Psychologie au poker : Comment gérer face aux pertes

Psychologie au poker : Comment gérer face aux pertes

Gaspown a terminé deuxième du concours d'articles du mois de mars. Il s'intéresse à une notion indispensable au grind sur le long terme : Comment gérer ses pertes. Tout joueur connait un jour une période de creux, appelé généralement downswing. Apprenez à maîtriser ses passages compliquées mentalement grâce à cet article.


Que faire lorsque votre mental vous lâche face aux pertes ?

On ne peut être un grand joueur si on ne peut gérer au mieux ses pertes. Tout joueur perd plus qu'à l'habitude quand ça ne va pas, il se plaint de la malchance alors qu'une grande part vient de lui-même.
Au poker on doit s'attendre à ce que ça aille mal de temps en temps. Pourtant quasiment personne ne gère ses pertes parfaitement : là est le vrai test.
Alors que faire face aux pertes ? Garder son intégrité quand on gagne c'est simple mais lorsqu'on est submergé par les pertes, le caractère et la confiance jouent un rôle important. C'est là que même les meilleurs échouent à maintenir une BRM stricte, voire go broke.
Le secret n'en est pas un : jouer son A-game tout le temps ! Facile à comprendre mais autrement plus compliqué à suivre surtout dans les mauvaises passes (1). Les éléments psychologiques sont aussi négligés et les résoudre requiert une démarche de remise en question plus large que le simple univers du poker (2).
 

La gestion du mental face aux pertes

On observe deux types de pertes : Les sessions déficitaires et le manque de chance (bad run bad beat, tout ce que vous voudrez).
Le premier type fait perdre l'envie de jouer son A-game parce que quelque chose ne va pas il faut changer son jeu. Faux, la frustration l'emporte et on fini par mal jouer, parfois plus mal que ses adversaires (le fish maniaque et Luck box qui rend fou). La décision de vouloir jouer parfaitement doit l'emporter parce qu'à la fin ce qui fait les gains sont les décisions EV+ moins les décisions EV-, l'aléa est juste le dos d'âne et le nid de poule sur la l'autoroute EV+ qui mène vers la gagne.
La malchance est probablement pire, tout le monde la connait. Elle engendre la panique, on joue plus mal parce qu'on a besoin de gagner pour la contrer. Encore une fois on s'éloigne de la bonne route : gagner n'est pas important, prendre de bonnes décisions l'est ; Mains après mains, sessions après sessions ! C'est ça le job non ? C'est pour ça qu'on est tous ici sur Poker Académie.

Gagner est juste le résultat éventuel qu'entraine la prise d'une bonne décision.
Aussi une session est une session, une limite artificielle dans votre temps de jeu et peu importe la gagne puisqu'au bout du compte ça ne change rien aux gains dans la durée (je vous renvoie là vers les articles sur la gestion de bankroll). Si l'on s'arrête à une session alors les conséquences peuvent être grave au point de se dire "un peu plus de perte qu'est-ce que c'est au point où j'en suis". Quand en fait chaque main est un nouveau jeu avec différents paramètres.
Il en va de même avec la chance ou la poisse qui nous suit dans l'ombre. On ne peut pas logiquement savoir de quel coté on va pencher à chaque nouvelle main, c'est un nouveau jeu où la chance n'a pas sa place dans le processus décisionnel.

Nous négligeons presque toujours notre état d'esprit simplement parce qu'il est plus simple de jouer son A-game que de se rendre compte de ce qui trotte en silence dans notre tête. Si malgré tout vos efforts pour suivre la ligne de conduite ci-dessus rien ne va plus prenez ce break : pas de review pour le moment, il faut s'en remettre.

 

La gestion de la psychologie face aux pertes

Quel est le but du metagame que l'on s'efforce de mettre en place tout au long de notre partie? En tirer avantage au moment voulu pour donner le coup de grâce lorsque l'adversaire tombe dans le piège. Un piège ni plus ni moins. Notre cerveau est le plus grand piège au poker alors il faut en faire le tour pour comprendre d'où vient le leak et le boucher. Ça doit prendre du temps, et je ne parle pas de quelques heures. Parce que quand la chance revient on oublie ce leak et pourtant il est toujours là prêt à nous achever au prochain badrun !
Sur la psychologie il y a deux points à aborder : l'un proche du poker, c'est notre mental pokeristique face au metagame et l'autre plus éloigné, c'est presque notre inconscient, le mental social !
Le premier je revient peu dessus c'est lié à notre première partie, de plus on pourra facilement trouver tout un tas d'articles. Je pars loin mais c'est important parce que si l'on travaille ce second point il s'avère souvent plus efficace à résoudre nos leaks.

Rien ne vient modifier la force des cartes à part votre tête et c'est là que vos adversaires comprendront votre état d'esprit - le tilt, le manque de confiance - et en profiteront pour jouer mieux que vous. Ressaisissez vous : jouez plus tight, bluffez moins, soyez prudent à chaque décision de miser, suivez votre A-game et pas de fantaisie ; Surtout pas si vous croyez que le sort s'acharne contre vous.
Faire le point au milieu d'une session est toujours bon. Rappelez vous d'où vous venez et où vous êtes. Techniquement vous n'avez rien perdu de trop, vous êtes au pire 'even'. L'argent investit doit être de l'argent que 'vous pouvez vous permettre de perdre.
Si vous êtes trop en manque de chance contentez vous d'une petite gagne et prenez un break, jouez à une limite inférieure, remettez vous en question et ajustez votre jeu si besoin ou continuez et gardez la foi dans votre jeu.

Le mental social nécessite de prendre du recul d'occulter le poker pour un instant et de faire le tour de ce qui se passe dans sa vie, les événements extérieurs insoupçonnés mais qui sont bel et bien là quelque part. Ceci est surtout vrai pour les joueurs pro et les geek (rien de péjoratif) du online. Parce que qui dit online dit solitude face à l'écran, hors Aristote nous l'a dit : "l'homme est un animal politique". Sans aller trop dans la philo qu'est-ce que ça veut dire ?
La fin de l'homme est parmi les hommes, c'est un moyen du bonheur et de la liberté. Où je veux en venir ? Simplement vous obliger à faire le tour de votre univers social. Ai-je une copine ? Combien de fois cette semaine ai-je partagé mes pensées (autre que du poker) avec d'autres ? Est-ce que je m'amuse autant à jouer au poker qu'il y a un mois ? J’en passe…
Il nous faut calculer les influences de tout ça sur notre état d'esprit.
Exemple très simple : si je suis amoureux je me sens mieux sans pour autant savoir mesurer comment cela impact effectivement mon état d'esprit. Ou pour rester dans le poker, définir à quel point la gagne d'hier soir impact mon état d'esprit - ici tous diront "j'ai gagné en confiance". Pour finir heureusement il y a Poker Académie, trouvez à quel point votre communauté pokeristique apporte à votre état d'esprit ?
Gardez à l’esprit que le plus important dans cet exercice n'est pas de trouver une réponse claire, vous ne pouvez pas parce que vous ne saurez pas être objectif dans votre jugement. Il s'agit de trouver le meilleur chemin vers une réponse. Savoir se poser les bonnes questions parce que si on sait se poser les questions pour se trouver on sait comment on fonctionne, alors on peut ajuster notre état d'esprit pour et dans une partie où tout semble nous échapper.

 

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