vite la suite man
Voici la deuxième partie de mon wsop !
Deux joueurs compétents arrivent à la table, et les jetons continuent de s’empiler devant moi puisque j’atteins sans aucune difficulté un stack de 18000 jetons, soit quatre fois le tapis de départs et à peu prés 100bb.
Tout était facile, trop facile ? Ouverture UTG+1, directement 3 bet par le joueur asiatique à sa gauche, je décide de 4bet à 2200 à partir de la petite blind. Je suis payé par l’auteur du 3bet. Je regarde furtivement mes cartes, j’ai une belle merguez, un as sort au flop. J’opte pour un petit Cbet à 1500 environ, une brique tombe sur le turn. Je regarde mon adversaire, je regarde mon tapis et je me dis que ce serait bête d’y laisser un barrel supplémentaire d’autant plus qu’il y a de fortes chances pour que vilain soit rentré avec AK. Ce sera donc un check-fold !
Ce coup m’agace fortement, ca m’énerve de laisser 20% de mon stack sur un bluff aussi compliqué et aléatoire alors que j’empile les jetons en jouant très simplement depuis le début de la journée. Je sens que je sors du tournoi, ce n’est pas la première fois que ça m’arrive de faire une erreur et de partir en tilt derrière. Ca m’a couté quelques tournois par le passé, je n’ai pas envie de voir l’histoire se répéter.
Il faut que je me calme. Je me lève, je vais chercher une banane, je me rafraichis un peu, je me rassois à la table. Ca n’a pas fonctionné, mes jambes continuent de bouger nerveusement et je rumine encore mon mauvais coup.
Je pense que rater un bluff, c’est un peu comparable au tennis, quand on monte à la voler et on se prend un passing shot de la mort parce qu’on est monté derrière une mauvaise frappe. C’est un peu la honte !
Bref, je dois régler mon problème de tilt et de concentration, pas facile puisqu’en plus de cela, le wifi ne fonctionne plus dans la salle et je ne peux pas informer les suiveurs de mon état mental, encore un point qui ajoute de l’agacement. Je me souviens alors d’exercices de respirations que m’a appris Zenway, le coach mental de poker académie. Ca va un petit peu mieux, je me reconnecte doucement à la partie, puis j’ai la chance de prendre le stack d’un short, ce qui me remet définitivement dans mon tournoi.
Nous nous dirigeons vers la troisième pause de la journée, j’ai à nouveau 18k devant moi. J’ouvre As Roi en grosse blind, c’est le joueur asiatique qui a ouvert, de loin le joueur le plus compétent de la table, il n’ouvre pas énormément. Je décide de masquer la force de ma main, je complète juste sa mise de 450. Le flop : A 5 7 rainbow, il check derrière moi. J’ouvre à 600 sur un 9 au turn qui ouvre des tirages flush. La river est une doublette du 5, je mise 1200. Nous ne sommes plus que tous les deux à table car les autres sont partis en break. Je dois faire rapidement face à une sur relance à 3500. A ce moment là je n’ai aucune idée de ce qu’il a dans les mains, après avoir réfléchis trois minutes je finis par le mettre sur un tirage manqué, de toute façon avec un moins bon as il aurait juste payé ma mise, donc sa main est super polarisé. Je muck rapidement face à sa paire de neuf qui lui fait fullhouse. Finalement je me dis que j’ai bien fait de ne pas 3bet ce spot !
Même si ca fait chier d’avoir perdu les deux plus gros pots contre le même joueur.
Très bonne surprise au retour du break puisque ma table casse et nous changeons de salle. C’est une bonne chose car la salle « pavillon » fait un peu usine et j’étais placé dans un coin prés de la porte donc je sentais les allés venus des joueurs et spectateurs juste derrière moi. Nous sommes donc transférés et dispatchés en salle Brazilia. Il fait très chaud dans cette salle à cause d’une panne de climatisation, la chaleur joue en ma faveur car la majorité des joueurs souffrent un peu de cette chaleur et s’en plaignent, tandis que moi je trouve à la base que la clim est trop fraiche, donc je me sens bien dans cette nouvelle salle. Le jeu reprend sur 150-300, j’ai 14 000 devant moi et un peu comme sur la table précédente, j’empile rapidement les jetons jusqu’a 20 000 en grattant petit pot par petit pot.
