Problématique générale
D’où viennent les principaux problèmes rencontrés avec ces mains ?
Vous ne pouvez jamais être sûr d’avoir la meilleure main préflop.
L’expression “Trop forte pour un call, mais trop faible pour go broke” semble avoir été écrite pour elles.
Vous allez souvent voir apparaître des overcards post-flop, ce qui débouche sur des situations pour le moins délicates.
Situations particulièrement dangereuses
Le terrain devient glissant sitôt qu’on est confronté à de l’agression préflop. L’exemple type de situation problématique pourrait ressembler à ce qui suit :
EXEMPLE 1 :
PartyPoker $100 NL Hold’em (6 handed)
Stacks & Stats
UTG ($100)
MP ($100)
Hero ($100)
BU ($100) (inconnu)
SB ($100)
BB ($100)
Preflop: Hero is CO with
2 folds, Hero raises to $3.00, BU raises to $10.50, 2 folds, Hero…
Comment poursuivre ?
Vous ne pouvez pas émettre d’hypothèse particulière sur votre adversaire, ne sachant pas par exemple s’il utilise beaucoup le 3-bet, ou comment il va réagir face à un 4-bet.
Quelles sont les options théoriquement envisageables ?
Fold
Call
4-bet/broke
Fold
Le fold est une alternative à prendre au sérieux. Bien entendu, cela peut sembler weak, et vous risquez de coucher la meilleure main dans de nombreux cas. Mais vous ne pouvez pas écarter complètement cette option avant de l’avoir comparée aux autres.
Call
C’est là que les choses se compliquent. Un call est forcément attirant. Vous évitez ainsi de vous isoler contre un éventail particulièrement serré, et gardez a priori une certaine marge de manœuvre post-flop. Mais est-ce réellement le cas ?
En théorie, l’option du call est bien entendu envisageable. Il n’en reste pas moins que payer un 3-bet en étant hors de position avec une taille de tapis standard est généralement une mauvaise approche. Il est très difficile de s’en sortir post-flop sans la position, ni l’initiative, qui plus est avec une main aussi vulnérable.
EXEMPLE 2:
PartyPoker $100 NL Hold’em (6 handed)
Stacks & Stats
UTG ($100)
MP ($100)
Hero ($100)
BU ($100) (inconnu)
SB ($100)
BB ($100)
Preflop: Hero is CO with
2 folds, Hero raises to $3.00, BU raises to $10.50, 2 folds, Hero calls $10.50
Flop: ($22.50) (2 players)
Hero…
Et maintenant ?
Vraiment difficile de dire comment jouer ici. Donkbet, check/call, check/fold ? Le fait que votre adversaire possède ici un large éventail de mains ne vous avance malheureusement pas à grand-chose. Si vous payez un bet au flop, votre main se convertit à partir du turn en un simple bluff catcher. Une main inférieure va rarement miser pour la value ici.
Vous allez peut-être vous dire que rien ne garantit qu’une overcard va tomber au flop. Dans ce cas, nous vous renvoyons à l’article Probabilités du Texas Holdem.
[b]Probabilité que le tableau ne contienne aucune overcard…
Main
Flop
Turn
River
JJ
43,04%
32,05% 23,69%
TT 30,53% 20,14% 13,13%[/b]
Pour faire simple : Avec JJ, vous avez une overpair sur la river 1 fois sur 4.… sachant que cela ne signifie en aucun cas qu’il s’agit de la meilleure main.
Avec TT, c’est seulement le cas 1 fois sur 8… on ne peut dire que ce soit très brillant.
Conséquence ? Des spots vraiment compliqués, pratiquement impossibles à évaluer. Ce n’est pas pour rien qu’un grand nombre de bons joueurs déconseillent fortement de payer un 3-bet en étant hors de position.
4-bet/broke
Le 4-bet doit automatiquement être complété par “broke”. Jouer 4-bet/fold avec une main comme JJ ou TT ? N’y songez même pas ! Il s’agirait d’un bluff digne de la moindre poubelle. De plus, un tel bluff n’aurait aucune chance de fonctionner, aucune main supérieure n’étant susceptible de se coucher (il faudrait trouver un joueur capable de jouer 3-bet/fold avec QQ+).
