Poker et psychologie : Le mental des champions

Poker et psychologie : Le mental des champions

Nous continuons la diffusion des articles qui ont été récompensés pour le concours du mois de mai. Cette fois-ci le coach Legarrec30, qui a terminé 2ème de cette édition, nous parle de l'importance du mental au poker et comment s'inspirer de celui des grands champions sportifs pour améliorer nos résultats.

 

"Le talent gagne les matches, mais le mental gagne les championnats" : Mickaël Jordan
"La partie essentielle du tennis est l'aspect mental" : Boris Becker


Introduction

mental pokerL'aspect mental du poker fait partie intégrante du processus d'entrainement et de compétition. 99% des joueurs professionnels de poker s'accordent à penser que le facteur mental est la clé finale pour accéder à la performance. Les écuries professionnelles recrutent des coachs sportifs et mentaux, au sein de leur groupe, et les blogs de joueurs pro du poker sont de plus en plus "mental-oriented"

Je suis convaincu que la notion mentale est très peu appréhendée par beaucoup de joueurs qui n'en perçoivent que la partie immergée de l'iceberg.
Je vous propose donc ce mois-ci, un article qui est une synthèse sous forme de check list des travaux et d'ouvrages récents :

- "Le mental des Champions", Hubert Ripoli: Ce dernier est le fondateur du premier laboratoire français de psychologie cognitive appliquée au sport, il a travaillé avec de nombreux champions olympiques.
- "L'entrainement mental du sportif" Hervé Le Deuff: Celui-ci a encadré et proposé à des sportifs de haut niveau des techniques permettant aux compétiteurs de se fixer, et d'atteindre leurs objectifs; tout en améliorant et renforçant leur qualité mentales.

Je laisse le soin à chacun de faire les analogies qu'il jugera pertinente avec la discipline pokeristique et ses propres ambitions. Je n'ai délibérément proposé aucune conclusion à cette article, afin de laisser à chaque lecteur le soin de la faire personnellement.

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Des machines de travail

mental pokerLe sentiment du travail bien fait.

Ce sentiment a été également souvent présenté lors des interviews de sportif de haut niveau comme une source de satisfaction.
En effet, ces champions sont avant tout d’infatigables travailleurs, obsédés par la perfection, soucieux de ne rien laisser au hasard, et qui tirent plaisir du "travail bien fait". On évoque trop souvent, le don et l'on passe généralement sous silence le caractère ascétique de la pratique des champions.

"J'ai tout de suite 
pris conscience que pour y arriver il faillait travailler, on a dit dit "Guerlain est talentueux", je le pense aussi mais je travaille dur comme peu d'autres et toujours le double. L'entrainement fini, j'en remet encore, ne jamais arrêter. Ma réussite est l'aboutissement logique d'un gros travail Guerlain Chicherit/ 5 fois champion du monde de ski freeride.


" Ma mère m'a toujours dit que si l'on poursuit un projet en faisant le maximum, voire deux cents pour cent de ce qui est nécessaire, peu importe le résultat, on en tire toujours une satisfaction" Laura Flessel

" Avoir le sentiment d'avoir tout donné a toujours été important. Même si la défaite était dure, je me disais "J'ai tout donné, OK. Le mec était meilleur, comment vais-je le battre la prochaine fois? Qu'est-ce que j'aurais pu faire de mieux? J'ai tout essayé, j'ai tout donné, j'ai fais le max avec mes capacités." C'était ça l'essentiel. Avoir le sentiment d'exploiter toutes ses qualités, c'est ça qui est important. On ne sait pas où ça va nous mener, mais ça t'enlève toute pression, c'est toi vis-à-vis de toi." Et puis on apprend à chaque défaite" Thierry Tulasne- ancien numéro 10 de tennis/ entraineur de l'Equipe de France en 2001 qui remporta la Coupe Davis

"Aller de l'avant, s’entraîner pour progresser, ça a été mon moteur. Si l'on donne le meilleur de soi-même, il n'y a pas de honte à avoir perdu. L'important est de pouvoir se dire" J'ai donné le meilleur de moi-même donc pas de regret" A. Boghossian


La fixation des buts

mental pokerOn néglige souvent, lorsqu'on évoque le maintien de la motivation, l'importance et la fixation des buts.