Puis arrive la paire d’as, la première de la journée. En milieu de parole le joueur directement à ma droite ouvre à 1000, je prends l’option de juste payer, le flop QQ3 rainbow. Je relance le continuation bet de vilain, il paye rapidement. Le turn est une nouvelle brique, mon adversaire me check raise allin pour 12k et montre 99. Mon tournoi est complètement relancé, quelques petits coups plus tard, je pars casser la croute avec un tapis de 40K pour une moyenne à 17K.
Je suis presque arrivé à mon objectif d’avoir dix fois le stack de départ.
Et la suite, Bob, quand est-ce que tu nous la posteras ? Tu nous fait languir…
Retour dans la salle Brazilia pour la dernière ligne droite de cette première journée, nous sommes encore 650 à espérer gagner ce soixantième bracelet des wsop 2014, dans trois heures la moitié du field aura disparu…
Il fait de plus en plus chaud dans et je me fais la réflexion que la room porte bien son nom, c’est une véritable guerre pour interpeler le serveur afin d’être abreuvé en eau fraiche. J’ai pris mes dispositions à la pause, je suis allé chercher une bouteille fraiche d’un litre qui me fera la fin de ce jour. Inutile de se disperser alors qu’arrive un moment hyper important.
Je sais par expérience qu’en fin de journée même les bons joueurs peuvent commettre des erreurs grossières, je ne suis pas à l’abri, alors je dois rester concentré. D’autant plus que je viens de doubler et que je comprends très bien mes adversaires. Ma table est assez passive et les stack moyens commencent à resserrer en vue de l’itm.
Je continue donc à gratter régulièrement des coups, j’ai maintenant un tapis très confortable de 60k, nous sommes sur les blinds à 400-800, j’ouvre 66 en début de parole, je relance mécaniquement à deux blinds. Je suis payé par un bon joueur assez large en milieu de parole, puis par le chip leader au bouton, la petite blind complète aussi.
Le croupier sort un flop 6-9-T améliorant ma main en brelan, il y a deux cœurs susceptibles d’accélérer l’action. J’ai plusieurs options, je choisis de checker pour voir comment se comporte mes payeurs. Le joueur large prends l’initiative et mise un peu moins d’un demi-mot, je suis déjà en train de réfléchir à mon action à venir quand le jeu se ralenti soudainement au bouton.
Le chip leader triture ses jetons assez nerveusement, si on jouait dans une chambre froide, on verrait de la fumée sortir de son crâne. J’aimerai le voir payer, ce qui signifierait qu’il a un gros tirage, mais non, il envoie un parpaing de 12 000. La petite blind s’esquive rapidement, c’est à mon tour. Je connais bien les deux joueurs encore intéressé par le pot, le premier doit être sur un tirage ou une top paire, c’est le bouton qui m’embête dans ce coup.
Son éventail de main pre-flop est très large, en positon il rentre avec tous les brodway, tous les connecteurs, tous les as et toutes les paires évidements. Mais post-flop sa relance est très surprenante, ce n’est pas un joueur qui arrache les coups, jusqu’à présent il a toujours contrôlé les pots, je retire les tirages de sa range. Je l’ai déjà vu flat avec TT et JJ, j’en conclue donc qu’il y a dans sa main 78 pour la quinte, 99, TT pour des brelans supérieurs au mien et T9 pour deux paires. Une fois arrivé à ce constat, il va de soit que je suis dominé assez souvent. Puis on croise tellement de joueurs dans le rail qui ont tout perdu set over set.
Finalement je n’ai pas réfléchis très longtemps avant de jeter ma main car j’ai eu tout le loisir de le faire le temps le temps que vilain ajuste sa relance.
