- 04 décembre 2012
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Le SPR décrit principalement la relation entre la taille du pot et la hauteur du tapis effectif. Calculer le SPR peut s’avérer particulièrement utile, car dans une même situation, une variation des profondeurs de tapis peut conduire à des stratégies radicalement différentes.
Le concept de Stack-to-Pot Ratio a été introduit par Flynn, Mehta et Miller dans leur ouvrage Professional No-Limit Hold’em, volume 1. Le SPR décrit principalement la relation entre la taille du pot et la hauteur du tapis effectif. Calculer ce SPR peut s’avérer particulièrement utile, car dans une même situation, une variation des profondeurs de tapis peut conduire à des stratégies radicalement différentes. Dans cet article, nous allons définir précisément ce ratio, et ensuite illustrer de quelles façons le SPR peut influencer la stratégie de jeu. Sharp a réalisé une excellente video sur le Stack to Pot Ratio, a voir absolument avant ou après la lecture complète de cet article.
I. Définition
Le Stack-to-Pot Ratio correspond au rapport entre la taille des tapis effectifs et la taille du pot. Prenons un exemple classique : vous jouez un heads-up avec un tapis de 100 BB, face à un joueur qui dispose de 200 BB. Vous relancez 3 BB pré-flop, et êtes suivi par votre adversaire. Au flop, le pot contient 6 BB. Vous disposez du plus petit tapis avec 97 BB restants (vos 100 BB de départ, auxquels se retranche votre relance pré-flop de 3 BB). De ce fait, le SPR est égal à 97 divisé par 6, soit environ 16. Ce SPR est élevé, c’est ce que nous allons voir par la suite. Si votre adversaire avait sur-relancé pré-flop à 10 BB, et que vous aviez suivi, le pot aurait fait 20 BB au flop, avec des tapis effectifs de 90 BB, soit un SPR de 4.5 (un SPR faible, voir paragraphe suivant).
II. SPR et stratégie de jeu
a. Terminologie : les différents niveaux de SPR
Dans cet article, nous utiliserons la terminologie de l’ouvrage de Jeff Hwang’s, Advanced Pot-Limit-Omaha Volume 1. Un SPR inférieur à 1 est considéré comme extrêmement faible. Entre 1 et 4, nous entrons dans la zone des SPR faibles. La zone entre 4 et 13 correspond aux SPR moyens. Au-dessus de 13, les SPR sont élevés.
b. L’impact du SPR sur les décisions
Tout d’abord, plus le SPR est élevé, plus votre main doit être robuste pour vous permettre de partir à tapis. Afin de mieux comprendre cette assertion, étudions deux situations. Dans ce premier exemple, le SPR au flop est égal à 1. Supposons que votre adversaire décide de miser l’ensemble de son tapis. Vous disposez alors de cotes de 2:1 (2-contre-1) sur votre argent, c’est-à-dire de très bonnes cotes pour call. Mais ce n’est pas tout, votre adversaire peut tout à fait détenir un range très large ici, car en plus de ses meilleures mains, il peut être tenté de bluffer/semi-bluffer assez souvent (en effet, un bluff lui offre des cotes de 1:1). Vous affrontez donc fréquemment un range assez faible dans ce spot, tout en jouissant de cotes du pot très alléchantes. Etudions un second exemple opposé avec un SPR de 10. Dans cette situation, lorsque ce même joueur décide d’engager tous ses jetons, vous pouvez considérer que son range est extrêmement fort. De plus, vos cotes du pot sont maintenant de seulement 11-contre-10.
Afin d’illustrer l’impact du SPR, étudions les lignes de jeu avec des mains de force moyenne à bonne et plusieurs profondeurs de tapis. Vous jouez une partie de No-Limit Hold’em. Vous avez AT en main sur un flop T92 offrant un tirage couleur. Considérons que le pot contienne 100€, et que les tapis effectifs fassent également 100€, le SPR est alors extrêmement faible et égal à 1. Votre adversaire part à tapis, vous avez ici un call trivial face à la plupart des joueurs standards.
Reprenons la même situation, mais maintenant les tapis effectifs sont de 7 500€, et votre adversaire check/raise à 400€ votre mise de 100€. La décision devient bien moins évidente : le SPR au flop est égal à 15, et la ligne de jeu de votre opposant laisse à penser qu’il est prêt à engager l’intégralité de ses jetons. Suivant les joueurs, les ranges peuvent être très variés dans ce type de spot. Néanmoins, la majorité des adversaires décents ne risqueront pas leurs tapis avec moins qu’une main faite supérieure à la votre, ou un tirage robuste qui jouit d’une équité correcte face à votre main. Subitement, votre bonne main (sans être exceptionnelle puisque vous avez top pair top kicker) devient délicate à jouer, alors que le call était évident dans l’exemple précédent. Face à des joueurs compétents, votre décision s’orientera vers un solide fold.
Un exemple équivalent en PLO1 serait une double paire maximum sur un flop riche en tirages. Avec un SPR de 4, la double paire maximum sur un flop K87 offrant un tirage couleur justifie aisément une sur-relance calibrée à hauteur du pot engageant la totalité de vos jetons. A contrario, avec un SPR plus élevé, une sur-relance à hauteur du pot vous exposerait à une nouvelle relance, ce qui serait passablement catastrophique pour vous : en effet, la plupart des joueurs décents ne vous relanceront qu’avec des mains faites supérieures à la votre, un très gros tirage, ou une combinaison des deux. Face à ce range, notre double paire fait généralement bien pale figure.
III. Les points clés à retenir
- 1. Quel que soit le tour d’enchère, le SPR est égal au tapis effectif divisé par la taille du pot.
- 2. Plus le SPR augmente, plus votre range de « stack-off » (c’est-à-dire, l’éventail de mains avec lequel vous êtes prêt à engager l’ensemble de vos jetons) se réduit.
- 3. Les situations offrant un SPR élevé sont généralement bien plus délicates à jouer.
Traduit de l'anglais par TicEtTac