Comment progresser au poker : jouer ou étudier ?

Comment progresser au poker : jouer ou étudier ?

Faut-il privilégier le jeu ou l'étude du poker ? A quel point peut-on progresser en ne faisant que jouer ? Et vous, devriez-vous plus jouer ou plus travailler le poker ?

 

Savoir et apprentissage au poker

Le savoir du chauffeur

apprendre poker travailler jeuEn 1918, le prix Nobel de physique Max Planck partit en tournée de conférences avec un chauffeur qui, à force d’assister à chaque exposé, finit par connaître le texte par coeur. Il proposa alors à Planck d’inverser les rôles. A la fin de la séance, un scientifique du public posa une question à laquelle l'imposteur n’avait évidemment pas de réponse. Il répliqua alors “je ne pensais pas qu’on me poserait une question aussi facile, je vais laisser mon chauffeur vous répondre”.

Cette anecdote (véridique !) montre ce qu’est le savoir véritable : il ne faut pas seulement connaître la véridicité d’une proposition, il faut également pouvoir l’expliquer.

Par exemple, si vous dites à un débutant qu’il faut fold A7o UTG en cash-game full-ring, il serait abusif de dire qu’il sait que c’est le meilleur coup. Il vous croit car il vous fait confiance, mais comme il ne peut expliquer que la probabilité qu’un des 9 adversaires ait une meilleure main est forte, qu’il risque de se retrouver OOP post-flop, etc, on peut pas parler de savoir véritable.

Les 4 étapes de l’apprentissage

travailler son jeu au poker1. L’incompétence inconsciente : je ne sais pas que je ne sais pas.
2. L’incompétence consciente : je sais que je ne sais pas. .
3. La compétence consciente : je sais que je sais.
4. La compétence inconsciente : je ne sais pas que je sais.

Quand on découvre une nouvelle activité comme le poker, on est d’abord inconscient de notre ignorance. Par exemple, on joue A7o UTG sans être au courant de l’importance de la position.
Ensuite, en progressant, on découvre des concepts qu’il nous faudra travailler. “J’ai A7o UTG, ça a l’air cool, mais je sais qu’il y a une histoire de position, bon, je fais quoi ?”
Plus tard, en commençant à maîtriser les concepts dont on ignorait autrefois l’existence, nous devenons compétent, mais cela nous demande encore une réflexion consciente. “J’ai A7o, mais je suis UTG, ce n’est pas une main suffisamment forte, je me couche”
Enfin, avec l’expérience, nous n’avons même plus besoin de réfléchir : on reçoit A7o UTG, on se couche instantanément sans même y penser.

C’est donc vers la compétence inconsciente qu’il faut tendre, au poker comme dans les autres activités que l’on veut maîtriser.
Mais pour y parvenir, mieux vaut-il jouer ou s’entraîner ?

 

Jouer au poker ou apprendre le poker ?

Le poker est un jeu trop complexe pour le maîtriser seul

La théorie du poker s’enrichit de jour en jour, et si un génie prédisposé pour le jeu devait se baser uniquement sur son expérience, il mettrait des années à parvenir au niveau de compréhension du Super System de Brunson, écrit en 1979...
Il est illusoire de penser qu’on puisse faire fi de l’apport des joueurs passés et présents.

Il ne suffit pas d’être un bon joueur de poker, il faut bien jouer

Le poker tient plus du sport que de la science. L’envie de gagner, la forme, la concentration, le contrôle de ses émotions, et tant d’autres qualités ne s’apprennent pas dans les livres, il faut les vivre. On a tous connu dans notre scolarité des élèves bosseurs qui comprenaient le cours, mais s’écroulaient aux examens, à cause du stress ou de la fatigue. Ce qui est mauvais pour les études est catastrophique au poker. Si un bosseur étudiait tous les livres de poker avant de jouer sa première main, il y a fort à parier qu’il tilterait dès sa première session, ou à tout le moins qu’il soit submergé par ses émotions et montre un niveau de jeu en deçà de ses réponses aux quizz qu’il résolvait sans pression.

Mémoire et émotions

Où étiez-vous le 11 septembre 2001 ? Comment avez-vous appris la nouvelle ? Avec qui étiez-vous ? Si vous êtes suffisamment âgé, vous n’aurez pas de mal à répondre à ces questions. En revanche, il est probable que vous ne vous rappelez plus ce que vous avez fait il y a 2 mois jour pour jour.

Mémoire et émotions sont intimement liées et on se souviendra toujours mieux de quelque chose qui nous a ému, en bien ou en mal, que de quelque chose qui nous a laissé indifférent. Et c’est un avantage du jeu sur le travail : celui qui étudie un coup avec gros overbet river en bluff risque de l’oublier assez vite ; à l’inverse, celui qui bluffe un gros overbet river et gagne un gros pot s’en souviendra sûrement pendant longtemps !

Etre result-oriented et la chance dans l’apprentissage

Dans les bons cours, les auteurs sont censés ne jamais être result-oriented : ils vous montrent le meilleur move, qu’il soit au final perdant ou gagnant. Quand on ne fait que jouer, il est plus facile d’être result-oriented et d’adopter de mauvaises croyances. Imaginons qu’un joueur vienne de découvrir le 4-bet light et que dans tous ses premiers essais, bien que les spots soient bons, cela se passe mal. Il est possible qu’il n’ose plus jamais 4-bet light !

C’est pourquoi on peut parler de chance dans l’apprentissage : quand on joue un mauvais coup mais qu’il marche, ou qu’on joue un bon coup mais qu’il ne marche pas, il est facile de se mettre à croire des faussetés.

Travail et jeu sont donc nécessaires et complémentaires. Le facteur plaisir est primordial dans la progression. Certains prennent le poker pour un divertissement, sont contents de mal jouer et ne cherchent pas à progresser. D'autres adorent découvrir des nouveaux concepts, améliorer leur compréhension du jeu mais redoutent le stress des tables. L'idéal est évidemment d'aimer à la fois étudier et jouer, on n'a alors pas de mal à alterner en fonction de nos besoins.

Et vous, devriez-vous plus jouer ou vous entraîner ? Et prenez-vous autant de plaisir à jouer qu’à étudier le poker ?

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