Comment les salauds jouent au poker

Comment les salauds jouent au poker

Dans une étude récente, des psychologues ont étudié la manière de jouer au poker des personnalités machiavéliques, ces gens qui n’hésite pas à manipuler et exploiter les autres pour servir leur propre intérêt. Décryptage.

L’étude est récente, publiée en mars 2016, et est intitulée “Machiavelli as a poker mate — A naturalistic behavioural study on strategic deception”. En français, on pourrait la renommer : “Comment les salauds jouent au poker”.

La personnalité machiavélique.

Le machiavélisme constitue avec le narcissisme et la psychopathie la triade noire de la psychologie. La personnalité machiavélique se caractérise par une propension à toujours servir son propre intérêt, quitte à manipuler, tromper, blesser autrui. Les “High Machs”, comme les appellent les psys anglophones, ont une vision cynique de l’humanité, pensent que la fin, (surtout la leur) justifie les moyens, abusent de mensonges et tromperies. (Si cela vous fait penser à plusieurs personnages de GOT, c’est normal.)

Les psychologues divisent le machiavélisme en quatre traits distincts :
Tendance à se méfier des autres. “Si je montre de la faiblesse au travail, les autres pourront en profiter.”
Amoralité. “Je suis prêt à me comporter de manière non éthique si cela sert mes intérêts.”
Désir de contrôle. “J’aime donner des ordres.”
Désir de statut. “Le statut est une mesure de la réussite dans la vie.”

Dans la première étape de l’étude, les 490 participants, tous joueurs de poker en ligne, ont passé le test standard de la personnalité machiavélique, mesurant chacun des quatre traits suscités, grâce à 16 questions. Le test résulte en une note allant de 1 à 7, proportionnelle au machiavélisme du cobaye.

Ceux qui le souhaitent peuvent passer une version française du test.

Machiavélisme et poker.

Pour tester le rapport au bluff, les chercheurs ont créé 4 mains de CG, jouées de manière assez standard, jusqu’à un spot de bluff. Les cobayes devaient indiquer s’ils préféraient check ou bet, et le cas échéant, à quel montant.

Main 1 
Main 2 
Main 3 
Main 4

Ceux avec un plus haut désir de contrôle avaient une plus grande fréquence de bluff que la moyenne, mais globalement les machiavéliques ne bluffaient statistiquement pas plus souvent que les autres. En revanche, l’ensemble des machiavéliques avait des montants de bluff plus élevés que les autres, et tout particulièrement ceux ayant une tendance à se méfier d’autrui.

 

 

Fréquence de bluff

Montant des bluffs

Ensemble des machiavéliques

Pas statistiquement + élevée

  • élevé

Désir de contrôle

  • élevée

Pas statistiquement + élevé

Méfiance envers autrui

Pas statistiquement + élevée

  • élevé

Amoralité

Pas statistiquement + élevée

Pas statistiquement + élevé

Désir de statut

Pas statistiquement + élevée

Pas statistiquement + élevé

Dans un deuxième temps, les chercheurs se sont intéressés à la sensibilité à se faire slow-play. Pour cela, ils ont tout simplement posé trois questions aux participants, qui devaient y répondre par une échelle de 1 à 7.
1. Si je me fais slow-play et que je perds, j’ai l’impression que mon adverse joue “dirty”.
2. Si je me fais slow-play et que je perds, je me sens en colère.
3. Si je me fais slow-play et que je perds, je me sens manipulé.

Contrairement à l’image du calculateur à sang froid qui peut venir à l’esprit quand on songe aux machiavéliques, la corrélation entre machiavélisme et sensibilité à se faire slow-play était positive. En particulier chez ceux ayant une haute méfiance envers autrui et une haute amoralité. En conclusion, un salaud, pardon, une personne machiavélique, a des montants de bluffs élevés, bluffe plus souvent si et seulement si elle a un haut désir de contrôle et a des tendances à tilter quand elle se fait slowplayer.

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