Ce coup m’obligerait à tout mettre au millieu, le pot est déjà trop conséquent, je n’ai investi que deux blinds dans ce coup. Je maitrise bien ma table. Allez hop, à la poubelle le brelan !
Le premier relanceur sur le flop part dans un petit acting, pour finalement jeter sa main face up, disant qu’il a deux bloqueurs sur la quinte. Le chip leader montre aussi sa main, je jete un coup d’œil furtif, style « de toute façon ca ne m’intéresse pas car j’avais rien dans ce coup ». il montre 9T pour la double paire, j’ai couché la meilleur main mais ça ne m’affecte pas plus que ça, car comme je vous l’ai expliqué je reste persuadé que ma décision était la bonne.
La suite me donnera raison, puisque je marche littéralement sur la table, les places payées se rapprochent et j’en profite pour empiler les jetons d’autant plus que le chip leader, qui a doublé son stack sur un nouvel arrivant et qui doit avoir 200bb devant lui, dort bien profondément.
Le floor annonce les cinq dernières mains de la journée, nous jouons sur 500-1000, je suis au bouton avec 90k devant moi, le hi jack ouvre à 2500, payé par le cut of. Le spot est trop beau pour moi, je squeeze ce beau monde à 8K. le joueur plutôt jeune qui a ouvert le pot en a un peu marre de mon agressivité et décide mettre ses 45bb au milieu. Je le paye rapidement et il montre 99. Le board se déroule sans accroc et je me dis que je devrais passer dans le top 5 du tournoi, sans accroc jusqu’à la river ! Bim le neuf, qu’il est moche celui là !
J’avais déjà perdu un pot énorme sur l’event 55, KK<99 et à ce moment ça chauffe brutalement dans ma tète. Je n’ai pas le temps d’encaisser le choc que je reçois KQs le coup suivant. Je suis donc au cut of, je paye l’ouverture du hi jack qui doit avoir 30k devant lui. Les blinds complètent et le flop affiche dame haute, je paye une première mise du relanceur initial. Un dix sort au turn, mais il ne change rien. Le Hi jack envoie un deuxième barrel, le type est tight, il a jamais QJ, je ne bats qu’un semi-bluff et ce n’est pas le genre de la maison, le fold est facile, bien plus que sur mon brelan de six, et pourtant je shove lui demandant ses 12 000 restant. Je suis toujours sur mon coup avec les valets, et sans surprise, il me montre une belle paire de roi. Je n’ai même pas le temps de m’en vouloir qu’une dame se retourne. Mon adversaire malchanceux a poussé un cri, comme s’il avait reçu un puissant coup à l’estomac.
Je me dis que je l’ai échappé belle mais aussi qu’il faut que je progresse encore dans la gestion des mauvais coups et du tilt.
J’aurais pu terminer cette journée avec 150bb, mais aussi avec 10bb. Je suis donc satisfait de mettre 80 000 jetons dans ma poche afin d’aborder demain la bulle avec deux fois le tapis moyen !
LA BULLE ! LA BULLE ! LA BULLE !
Ce n’est jamais aisé de trouver le sommeil après une journée très riche en adrénaline, la journée se termine vers deux heures du matin. Le temps de prendre un taxi, je me retrouve à ma chambre d’hôtel à 2h30, mon colloc dort déjà. Le temps de donner quelques nouvelles aux amis restés en France et de faire redescendre la pression, on ne dort pas avant quatre heures.
Heureusement, les day 2 débutent une heure plus tard, soit à 13 heures. J’arrive au Rio avec un peu d’avance, cette fois ci. J’avais rendez vous devant la mythique salle de l’Amazon avec un collègue pour lui échanger des devises.
Malgré cette courte nuit, je me sens en forme pour attaquer la bulle. Je suis le premier à arriver à ma table, pas de problème de climatisation aujourd’hui, j’en profite pour regarder le montant des tapis de mes futurs adversaires, je constate que nous sommes deux chip leader pour beaucoup de tapis moyen. C’est parfait.
