- 04 mars 2016
- duxili
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Il y a dix mille façons de jouer au Poker et la question classique du débutant est de savoir quoi faire. Entre jouer devant son écran seul dans sa chambre en HU au Stud sur un soft qui permet de déshabiller une pin-up ou se lancer dans le Main Event des WSOP, l’éventail est large. Alors que choisir et surtout pourquoi ? Article du mois de février écrit par Duxili
Duxili a participé à la promotion meilleur article du mois, et a remporté le premier prix pour 400 PPA
A quoi vaut-il mieux jouer ?
Se connaitre soi-même
Car si tant de formats de Poker existe c’est qu’il en faut pour tous les goûts : il y a ceux qui aiment les grosses… parties, ceux qui doivent composer avec leurs petites… disponibilités, etc. Bref la réponse à la question va avant tout être personnelle et il faut donc bien prendre le temps de réfléchir à qui l’on est et ce que l’on recherche.
D’abord il faut se poser la question de sa motivation : quels sont nos principaux objectifs ? Se faire plaisir / passer un bon moment ? Pouvoir démonter nos potes à notre soirée Poker hebdo ? Gagner de l’argent pour arrondir ses fins de mois régulièrement ? Gagner un gros montant ? Progresser le plus et le plus vite possible ?
Il faut ensuite se poser la question du temps et des créneaux horaires que l’on peut / veut y consacrer : Est-ce que j’aime jouer de longues heures ou au contraire par petite dose ? Est-ce que j’aime jouer la nuit ou plutôt l’après-midi ? Ai-je des contraintes horaires fréquentes ?
Un autre facteur à prendre en compte est sa capacité à résister au tilt / à s’imposer une bonne discipline et les facteurs qui vous feront franchir la ligne jaune : si je prends un bad beat, vais-je être capable de continuer à bien jouer ? Si je joue mal, suis-je capable de m’en rendre compte et de prendre les bonnes décisions ? Suis-je capable de cacher mes émotions et de les deviner chez les autres ?
Armé de cette analyse vous pouvez alors vous pencher sur les différentes possibilités :
Live ou On line ?
Le On line présente l’avantage du volume, tout va beaucoup plus vite, on peut multi tabler. Rien de tel pour se construire une expérience et apprendre le plus vite possible. Et comme on n’a pas à payer de croupier on peut jouer en micro i.e. sur des limites très basses qui ne devraient pas trop menacer les finances de votre vie quotidienne. Si vous rougissez dès qu’une jolie fille (ou un joli garçon) vous sourit, que vous êtes incapables de mentir sans bafouiller ou vous absorber dans la contemplation de vos chaussures, peut-être vaut-il mieux également que vous restiez derrière votre écran d’ordi.
A contrario si vous êtes allergique à une chaise d’ordi, si vous savez lire les gens comme personne alors le Live est sans doute à privilégier. L’autre avantage du Live est que le niveau (à limite équivalente) y est nettement plus faible. Mais le problème est qu’avec un volume qui sera nettement plus faible, la variance sera bien plus difficile à minimiser. Mieux vaut donc pouvoir supporter d’être perdant des semaines, voire des mois durant.
Holdem ou Omaha ? Limit ou No/Pot Limit ?
En attendant que les autres variantes prennent pied sur le .fr notre choix de variante est somme toute limité. Si vous commencez, le Limit est sans doute à éviter : il n’y a quasiment pas de volume.
Le plus du Holdem c’est justement son volume, c’est de loin la variante la plus populaire et vous pourrez jouer toutes sortes de jeu à peu près à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Comparé au Omaha, c’est également une variante qui présente l’avantage d’avoir moins de variance.
Mais si les bad beats ne vous font pas peur, si vous êtes plus solides mentalement qu’un roc et que vous ne comptez jouer qu’aux horaires où les volumes sont importants (en soirée et le week-end), alors peut-être préférez-vous le Omaha, car le niveau y est globalement encore nettement plus faible que pour le Holdem.
HU ou Full Ring ?
Le Heads up est fait pour vous si vous adorez l’action, si vous aimez jouer toutes les mains, bluffer souvent et hero call. Il vous faudra maitriser des ranges très larges et une variance maximale. En Full Ring la sélection de main sera bien plus importante, on va devoir fold le plus souvent mais les lectures de range y seront plus faciles. On pourra également multi tabler beaucoup plus. Le Short Handed se situe bien entendu entre les deux (plus proche du full ring que du HU quand même).
