- 28 mai 2007
- Eloi
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Quel est le meilleur coup au poker ? Aux échecs ou au backgammon, une analyse approfondie de la position nous donnera une réponse très fiable. Au poker, le problème est bien plus complexe et la réponse à une situation pourrait être de la forme suivante: 60% relance, 35% payé et 5% passe.
Les implications de cette réponse sont plutôt surprenantes…
Le meilleur coup n'existe pas!Une première remarque: le meilleur coup n'existe pas! Bien sûr il y a l'action qui maximise notre espérance de gain, en l'occurrence la relance. Alors pourquoi en profiter uniquement dans 60% des cas et non pas dans 100% des cas? Tout simplement pour ne pas devenir prévisible et dévaloriser le mystère qui plane autour de la valeur de notre relance.
Un exemple tout simple, un joueur qui essaie toujours de bluffer après la river sera payé voire relancé très souvent. En revanche un joueur "serrure" sera bien plus respecté et, par ses relances, poussera ses adversaires à jeter des jeux moyens. Donc le bluff ne prend son sens que lorsqu'il est utilisé en faible quantité. Le principe est un peu de "discipliner " nos adversaires. Si, à chaque fois qu'ils paient pour voir notre jeu, ils découvrent une main forte, les adversaires finiront par ne plus payer. Nous commencerons alors à bluffer… C'est un cercle sans fin d'adaptation mutuelle et d'observation constante entre les joueurs de la table. Attention: n'oublions pas que le jeu solide reste la base et consiste donc à effectuer l'action qui maximise l'espérance de gain (dans notre exemple initial: la relance) sans tenir compte de l'adaptation.
L'adaptation est une des clés du jeu.L'adaptation est une des clés du jeu. Au poker, vous devez avoir une opinion sur tous les joueurs, c'est la base. Vous devez reconnaître les serrures, les flambeurs, les pros et les clients et savoir comment maximiser les gains contre les profils typiques. Ensuite, arrive une réflexion de second niveau pour optimiser nos décisions: nous devons imaginer ce que nos adversaires pensent de nous. Si un joueurs nous paye tout le temps (alors qu'il joue solide contre le reste de la table), il ne nous respecte pas et nous considère comme un flambeur. Profitons en, ne le bluffons pas mais descendons la hauteur moyenne de notre value bet contre lui…
C'est un sujet presque sans limite puisque nous pouvons ensuite imaginer une anticipation à plusieurs niveaux de profondeurs. Mais dès que vous ferez des analyses qui commencent par : "il sait que je pense qu'il peut bluffer ce coup donc… ", alors vous ferez partie des meilleurs joueurs du monde.