Etant toujours le seul joueur de ma table, je discute un peu avec la charmante croupière. Elle me confie qu’elle n’aime pas trop la ville, tout est « fake » ici. Beaucoup de citadins tiennent ce discours, ils ne viennent sur Las Vegas qu’un court instant pour se remplir les poches afin de repartir vers une destination plus plaisante. Je les comprends.
Le jeu reprend, pas d’écran, ni de match de foot aujourd’hui. Quelques trois bet, et raise en position et me voilà passé de 80K à 120k, la bulle a sauté rapidement.
A la première pause je me retrouve avec un tapis de 160k pour un average à 60k. ce qui est tres prometteur. Je croise Erwann pecheux dans les couloirs qui m’explique très enthousiaste qu’il a débuté la journée avec moins de 10 blinds pour passer la bulle avec plus de 200k, wtf…
Je rejoins Nicolas le Floch qui fume sa clope dehors, lui aussi est encore en course avec un stack convenable. Apparemment nous ne sommes plus que trois français en lice, c’est du moins ce que me dit Greg qui s’occupe du coverage pour PMU.fr.
Ma table casse au retour de la pause, je vais connaitre une lente descente vers les abimes, je ne gagne plus un pot, en plus d’être « card dead », mes timming sont mauvais et j’ai l’impression qu’il y a toujours les nuts en face. C’est une nouvelle situation pour moi car jusqu’à présent, j’ai toujours monté des jetons régulièrement.
Il ne faut pas que je me frustre, j’ai déjà perdu 50k et je n’ai toujours pas ramassé le moindre jeton. Ca bouillonne dans ma tète, encore un pot 3bet perdu avec AQ. Je lâche un petit : « Urgent je cherche un plombier pour réparer la fuite dans mon stack!!! » sur les réseaux sociaux.
Ce n’est pas grand-chose mais ça me redonne le sourire et ça me permet de relativiser un peu sur le jeu en lui-même, l’agacement est en partie passé. Je termine ces deux heures avec 120K pour une moyenne à 100K, il reste 111 joueurs. Le deuxième break de la journée arrive, ouf.
C’est d’autant plus dommage d’avoir « grind » à l’envers sur cette table car elle paraissait facile. Je me suis fixé l’objectif de battre ma 86eme place de mon premier wsop, je me dis que cela pourrait m’empêcher de « spew ».
Je parviens à remporter le tapis d’un short stack en bataille de blinds, ce pot me fait du bien et en plus je change de table juste derrière. Me voilà avec 40 big blinds sur 2-4, et mon objectif est atteint !
Le field s’est considérablement réduit par rapport à mon arrivée hier et aux deux salles remplis de joueurs. Nous n’occupons à présent qu’un petit coin de l’Amazon room. Je crois que c’est véritablement à cet instant que j’ai pris conscience que je pouvais faire un truc, Erwann était toujours chip leader, Nicolas s’accrochait pour rester dans la partie mais nous étions encore là. Je me suis dit que je venais probablement de passer le plus dur et qu’il me restait encore 40bb après ça. Il s’est produit comme un déclic et je me suis dit que ce n’était que du plaisir d’être là, j’ai su à cet instant que je n’allais plus rien lâcher jusqu’à la fin de la journée.
Les niveaux s’enchainent rapidement, les joueurs sautent, je n’ai pas le souvenir de coup marquant, pas de gros pots. Le « grind » positif a repris, ma table est compliquée, les joueurs sont de plus en plus compétents. Je suis dans un coup avec un jeune américain, j’ai squeeze en position et j’effectue mon Cbet, il se couche et me propose 10 dollars en échange de la vue de mes cartes. Me voyant sur la défensive, il monte les enchères à 20 dollars. Ca me fait rire, 20$ alors que nous jouons pour 600 000, non buddy, pas moyen.
70 joueurs restant avant le dinner break, j’atteints 250k sur 3-6 pour une moyenne à 160k, je suis bien revenu dans la partie. Et puis en croisant les collègues qui nous encouragent dans le grand couloir, on se rend compte, qu’on est plus très loin de la grosse perf. Mais le field est de plus en plus relevé et la fatigue va faire son apparition. Tout peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre mais malgré le bon niveau général de ma table, ça ne gamble pas trop et ça c’est positif pour moi qui aime contrôler les pots.