En effet, le sportif évalue les conséquences de son action en la référant aux buts qu'il s'est fixés. Si le but n'est pas réalisé, il s'ensuivra forcément un sentiment dévalorisant en cas d'échec. Inversement, les sportifs qui ne se fixent pas d’objectifs suffisamment élevés ne se préparent pas au mieux à affronter la difficulté, et risque d'abandonner, dès que celle-ci devient trop importante. Ainsi la fixation des buts est une technique très efficace pour améliorer le mental, et il est important que les sportifs sachent formuler ceux-ci de manière optimale c'est-à-dire réaliste, en privilégiant les buts de maîtrise : progresser afin de donner le meilleur de soi-même, plutôt que des buts de performance, même si ces deux aspirations doivent être présentes.


 

Affronter et gérer l'échec

mental poker"Ce n'est pas dans les situations confortables mais dans les situations difficiles que je bâtis mes grandes victoires. Regarde le jeu, j'aurais pu être défoncé par tant d'injustice*, j'aurais pu m'en prendre à l'arbitrage. Non, j'ai d'abord dit: j'aurai dû le mettre KO" Pascal Gentil
*Les observateurs de ce match furent unanimes à admettre que Pascal Gentil a été volé de la victoire qui lui aurait ouvert les portes de la Finale.

Il s'agit d'une véritable stratégie de "faire face", que les Anglo-Saxons appellent le "coping".
Certains, comme Laura Flessel ont appris très tôt à utiliser cette stratégie. Lorsqu'on lui demande quelle est sa plus belle victoire, elle évoque ... sa première défaite:
"Le maître d'armes de Petit Bourg nous inculquait la gestion de la défaite avant celle de la victoire. J'ai rapidement fait une première compétition où j'ai terminé 4ème. Voire récompensées les trois premières, et rester au bas du podium a été une réelle frustration. Mon entraîneur m'a alors dit " Si tu veux gagner, tu dois m'écouter, et travailler très dur". Aussi, c'est bel et bien cette défaite qui à été constructive pour ma carrière d'escrimeuse".


 

Des images mentales plein la tête

mental pokerIl n'est pas exagéré de dire que les sportifs ont des images mentales plein la tête, des images de mouvement, des images d'environnement, des images de victoire. L'image est en quelques sorte le principal outil sur lequel repose la construction des victoires, leur motivation au quotidien dans leur programme d'entrainement.

- Imagerie Mentale : Mythe ou réalité?

Les images mentales, commencent dès l'Antiquité à intéresser les philosophes mais leur étude ne prend une dimension scientifique qu'au 19ème siècle, chez les premiers chercheurs qui s'intéressent aux fonctions mentales. La démonstration du fonctionnement nerveux associé à l'imagerie mentale ne fut fournie que très récemment, dans les années 90, grâce aux techniques d'imagerie cérébrale. Celles-ci ont démontré que certaines zones du cortex, activées pendant la représentation mentale d'une action, correspondent bien aux territoires corticaux activés pendant l'action réelle.

Ainsi, l'efficacité de l'imagerie mentale, tient au fait qu'elle met en oeuvre " un entrainement à vide.." mais la tête pleine. Ceci, les entraîneurs et les sportifs l'ont compris depuis longtemps et bon nombre d'entre eux utilisent l'imagerie mentale de manière systématique.

L'Imagerie Mentale est utiliser comme technique de visualisation afin d'ancrer des gestes, ou de mémoriser certains schémas. Elle est utilisée également pour se mettre dans un état de confiance, et optimiser son état d'esprit pendant les entraînements et lors des compétitions.


Concentration pour être seul dans sa bulle

mental pokerIl est particulièrement intéressant de constater que tous les champions interviewés, quel que soit le sport pratiqué, évoquent cette notion de bulle qui caractérise l'état mental dans lequel ils se mettent au moment d'entrer en scène. Il s'agit d'un état favorable à la mise en jeu d'une attention sans faille. Ces pratiques se sont construites par un travail mental.

La dernière particularité des champions concerne leur capacité à maintenir un niveau d'attention optimal tout au long de la compétition, on le voit bien lorsqu'un sportif "explose" littéralement par faute de concentration. Il dit qu'il était ailleurs, débordé par les coups, la balle, l'adversaire; tout ici est affaire de concentration et d'attention. On croit en effet à tort qu'il faut être concentré et attentif tout le temps. Rien, n'est plus faux, car ceci est tout simplement impossible. En effet, les activités sportives ont ceci de particulier qu'elles saturent rapidement les capacités de concentration tant elles sont complexes. Ainsi, il faut faire attention aux moments les plus importants, et relâcher son attention le reste du temps. Ceci est un art, mais un art qui s'apprend.