Cela signifie donc que vous devez être prêt à go broke si l’adversaire décide de push.
Avec quelles mains peut-il push ? Prenons tout d’abord un éventail serré : QQ+/AK
Analyse d’equity
Tableau
Equity
Gagné
Partagé
Perdu
Main
Joueur 1
63,81%
63,6%
0,42%
35,98% QQ+, AKs, AKo
Joueur 2
36,19% 35,98% 0,42% 63,6% JJ
Vraiment pas top… Mais on s’attendait de toute façon à ce genre de résultat.
Prenons maintenant un éventail plus loose : 99+/AQo+/AJs+
Analyse d’equity
Tableau
Equity
Gagné
Partagé
Perdu
Main
Joueur 1
49,35%
48,39%
1,92%
49,69% 99+, AJs+, AQo+
Joueur 2
50,66%
49,69%
1,92%
48,39%
JJ
Votre equity s’est forcément améliorée, mais le résultat n’a toujours rien de très impressionnant.
Même contre un éventail très loose (qui ne peut en aucun cas faire office d’éventail par défaut), comme 66+/A9s+/KQs/ATo+/KQo, on ne peut pas dire que vous soyez un énorme favori.
Analyse d’equity
Tableau
Equity
Gagné
Partagé
Perdu
Main
Joueur 1
40,3% 39,67% 1,25% 59,07% 66+, A9s+, KQs, ATo+, KQo
Joueur 2
59,7%
59,07% 1,25% 39,67% JJ Si vous êtes d’accord pour dire que dans la plupart des cas, c’est le premier éventail mentionné qui s’applique, vous admettrez également qu’il est bien difficile d’expliquer pourquoi un 4-bet/broke est meilleur qu’un fold au regard des résultats obtenus.
Fold equity et balancing
Même si cela peut sembler un peu bizarre au premier abord, parler de fold equity avec JJ n’a rien d’anormal. Bien sûr, on ne va pour ainsi dire jamais amener une meilleure main à se coucher. En revanche, il existe un grand nombre de mains capables d’un fold alors qu’elles possèdent une equity tout à fait correcte contre cette main, par exemple AQ ou KQ.
Le fait que le 4-bet/broke puisse s’avérer profitable sur le long terme n’a bien entendu rien à voir avec les situations dans lesquelles vous vous mettez all-in avec seulement 36% d’equity. En réalité, ceci est rendu possible parce que votre adversaire abandonne alors une grosse partie de son éventail.
C’est là que le balancing fait son apparition : si on refuse de call un 3-bet en étant hors de position, que faire dans ce cas contre des 3-bets à répétition ?
Il existe une phrase à ce sujet : “Si vous n’êtes pas prêt à go broke avec JJ préflop, alors c’est que vous ne faites pas assez de 3-bets et de 4-bets”. :laugh: :laugh:
Cette phrase est à prendre avec des pincettes, mais elle à de quoi faire réfléchir (plus de détails un peu plus bas dans le chapitre intitulé “EV future”). L’approche optimale avec ces mains de départ dépend directement de votre jeu à un niveau plus global. Si vous ne faites par exemple jamais de 4-bet bluff, et que vous vous trouvez face à un thinking player, ce dernier va savoir exactement à quoi ressemble votre éventail de 4-bet. Il pourrait être alors capable de coucher une main comme AK. Vous aurez bien du mal dans ce cas à mettre votre tapis au milieu de façon profitable avec TT, ou même avec JJ.
Si à l’inverse vous utilisez souvent le 4-bet et avez, en ce sens, perdu une bonne partie de votre crédibilité, alors il s’agit d’un 4-bet pour la value. Votre adversaire sera prêt à finir all-in de façon bien plus loose. Vous devez donc tenir compte de cette problématique dans votre jeu. Au-delà du jeu adverse, vous devez également tenir compte de votre image à la table, et de la façon dont vous êtes perçu par l’adversaire.