Tu nous laisses sur notre faim. On veut la suite lol.
désolé, c’est pas facile ce travail de mémoire et d’écriture
[quote=“theone44, post:753891”]Tu nous laisses sur notre faim. On veut la suite lol.[/quote]Déjà, je me dis que ce serait plutôt sympa de remercier Bob de temps en temps pour nous faire vivre son aventure au WSOP.
C’est passionant coach, je deguste chaque phrase…
Apres un léger diner en compagnie de Nicolas et Dimitri, nous sommes de retour sur les tables de la légendaire Amazon room. Soixante joueurs left, Erwann est toujours dans les chip leaders. Je me rassois sans pression puisque qu’il faut savoir que je suis parti à Las Vegas avec une bankroll de 10 000€, grâce à mes deux itm, je suis presque assuré de doubler ma Bankroll donc mon Vegas est déjà une réussite. Par contre, j’ai bien conscience aussi que ce n’est pas tous les jours qu’on joue un late game d’un tel event, jouer sans pression n’est pas synonyme de déconcentration.
Au niveau du jeu, je connais à nouveau une grosse période creuse en terme de cartes. Tous les pots à ma table sont quasiment 3bet, il m’est difficile de trouver des spots et dans ces conditions, j’arrive tout juste à maintenir mon stack.
Si bien que trois heures plus tard, trois heures très compliquée à me battre pour gratter chaque petit pot possible, mon tapis n’a pas évolué contrairement aux blinds. J’ai toujours 250k mais sur des blinds à 5-10, soit 25bb.
Stratégiquement, c’est une zone que je sais gerer et qui ne me pose pas beaucoup de problème, mais c’est une zone ou l’on peut bust à chaque rencontre. Il faut donc trouver un équilibre entre la prise de risque pour sortir du bloc de « resteal » et la conservation du stack pour ne pas spew.
Sans compter toutes les frustrations de la partie post bulle, car depuis je n’ai plus du tout les armes pour me défendre.
Mais j’ai le sentiment que le good run va venir et je reste plutôt serein, je regarde les joueurs sortir les un après les autres, dont l’infortuné Nicolas, et les gains grimpés sur l’écran, nous sommes maintenant à quarantes left. Je change encore de table pour la cinquième fois aujourd’hui. Je tire la table la plus proche des spectateurs et la place qui leur fait face. Je vois donc tout le rail, et c’est assez impressionnant, c’est un signe supplémentaire, au cas où j’avais oublié, que l’on ne joue pas le freeroll du coin !
Apres quelques ouvertures non fructueuses, je tombe à 15bb. Je suis obligé d’envoyer la boite pour me maintenir sans n’être jamais payé, la situation commence à devenir préoccupante. Plus le temps passe, et plus je me sens proche de la sortie. J’isole un très short stack avec 99 et je récupère un peu de profondeur mais je n’arrive pas à en faire bon usage.
Si bien qu’a 27 left, soit trois tables restantes, j’ai toujours 15bb devant moi. Nous jouons les dernières mains de ce day 2, les blinds viennent de passer devant moi et je vais pouvoir tranquillement ranger mes jetons dans le petit sac plastique en vue du day 3. Sauf que j’ouvre AK et que cette fois ci je suis payé… deux fois !
Le joueur russe directement à ma gauche m’a isolé à tapis et le joueur italien en grosse blind, après avoir tank une heure a pensé bon de lui aussi tout mettre au milieu.
L’abattage n’est pas encourageant, 99 chez le russe et AKs chez l’italien. Je joue donc quatre cartes pour partager le pot avec l’italien, soit 40%. Un roi au flop clôtura ce day deux et pour la première fois, je vais jouer un day trois wsop.
Je termine ce douloureux day 2 en dix-huitième position avec 329 000 et au moins 17 000$ assurés.