Micro, Small, Medium ou High Stakes ?
La réponse dépend avant tout de votre niveau et de votre bankroll. Je ne vais pas détailler dans cet article les règles de bases d’une bonne gestion de bankroll, mais simplement préciser qu’il en faut une (et bien entendu qu’il faut la respecter à tout prix, s’il n’y avait qu’une règle à respecter au Poker ce serait celle-ci). Un autre conseil de bon sens est de commencer au bas de l’échelle : si vous êtes débutant ou simplement que vous avez un doute sur votre niveau (on peut crush ses potes régulièrement et être débutant) n’allez pas vous aventurer en mid stakes, commencez par les micros.
Enfin adapter l’agressivité de votre gestion de bankroll à vos objectifs et votre profil : si vous êtes sujet au tilt, soyez plus conservateur. Si votre principal objectif est de progresser et non de gagner de l’argent, soyez plus agressif (on apprend davantage à jouer à un niveau que l’on ne bat pas qu’à un niveau que l’on domine de la tête et des épaules).
Cash Game, Sit & Go ou Tournoi Multi Tables?
Nous y sommes : LA question que tous les débutants se posent ? Par quoi commencer ? Faisons un petit tour des pours et des contres de chaque variante :
- Cash Game, la variance y est forte et le tilt peut vite s’avérer très couteux, les caves peuvent défiler à grande vitesse, déjà quand on joue bien, mais alors quand on tilt… Question horaire, pas de soucis avant la NL50 on trouve des tables quasiment à toutes les heures par contre la journée en semaine le niveau y est nettement plus relevé. Question niveau justement, c’est un format qui est devenu assez relevé on line. Quand on y ajoute la baisse continue des volumes, le phénomène risque fort de s’amplifier sur les mois et années à venir.
Le gros plus de ce format c’est que l’on commence et que l’on arrête quand on veut, on peut jouer des sessions d’une demi-heure ou de quatre heures, c’est comme on veut (ou comme on peut). En termes d’espérance de gain, on peut facilement faire un gros volume qui pourra relativement lisser la variance, par contre pas de miracle non plus à espérer : en jouant la NL2 on va avoir du mal à gagner même 100 EUR en un mois. Bref cela peut constituer un (petit) complément de revenu mais ne sera jamais un Life Changer (sauf à atteindre un gros niveau ce qui ne se fera pas du jour au lendemain). Du fait du niveau et de la facilité à perdre pas mal très vite et de l’impossibilité à gagner beaucoup, c’est sans doute le format le moins adapté à un jeu occasionnel. Si vous n’avez pas beaucoup de temps à consacrer au Poker, que cela reste avant tout un loisir / un jeu pour vous, le Cash Game n’est, a priori, pas la meilleure variante où s’investir.
- Les Tournois Multi Table sont le format de jeu qui se développe et où le niveau de jeu est le plus faible. C’est donc là qu’il est le plus facile d’être gagnant. C’est aussi là que vous pouvez gagner le plus avec le moins d’investissement et multiplier votre mise par 100 et même davantage en quelques heures (ce qui est quasi impossible en Cash Game). La théorie du jeu y est plus complexe qu’en Cash Game car à l’espérance de gain d’un coup s’ajoute les notions d’ICM (Independent Chip Model) ou de profondeur de stack. Par contre, comme le niveau y est plus faible, on n’a pas besoin de tout maitriser pour être largement gagnant, quelques principes de bases bien compris et appliqués avec rigueur suffisent à faire de vous un joueur gagnant aux plus faibles limites. Par contre pour aller grinder les high stacks, votre éventail de savoir devra être très large, et il y a aura encore plus de paramètres à travailler qu’en Cash Game. Autre difficulté de ce format : la gestion de son temps : les tournois les plus intéressants ont lieu le soir et se prolongent jusqu’à tard dans la nuit (même si il existe des tournois à toutes les heures du jour et de la nuit, le choix sera moindre et les fields/gains plus réduits à d’autres horaires). Pire on sait quand on commence, mais on ne sait pas quand on finit.
