Payer au flop: avez vous une raison?

Payer au flop: avez vous une raison?

En Hold'em 6 max, beaucoup de mains se décident "à l'arrachée": le joueur qui a l'initiative gagne le coup. De fait, la plupart du temps, toutes les mains en présence ratent le flop. C'est alors à l'attaquant que revient le pot, car il représente une main initiale forte.

Les joueurs de 6 max se sont habitués à cet état de fait, et payent souvent au flop sans trop réfléchir, avec des mains ne le justifiant pas toujours. De fait, beaucoup d'argent est dépensé en payant inutilement au flop. L'article ci-dessous cherche à vous éviter ce désagrément, en faisant la liste des raisons légitimes pour payer.

Pensez à cette liste à chaque fois que votre décision est incertaine. Si votre main ne correspond a aucune des catégories ci-dessous, passez !

I. Payer gagnant.

C'est un cas simple. Vous pensez que votre main a la gagne, mais décidez de ne pas relancer au flop pour une variété de raisons (embuscade, volonté d'éliminer des joueurs à la quatrième, volonté de rester passif au fil du coup etc...).

II. Payer pour la cote

- Payer en espérant une carte gratuite

Vous pensez ne pas avoir la gagne, mais vous avez la cote pour payer. La encore, c’est un cas simple avec quelques pièges cependant. Avec des overcards, vous n'avez souvent pas la cote que vous espérez !

Exemple: Vous avez KQo au petit blind, en tête-à-tête avec un relanceur en première position. C'est un joueur serré, et vous ne partez pas gagnant. Au flop, vous checkez et il mise. Il y a 5.5 petites mises dans le pot. Vous jouez six cartes sur les 47 restantes (cote de 1-contre-7 environ). Si votre plan est de payer en espérant toucher votre carte, et abandonner en cas d'échec, il ne faut pas payer au flop! Vous auriez la cote si le coup était joué « fond », mais pas si votre adversaire mise à la quatrième. Ajoutez à cela que vous jouez parfois moins que 6 cartes, et le pass devient facile.

Deux sous cas importants:
  • Payer en espérant une carte gratuite.

Si votre adversaire est passif, et vous donne souvent des cartes gratuites à la quatrième, vous pouvez payer sans avoir la cote au flop, simplement parce que votre adversaire va souvent justifier votre call à posteriori en vous donnant un tirage gratuit.

  • Payer en espérant se créer la cote.

C'est un autre cas particulier. La table est "loose", et vous pensez que votre call va engendrer d"autres call, créant une cote correcte à posteriori.

Exemple : avant le flop, le MP paye, le bouton paye, le SB relance, et vous défendez le blind avec J♠9♠.
Le flop est KQ2, et le SB mise. Il y a 9 petites mises dans le pot, et vous jouez 4 cartes sur 47, soit une cote de presque 11-contre-1. Vous n’avez techniquement pas la cote pour payer, mais votre call peut pousser les deux joueurs suivants à payer.

III. Payer pour bluffer, ou semi-bluffer plus tard dans le coup

Vous vous savez perdant, mais votre adversaire est capable de coucher des mains qui ont raté à la quatrième. Il est également assez agressif, et il est probable qu'il mise à la quatrième, même avec une main faible. Dans ce cas, il est souvent profitable de payer au flop, avec l'intention de bluffer ou semi-bluffer la quatrième ou la cinquième.

IV. Payer pour une combinaison de facteurs ci-dessus.

Exemple: vous jouez contre un joueur serre et modérément agressif, que vous avez déjà vu checker la quatrième en attaque. Vous êtes en tête-à-tête, et avez défendu 7♠6♠ au gros blind.

Le flop est 9♥3♦2♠. Vous checkez et votre adversaire mise. Il y a 5.5 petites mises dans le pot. Vous jouez peut-être 6 cartes si votre adversaire a une main sans paire, et vous avez également trois cartes à la couleur. Vous n'avez pas la cote pour payer, car votre adversaire peut avoir une grosse paire. Pourtant, contre un adversaire un peu frileux, vous pouvez tenter le coup. En effet, si ce joueur est capable de checker une main comme KQ à la quatrième, votre cote devient suffisante. De plus, si il est capable de coucher une main comme AT après avoir un check-raise à la quatrième, votre situation est encore meilleure. Vous pouvez payer ici car :

  • Le pire n’est pas certain, il est possible que vos 6 cartes faisant paires suffisent à gagner.
  • Vous aurez peut-être deux chances de tirer ces 6 cartes, si votre adversaire checke à la quatrième.
  • Vous pouvez décider de semi-bluffer si un pique ou un 8 sort à la quatrième.
  • Vous aurez peut-être une carte gratuite pour compléter un backdoor couleur ou quinte à la quatrième.

En résumé, vous n’avez aucune idée encore de comment va se passer ce coup. Vous n’avez pas une cote suffisante, et les chances d’obtenir une carte gratuite ne suffisent pas à elle seules à justifier un call, et les perspectives de bluff sec ne semblent pas non plus suffire. Mais toutes ces chances additionnées vous permettent « d’extraire » un call de la situation, selon le profil exact de votre adversaire.

Conclusion.

Le flop ne coûte qu’une petite mise, et c’est pourtant le moment de la main ou beaucoup de joueurs, même expérimentés, perdent le plus d’argent. Le call au flop n’est pas innocent, et il vous faut avoir une bonne raison le motivant.

Outre l’économie directe réalisée, en employant cette technique, vous allez réduire le nombre de calls aux mains valables que vous détenez. Vos adversaires vont s’apercevoir de cela, et vous donner de plus en plus de cartes gratuites à la quatrième, par peur d’une relance.

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