Comme à mon habitude, j’arrive en avance au Rio pour jouer ce day trois avec au bout le gain d’un bracelet de champion du monde, comme on aime dire. La nuit précédente, le sommeil ne vint pas de suite et j’ai repensé à la performance de mon ami Remi Bollengier avec qui je faisais chambre commune à Cannes lorsqu’il s’était hissé en Head up d’un event wsope face à Antonio Esfandiari. Je me souviens qu’il avait joué un poker très solide et que malgré son manque d’expérience, il était très serein. Je me suis dit que j’allais jouer ainsi et c’est ce que je fis.
Les tables étaient disposées à droite lorsqu’on entre dans l’Amazon par la porte principale, face aux estrades juste à coté de la table télévision où s’affrontaient des légendes telles que Doyle Brunson ou Phil Hellmuth. Je peux vous dire que j’ai senti un petit frisson me parcourir en rejoignant mon siège.
Apres avoir discuté brièvement avec Greg et Kinshu qui couvraient l’événement pour PMU et winamax, je me trouvais dos au public avec les mêmes joueurs que la veille car il n’y a pas eu de nouveaux tirages des places. Face à moi se dressaient des affiches de johnny moss et d’amarillo slim entre autres.
Toutes les conditions sont réunies pour jouer mon meilleur poker. Je suis un peu deçu de ne pas etre avec Erwann qui aurait pu être un bon allier de circonstance. C’est reparti comme on avait terminé le day deux, sauf que le russe à ma gauche, celui qui avait perdu le gros flip en fin de day 2, et bien il ne s’est pas reveillé, donc ses blinds tournent.
Apres trois ou quatre tours de tables, mon tapis stagnait et j’ai décidé de changer de stratégie, au lieu de partir en resteal, j’ai défendu T9s dans les blinds face aux joueurs le plus actif de la table qui avaient relancé utg, nous checkons tous les deux un flop hauteur neuf. Suite à une mise de 40k, sur un 8 au turn, je check raise allin à 300k en espérant simuler un tirage. Mon plan fonctionne à merveille puisque je ne tarde pas à être payé par 86, la river anodine me fait passer à plus de 600K.
Les éliminations furent rapides puisque nous arrivons en demi-finale, à 18 left donc. Avec un tapis avoisinant les 40bb, je sens que la table finale n’est plus très loin, malheureusement je ne pourrais compter sur l’aide d’Erwann qui a connu un début de day 3 catastrophique et qui a donc quitté le field.
Le rail commence à se mettre en place derrière moi, puisque j’ai hérité de la même place et j’entends les premiers « allez bobby » de Dimitri qui me font chaud au cœur. C’est parti pour une grande journée de poker.
Ça y est le double up tant attendu est arrivé, c’était un coup super important et je suis bien content d’avoir doublé sur le joueur allemand qui était le plus actif sur ma table, étant donné qu’il était en position direct. Fait amusant, le russe sit out depuis le début de ce troisième jour vient d’arriver pour pousser ses trois blinds restantes, il explique qu’il ne s’est pas réveillé, WTF ! Comme quoi la motivation n’est pas le même pour tout le monde.
Nous sommes encore une quinzaine de joueur a jouer pour un bracelet, j’ai un peu plus de 30bb et 650K devant moi, je me sens bien.
Le hi Jack, un joueur actif, ouvre à 42K. Juste derrière lui, je retourne KK j,’opte donc pour un classique 3bet à 90K. Coup de théâtre en bb ou un joueur plutôt faible cold 4bet à 200k, il a un tapis équivalent au mien. Je sais qu’au vu du profil de vilain, il n’a aucune range de 4bet light sur ce spot, inutile donc pour moi de masquer la force de ma main, il va tout mettre c’est certain, reste plus qu’a prier pour ne pas qu’il ait les flechettes.
Je pousse donc mon stack au milieu, et je vois chez lui ce petit rictus embarrassé provoquant en moi un énorme soulagement, je suis certain maintenant d’être devant. Il paye avec QQ.