C’est un paramètre très important à prendre en compte et à anticiper si l’on vit en couple ou en famille (mais bien entendu totalement gérable). La variance y est maximale mais on ne perdra jamais plus que sa mise de départ. Le tilt restera donc couteux mais le stop loss sera automatique (sauf à se réinscrire dans de nouveaux tournois pour y faire n’importe quoi). Sa capacité à encaisser de longues périodes sans résultat (du fait de la grosse variance) et à relativiser ses périodes de good run (le gagnant d’un gros tournoi qui se prend pour le Dieu du Poker et vient jouer en Cash Game à des limites trop hautes pour lui constitue une bénédiction pour tous les réguliers de Cash Game) sont aussi des points clé à prendre en compte avant de se lancer dans ce format.
A noter qu’il existe tournoi et tournoi : un tournoi avec moins de participants réduira la variance (à la fois en terme de résultat et de temps passé), de même un tournoi deep avec une structure lente réduira la variance (mais pas en terme de temps cette fois-ci) mais il changera aussi l’importance des différentes compétences : le jeu post flop, deep, type Cash Game y sera plus important, proportionnellement que le jeu à moins de 30bb. Si votre edge principal est de savoir bien jouer short stack, une telle structure ne sera sans doute pas à votre avantage quand bien même elle réduit la variance…
- Les Sit & Go enfin font la part belle au jeu préflop. C’est sans doute techniquement le jeu où il est le plus facile d’atteindre un niveau correct (attention pour jouer en high stakes, il faut bien plus qu’un niveau correct et la maitrise de tous les spots ne s’acquiert pas du jour au lendemain). On peut aussi faire pas mal de volume (enfin cela dépend des rooms mais en choisissant bien, on peut jouer en micro quasi tout le temps). Pour autant le niveau y reste bien meilleur que sur les Tournois Multi Table, ce qui laisse une variance relativement importante. Comme on jouera beaucoup de All In préflop, les bad beats y sont très fréquents. L’avantage c’est que l’on n’y perd que son Buy In sans y avoir investi trop de temps. En effet la plupart des Sit & Go ont une durée maximale d’une heure (parfois un poil plus, mais beaucoup moins pour les formats (hyper) turbo). Cela reste donc assez facile à gérer d’un point de vue emploi du temps même si cela suppose des sessions de durée minimum en fonction du format choisi (disons qu’il faudra en général sur des tournois standards et en comptant le temps d’inscription prévoir des durées de session minimum de 1h30.
Il faut aussi noter que du fait de l’attente avant que les tournois se lancent, on fait moins de volume en début et en fin de session, plus les sessions seront courtes et plus le volume horaire sera donc réduit). C’est aussi le format où les gains maximum seront le plus réduits : avec beaucoup de chance on peut monter très vite de très gros tapis en Cash Game ou gagner un gros lot en Tournoi. Mais en Sit & Go la place de premier offre un gain capé qui n’a rien de mirobolant (sauf format type Expresso mais on va y revenir).
Pourtant les formats de Sit & Go sont assez variés et les différences entre un Expresso hyper turbo et un Quitte ou Double standard en Full ring sont juste énormes. D’une manière générale, les formats turbo, les structures favorisant le vainqueur et l’augmentation du nombre de participants augmentent la variance. De ce point de vue les formats type Expresso et leur effet Jackpot présente une variance maximale. Mais ils ont aussi l’avantage de pouvoir offrir des multiplicateurs de gain inaccessible aux autres formats de Sit & Go et un niveau de jeu moyen globalement plus faible que sur les autres formats.
Se spécialiser ou Papillonner ?
Quand on joue des Tournois, pourquoi ne pas faire du Cash Game en parallèle histoire de parfaire son jeu post flop ? Et pourquoi pas des Sit & Go pour améliorer sa compétence de push or fold ? Car oui, les compétences les plus travaillées dans un format seront souvent utiles dans un autre. Alors autant faire un peu de tout, non ?
Là encore cela dépend de vous, de vos priorités et de vos envies. Mais une chose est sure, chacun des formats demandent des compétences différentes. Et aucune ne va s’acquérir facilement. Tout demande du travail et votre temps sera limité. Pour progresser plus vite mieux vaut donc se spécialiser sur un format et le travailler à fond. On peut travailler chaque format pendant des mois voire des années et continuer à apprendre.
Conclusion
Faites-vous plaisir ! Ne tirez pas de plan sur la comète. Si votre objectif est de progresser et de travailler votre jeu, vous pouvez tester les différentes variantes et formats pour déterminer ce qui vous plait le plus. Mais ensuite spécialisez-vous et ne lâchez pas ! Rien n’est facile au Poker et si vous avez bien choisi votre format, votre meilleure chance de succès c’est d’y persévérer.
Article écrit par le membre Duxili