La pression comme booster

mental pokerLoin de les bloquer, comme le sportif moyen, le stress dope les champions. Ils le perçoivent comme un agent décuplant leurs forces mentales, et ils ressentent la pression comme le véritable booster de l'action. Comme le disent certains d'entre eux, le stress exacerbe les sensations:

"Si on à pas de stress, on a pas cette niaque, cette peur qui augmente la concentration. Cette pression qui monte fait qu'il y a du stress et que l'on arrive à se concentrer " A Boghossian

La plupart de ces champions, ont déjà été perturbés par le stress et ont dû apprivoiser ce stress.


-Les mécanismes du Stress

Le stress résulte généralement d'un déséquilibre entre un objectif et la capacité à le réaliser. Tout non alignement de la demande aux possibilités réelles, toute dissonance, est source de stress et provoque l'anxiété. Qu'entend-on par demande? Il s'agit des objectifs de victoire, et le stress guette si ceux-ci sont surévalués. Cette demande est déterminée soit par l'individu lui-même, soit par l'environnement social, plus généralement par une combinaison des deux.

L'autre source de stress est le surinvestissement que l'on porte à l'enjeu, en relation avec son égo, et les conséquences de la victoire ou de la défaite, notamment quand on attribue à la victoire une vertu rédemptrice : le renforcement d'une image, l'affirmation du moi profond.

Il existe une relation entre l'activation physiologique du système nerveux central, l'anxiété et la performance. Ainsi, chaque individu a une zone de confort pour laquelle sa performance est maximale, et une baisse de la performance dès que le niveau d'activation sort de cette zone. Les fonctions psychiques notamment la concentration, l'attention, la réactivité aux informations pertinentes, et d'une manière générale toutes les informations impliquées dans le raisonnement et la prise de décision. Il lui convient de connaitre cette zone de confort, d'une part pour y rester, dès que celle-ci est atteinte, et d'autre part pour éviter de passer au-delà, dans la zone rouge, qui conduit à subir les effets dévastateurs du stress.

Cette connaissance est très subtile et ne s'acquiert comme confirme les sportifs de haut niveaux qu'après de très longues années de travail et de tâtonnements.


- Le plaisir du travail bien fait pour canaliser son stress

La plupart de ces champions ont une motivation de progrès, et plusieurs d'entre eux le disent et utilisent curieusement la même image:

S'ils apprécient la cerise de la réussite, ils goûtent tout autant le gâteau de l'entrainement". C'est précisément de cette inclinaison motivationnelle qu'ils tirent leur force et leur sécurité par rapport aux ravages destructeurs du stress. Ils ne sont pas épargnés par la pression, c'est par une gestion saine de celle-ci qu'ils apprennent à l'apprivoiser.

En se sécurisant par un travail acharné, sans aucune faille, car ce sont d'infatigables travailleurs, c'est précisément ce travail qui, au-delà de la source de progrès qu'il entraîne, est source de sécurité.

En d'autres termes, la résistance au stress passe par des techniques de renforcement de la confiance que ces champions développent par un travail opiniâtre.


La confiance

mental pokerC'est aussi cette formidable confiance en eux qui leur permet de se sortir des circonstances les plus difficiles, même lorsqu'il s'agit de gérer un échec qui produit des ravages.

" En fait, j'ai toujours pensé que j'allais m'en sortir, et même quand je suis retombé à Whisthler et que je suis sortit de la compétition pendant 18 longs mois, je me suis dit que ce n'était pas si grave que cela , qu'il n'y avait pas mort d'homme, que ce n'était pas dramatique. Je me suis aussi violenté en me disant "C'est simple, soit tu restes au fond et tu arrêtes ta carrière, soit tu as des couilles, tu t'en sors et tu reviens plus fort" Ça a marché puisque 18 mois plus tard, j'ai survolé le championnat du monde qui a suivi" Guerlain Chicherit


- Toujours Positiver

Une autre technique qu'utilisent tous ces champions consiste à positiver toutes les conséquences des échecs, mêmes les plus défavorables:

" J'ai appris à positiver les moments de pression, en me disant que les gens qui font du stress un facteur inhibant, c'est qu ils ne l'acceptent pas, parce qu'ils n'ont pas confiance en eux. J'ai appris à ce que ça me dope, et je me dis "Mon p'tit père, tu vas en chier, tu vas avoir mal partout c'est génial tes adversaires sont super forts, tu vas faire 6 combats, mais c'est une journée qui en vaut la peine."
Et comme ça, ça passe, les adversaires stressent autant que toi, on est tous face à nos démons, on se connait, on veut briller, et de toute façon on n'à pas le droit de décevoir les gens." 
P Gentil

