappera moins les flops, et on pourra plus profitablement jouer agressivement nos draws faibles, comme avec des reverse floats ou des check/raise CBet.
b) Le range advantage.
Avoir une vision en terme de ranges et non de mains nous permet dâĂ©valuer comment le board avantage plus notre adversaire ou nous-mĂȘme. PossĂ©der le range advantage signifie que notre range a plus souvent ou plus fortement frapper le board, indĂ©pendamment de notre main exacte.
A chaque nouvelle street nous nous demanderons comment la carte qui tombe change les ranges et qui possĂšde lâavantage de range (je rappelle quâĂ chaque street il faut rĂ©Ă©valuer les ranges). Plus un board est dynamique et plus le range advantage est susceptible de basculer. Un board dynamique est un board oĂč lâapparition dâune carte peut en changer la nature.
En gĂ©nĂ©ral si le range advantage est chez nous, nous allons plus souvent miser (parfois en donk bet), et sâil est chez Vilain nous allons plus souvent checker. Nous comprenons bien que nous jouons nos ranges et non notre main. Par exemple si une carte apparaĂźt et quâelle est susceptible dâamĂ©liorer le range de Vilain, nous nâallons pas la miser mĂȘme si en rĂ©alitĂ© elle nous a amĂ©liorĂ© nous. Ceci permettra Ă notre adversaire soit dâessayer de reprĂ©senter une main quâil nâa pas (bluff), soit mĂȘme de value une main moins bonne que la notre.
> Si le range advantage est chez nous nous devons bet à haute fréquence et souvent cher.
> Si le range advantage est chez Vilain, nous devrions trĂšs souvent checker.
c) Ranges de CBet bluff.
Je fini cette partie en revenant rapidement sur les stratĂ©gies basiques de CBet en bluff. Je conseille fortement de ne pas CBet Ă outrance any two sans plan de jeu sur les streets suivantes. Si vous avez âairâ (type hauteur 6 sans equity), il sera souvent plus judicieux de ne pas CBet et de garder ce type de combos pour dĂ©caler vos bluffs sur la turn ou la river lorsque vous aurez plus dâinformations sur la main de Vilain.
> Avec Ă©quitĂ©, parfois mĂȘme faible. Par exemple avec 9s8s sur Ts4c2d, on a backdoor straight draw et backdoor flush draw. Pour les backdoor straight draw, on les remarque rapidement lorsque quâune carte du board connecte nos cartes privatives en donnant trois cartes consĂ©cutives. Comme ici T98.
Mais notre Ă©quitĂ© peut aussi se composer dâover-cards ou de bonnes hauteurs sur des flops plutĂŽt neutres (pas de draws), surtout lorsquâon ne pourra pas assumer une mise ultĂ©rieure de Vilain. On est dans une situation de vol dâĂ©quitĂ©. StratĂ©gie quâon adoptera de prĂ©fĂ©rence IP.
Plus notre équité est faible et plus nous avons besoin de FE pour bluffer. Il y a deux points dans la fold equity:
On doit donc considérer les 3 points (équité/percussion de Vilain/sizing) pour déterminer notre action.
> Utiliser les bloqueurs sur le calling range adverse. Sur les flush draws, les straight draws, les top pair⊠LâidĂ©e est quâon aura plus de chances de faire coucher notre adversaire si on possĂšde nous-mĂȘme une carte qui serait dans son range de call. Je reviendrai plus loin sur les notions de removal effect qui sont au cĆur les stratĂ©gie Ă©quilibrĂ©es. A noter aussi que parfois ces cartes augmentent aussi notre propre Ă©quitĂ©.
Exemple de CBet avec bloqueurs:
On a en main As9c. Le flop est Ts7s4c. On a des bloqueurs sur FD et quelques TP (AT T9) ce qui augmente les probabilitĂ©s de fold de notre adversaire. On a aussi un peu dâĂ©quitĂ© backdoor qui nous permettra parfois de continuer lâagression. Exemple de plan de jeu: 2 barrel sur tout ce qui nous rajoute de lâĂ©quitĂ© (parfois on pourra aussi essayer de la rĂ©aliser gratuitement au turn). Si un spide tombe turn: 2 barrel over-bet (GU river). 3 barrel bluff Ă©ventuel si la flush rentre river.
> Plus de CBet contre les ranges loose qui auront plus de difficultĂ©s pour se dĂ©fendre. Plus un range est loose, et moins il frappe les flops, et plus nous avons normalement de FE. Donc lorsquâun CBet est limite, on le fera plus souvent contre un range faible que contre un range fort (dit comme ça cela parait Ă©videntâŠ).
Contre les regs, se sera donc surtout dans les situations oĂč ils auront dĂ©fendu leur BB.
> Plus de CBet lorsque nous possĂ©dons le range advantage. Câest une idĂ©e qui ressemble un peu Ă la prĂ©cĂ©dente, dans le sens oĂč elle amĂ©liore notre FE. La plus grosse diffĂ©rence se fait par rapport au profil de Vilain: Faut-il encore quâil ait conscience quâon possĂšde le range le plus fort. Contre les mauvais joueurs je conseille de ne pas trop sâappuyer sur cette raison.