Le pot est énorme, il me permettrait de passer top 3. Le croupier prend son temps pour retourner une répugnante dame au flop au flop. A cet instant, ça bouillonne tellement dans ma tête que je n’ai meme pas entendu mon adversaire crier sa joie, je repense à mes trois derniers tournois déjà perdu en demi-finale, je repense à ma paire de roi de l’event 55, déjà craqué, je me dis que les gros sous ne sont pas pour moi.
Le turn est une brique, je retire ma casquette, je connais mes chances de remporter ce coup, cinq pour-cent. Je commence à me diriger vers le rail, la mine déconfite, j’entre perçois la dernière carte que vient de retourner le croupier, un magnifique roi !
J’exulte puis je partage ma joie avec mes potes dans le rail, avec 1.3 millions devant moi à 14 left d’un bracelet WSOP, je suis bien.
Je n’ai pas le temps de me remettre de cet ascenseur émotionnel car à 14 left, soit sept par table, c’est à moi de mettre la pression maintenant, je dois gratter un maximum de pot avant la TF. Chose que je sais faire, un short stack vient même s’empaler sur mon AK avec KJ.
A dix left, je passe donc chip leader du tournoi pour un chouilla, je me souviens avoir deux barrels sur un 4 way pot en pré-TF avec AT sur KQxx, de quoi prendre un maximum de confiance avant de jouer cette table finale.
Je commence à regarder de plus prés le pay out, ce qui n’est pas forcement une bonne chose en soi lorsque l’on joue le titre, je vous le concède. A partir de la sixième place le gain est à six chiffres, je ne dois pas perdre avant.
Je ne suis pas très bien placé, malgré le fait que j’ai joué toute la journée à la même place ou presque, le joueur que je considère comme le plus compétent, est en position direct sur moi, tandis que le plus faible parle juste derrière lui, autant dire que je ne vais pas avoir beaucoup de spot sur lui.
Je pensais que nous allions poursuivre ce tournoi sous les projecteurs de la table filmée, mais la finale du seven card stud et sa panoplie de légendes n’était pas terminée. Dommage.
Après deux éliminations successives, nous ne sommes plus que huit à table. Et nous allons jouer à huit assez longtemps, personne ne se détache et le jeu est très serré. Je ne me souviens n’avoir joué que deux mains, les deux contre ma voisine de droite l’américaine Cherish Andrews .
La première, je la sur relance en milieu de parole avec A2, après un Cbet payé, elle lâchera sur mon deuxième barrel. Mais elle prendra sa revanche sur la dernière main avant la pause, en bataille de blinds je défend T7s, après avoir payé sur un flopKQ9, je prends l’initiative sur une brique derrière son check, sur la deuxième brique à la rivière, j’hésite à remettre un deuxième barrel pour finalement checker et la voir ramasser ce pot avec JJ.
L’ambiance de d’une finale WSOP est particulière puisqu’à chaque coup remporté par un joueur, on entend ses supporters criés ou applaudir dans le rail. C’est vraiment pour vivre ses moments là que je joue au poker !
Le fait de jouer longtemps à huit joueurs restant est un peu stressant car les blinds montent et je ne suis pas à l’abri d’une grosse rencontre, d’autant plus que j’aimerai battre ma huitième place obtenue au WPT d’Amneville.
Je me souviens avoir répondu à l’interview de Greg pour PMU pendant le prochain break. D’ailleurs je confirme mes impressions puisque le joueur que je crains le plus, Brandon Hall, est celui qui affiche le plus de gains live.
Au retour de cette pause, tout est allé vite, très vite… trop vite !
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how are you coach? B)
Pardon pour l’attente de ce dernier volet de mon aventure à Las Vegas, mais je n’aime pas les fins, surtout que je fais une belle bourde à 4 left.