"J'ai travaillé la confiance en moi en utilisant des images positives et les techniques d'imagerie mentale, en apprenant à relativiser, à ne pas se traiter de nul en cas d'erreur sur une manche, afin de se faire confiance pour se reprendre, et de se remobiliser" Nicolas Huguet/ champion du mode de planche à voile 2005

"Pour gérer le stress, j'ai appris à me reformuler positivement les choses. Par exemple, s'il y à du vent ne pas se dire "Ça va être difficile, mais "Mon adversaire va avoir des problèmes, ou s'il fait chaud, se dire "Il fait très chaud, mais moi je tiens mieux que lui, il va souffrir. Pour combattre le stress, il faut, à chaque difficulté, regarder le côté positif de la situation, même quand l'enjeu est très important, même pour des grands matchs, même pour beaucoup d'argent. Tout au long d'une carrière, l'enjeu est de plus en plus important mais pour moi la pression était la même, voire moins importante pour moi qu'à mes débuts parce qu'avec mon travail sur la gestion du stress, j'arrivais de mieux en mieux à le gérer" Thierry Tuslane
 


L'état de grâce


mental poker"A SYDNEY en 2000, j'ai été touché par la grâce, peut-être la grâce de Dieu, béni des dieux, sur un nuage, intouchable, réglé comme une feuille de papier à musique." P Gentil

"Tout était exceptionnel, l'environnement, ma préparation, ma concentration, l'échauffement, le combat. Sur le ring j'ai été sur un nuage, dans un état d'extra lucidité. Au repos, tout en écoutant mon entraîneur m'expliquer les schémas tactiques, je voyais mon adversaire, je sentais sa respiration, je voyais également les juges, et j'arrivais presque à savoir, à leur attitude, s'ils m'avaient accordé le round ou non. Ce n'était pas de la dispersion, non, c'était une lucidité exceptionnelle". Mahyar Monshipour/ 6 titres de champion du mode de boxe

"C'est venu progressivement, j'ai connu un état exceptionnel de concentration, pour la première fois de ma carrière, à NEW YORK en 2004, j'ai d'abord perdu le premier set, puis au deuxième set, c'est comme si j'étais en pilotage automatique. Je me suis totalement libéré, et j'ai senti que rien ne pouvait m'arriver. L'autre en face, commençait à ne plus comprendre. Pourtant c'était ma bête noire.
Quand je retrouve cet état de relâchement et d'attention optimale, je frôle la perfection, je suis comme sur un nuage, je survole la partie et je prends de la hauteur, j'éprouve un état euphorique, plus aucune retenue, je prends du plaisir."
Thierry Tulasne.

" J'ai connu l'état de grâce pour la médaille d'Or à Sydney avec une intensité de la première balle, à la dernière balle, avec un engagement total, une sensibilité extrême, rien ne m'échappait, je voyais toutes les moindres alarmes, les plus petites alertes. J'étais dans la zone rouge, j'ai joué avec le feu à la limite tout le temps, mais consciemment. Quand on est dans la zone rouge, on sait que si on va un tout petit peu plus loin, on paye la taxe, mais j'ai toujours été à la limite, joueur, calculateur.
Pour être joueur, il faut de l'imagination, et j'ai contrôlé tout cela sans faille. J'étais dans une phase de pleine lucidité, mes émotions phénoménales étaient vécues pleinement. C'est après, lorsque je suis revenu dans un état normal que j'ai compris dans quel état j'étais à ce moment la". 
Franck Dumoulin

" La première fois, c'était en 1998. Je combattais pour un titre européen. J'ai eu le sentiment d'être en hélicoptère et de tourner autour de mes proies. J'avais la sensation, d'être au-dessus de mes adversaires, porté par quelque chose, avec une incroyable sensation de légèreté" Alexandre Biamonti/ 6 fois champion du mode de Karaté

Cette capacité à entrer dans un autre espace-temps, et à atteindre un état modifié de conscience (également appelé "flow") est une forte distinction entre les champions et les autres sportifs.


- Atteindre un état modifié de conscience

Il s'agit d'un état que connaissent les grands champions, et que les psychologues appellent un état modifié de conscience. Dans son livre qu'elle consacre à ces états, Christine Le Scanff ( La conscience modifiée, Payot), les qualifie ainsi : "un certain nombre d'états seconds, au cours desquels le sujet vit une modification plus ou moins profonde de son état ordinaire de conscience, de se perception, de l'espace et de sa propre identité".

Certaines pratiques religieuses, ou mystiques conduisent à un état quasi extatique comme le bouddhisme, le soufisme ou la kabbale. On décrit également l'irruption de ces états sous l'effet de l'hypnose, de l'absorption de drogues ou de psychotropes. Ils sont également associés, mais seulement chez les grands maîtres, à des techniques cognitivo-corporelles, comme le yoga ou certaines formes de relaxation. Il existe néanmoins une différence essentielle entre les états mentaux provoqués par les pratiques spirituelles, cognitivo-corporelles, ou l'absorption de substances chimiques, et les états mentaux observés en sport. En effet, ces pratiques visent à une forme d'isolement du monde, alors que le sportif entre dans cet état modifié de conscience tout en faisant preuve d'une extra-lucidité.


- Les mécanismes de l'état de grâce

La question importante est de savoir pourquoi un tel fonctionnement psychique qu'un individu connait dans des conditions exceptionnelles, une première fois, peut être si facilement reproduit.
La réponse est à chercher du côté du fonctionnement du système nerveux et des effets sur le psychisme.

Comme on ne peut pas, lors d'une finale olympique, mettre des électrodes sur le crâne d'un champion, on ne peut se limiter à établir des ponts entre le comportement des champions, et certains processus.
Une première explication est de nature électro-physiologique. Une récente étude réalisée sur des moines bouddhistes a en effet noté, pendant la méditation, une très forte augmentation des ondes gamma de leurs électro-encéphalogrammes. Les enregistrements ont également montré une plus grande activité de la partie gauche du cortex cérébral, qui est le siège des émotions positives, submergeant ainsi l'activité de la partie droite, centre des émotions négatives et de l'anxiété.

Une deuxième raison, peut être attribuée à la circuiterie nerveuse. Chaque expérience laisse effectivement une trace dans le système nerveux qui peut être représentée sous forme d'un réseau mettant en relation des centres nerveux spécifiques.


- Une fois cet état mémorisé, celui-ci peut être reproduit:

"Ça prend beaucoup de temps et de travail pour trouver cet état. Ça vient progressivement. J'utilise des techniques d'imageries mentales sur des compétitions qui ont bien fonctionné afin d'en tirer le maximum. Et puis j'affine mes routines, au fur et à mesure pour y parvenir". S Levet

Ainsi, la particularité de ces états mentaux est de pouvoir être activés quasiment à la demande, dès lors que l'on possède les clés. N'est-il pas fascinant de constater la capacité des champions du moment à être toujours les premiers, ne serait-ce que d'un millième de seconde en ski, ou de toujours gagner la balle décisive en tennis?

En effet, ce qui est remarquable est le fait que la différence entre le premier et ses suivants est souvent minime, mais l'ordre du classement est presque toujours respecté. Lorsque nous demandons à Thierry Tulasne s'il avait une explication à cette observation, celui-ci n'à pas hésité une seconde:

Cette capacité mentale, c'est le truc de la réussite. Basculer d'un état à l'autre et être très très bon quasiment à la demande. C'est nécessaire car le match peut se jouer à des détails. La différence, c'est la confiance en soi, et la capacité de concentration. Les meilleurs ça les rend meilleurs, et les moyens ont tendance à se crisper. Et la balance penche du côté du meilleur. C'est beaucoup dans la tête. Complètement dans la tête".


- Orchestrer l'apparition de ses états de grâce

Il faut alors, pour provoquer l'état désiré que les champions rencontrent, le contexte favorable, afin que, tel un starter, il enclenche la réaction souhaitée. L'amorce n'est souvent qu'un infime détail, une odeur, une couleur, une chanson. Bien sûr, ceci n'arrive pas par hasard et les champions provoquent de façon non consciente cet état plutôt qu'il le subissent.

L'affinage des pratiques rituelles (routine de préparation / l'auto hypnose/ la méditation) associées à la bonne gestion des ensembles des éléments précédents (fixation d'objectifs/ apprivoisement du stress/ confiance en soi/ travail acharné/ prise de plaisir à l'entrainement) favorisent grandement à le déclenchement de l'état modifié de conscience.

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