Mais avant de revenir sur ce coup, la journée a bien avancé, il y a peu d’action, nous sommes restés à huit left au moins un niveau tout entier avant que les éliminations ne se succèdent. Deux joueurs nous ont quittés rapidement, formant ainsi deux chip leader. Deux américains, un requin et un âne. Tous deux à ma gauche. A six left , nous passons une barre très symbolique pour moi, celle des six chiffres et du gain à 100 000$. Symbolique car j’avais, l’année dernière, terminé un challenge 10€ to 100 000€ ici même à Las Vegas. J’avais échoué loin du but, finalement il m’aura fallu un an de plus pour atteindre l’objectif.
Enfin, j’ouvre une bonne main, QQ en début de parole. Je suis très surpris d’entendre « all in » dans les blinds de la part du joueur italien qui me couvre d’un poil. Je le paye assez vite car je pense qu’il a rarement mieux ici, souvent AK et quelques paires moyennes. C’est le plus gros de coin flip joué de ma vie.
Je le gagne et j’entends très justement dans le rail : « Maintenant tu ne peux plus whine sur des 20 balles ».
C’est au tour de la charmante Cherish de nous quitter peu après le joueur italien, nous ne sommes plus que quatre et j’ai presque 3 millions devant moi. Il reste une petite demi-heure avant la pause, j’ouvre AT au cut of, je me fais 3bet par Brandon au Bouton, je décide alors de 4 bet en partant pour un call s’il bouge à tapis. D’ailleurs mon sizing sur le 4bet est assez gros puisqu’il représente un tiers de mon stack.
Finalement, il choisi de shove, après avoir tank deux bonnes minutes, son temps de réflexion assez long, en plus de mon sizing ont fait que j’ai changé d’idée et finalement j’ai snap fold me disant qu’il était souvent bien au dessus.
C’est clairement une erreur d’avoir 4 bet pour fold. Surtout si gros. Et je ne m’en suis pas remis. A trois left d’un bracelet wsop, il faut absolument un mental de guerrier. Malgré le gain très important qui m’attendait, les vingt minutes qui me séparaient du dinner break ont été les minutes les plus pénibles de ma vie de joueur de poker.
Les blinds et les coups perdus défilaient et je n’arrivais pas du tout à me remettre dans la partie, j’avais conscience que je passais à coté de ma finale et je n’attendais qu’une seule chose, les yeux rivés à la clock:
le dinner break.
Je partis manger avec 900K devant moi, soit une quinzaine de blind et le plus petit tapis.
Nous sommes partis mangés un burger au Rio, je dois avouer que celui là, je ne l’ai pas beaucoup savouré. On a discuté un peu stratégie avec Pierre,Antho et Dimitri. La question était de savoir si j’avais encore la place de 3bet/fold sur l’autre short stack.
Finalement, la question ne s’est pas posée puisque j’ai shove A2 derrière une relance de Brandon Hall et celui-ci m’a sorti en quatrième position avec AK.
J’espère que ce récit vous a plu et je vous souhaite de vivre des instants aussi magiques que celui que j’ai vécu à Las Vegas. Je ne regrette pas ce mauvais coup avec AT, je regrette un peu mon attitude qui a suivi ce coup, car le mental d’un joueur est certainement la chose la plus déterminante pour aller chercher ce genre de performance. Et ce soir là, il m’en a manqué un chouilla.
Ça y est !
Terminé la glande!
L’appel du grind est revenu.
Je remets le bleu de chauffe sur les petits mtt, histoire de recouvrer les automatismes.
Je souhaite bien du courage à tous les académiciens que je vais retrouver aux tables!
Mon new web site: http://www.bobvegas.fr/
GL Tcheco
[quote=« Bobvegas, post:771628 »]Ça y est !
Terminé la glande!
L’appel du grind est revenu.
Je remets le bleu de chauffe sur les petits mtt, histoire de recouvrer les automatismes.
Je souhaite bien du courage à tous les académiciens que je vais retrouver aux tables!
Mon new web site: http://www.bobvegas.fr/[/quote]
c’est bon ça
Hello !
En ce moment on grind les FCOOP, hier c’était pas terrible mais je compte bien rattraper ça!
Ce soir c’est le Speed Down, format très étrange!
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Gl bobvegas.
On attend toujours le premier itm de ces FCOOP
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