- 07 juin 2017
- petiteglise
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S’amuser avec ses jetons en jouant au poker, marcher en téléphonant, appuyer frénétiquement sur un stylo pour trouver l’inspiration… on gigote souvent quand on réfléchit, mais est-ce vraiment Ev+ ?
Le fidget spinner a été créé il y a 20 ans afin d’aider les enfants autistes. Ces derniers mois, il a envahi les cours d’écoles et même certains open-spaces. Les uns lui prêtent des vertues de concentration, tandis que d’autres y voient au contraire une distraction. De manière générale, est-ce que gigoter aide ou nuit à la réflexion ? Le débat existe depuis quelque 2500 ans, avec d’un côté l’école péripatéticienne fondée par Aristote qui marchait en rond avec ses élèves et de l’autre bouddhistes et hindous qui méditaient dans une posture fixe.
Gigoter tue l’ennui
Le fidget spinner et d’autres outils du même genre ont été utilisés avec succès par des enfants hyperactifs. Des études ont montré que ces enfants obtiennent de meilleurs résultats à des tests cognitifs avec un tel objet que sans. Il semblerait que leur envie de se disperser et de s’agiter soit canalisée. Autrement dit, en gigotant volontairement, ils se concentrent mieux.
Gigoter synchronise le corps avec l’esprit
Vous-êtes-vous déjà demandé pourquoi on aime souvent marcher en téléphonant ? La raison est simple : depuis la nuit des temps, toutes les conversations sont agrémentées de communication non verbale, expressions du visage, gestes avec les mains, postures corporelles. Essayez d’avoir une conversation en face à face en ne bougeant que la bouche : non seulement vous passerez pour un fou, mais vous vous sentirez mal à l’aise. Au téléphone, toute cette communication non verbale est futile, mais notre corps ressent tout de même le besoin de bouger. Avec une main prise par le téléphone, la marche est appropriée.
Gigoter stimule l’esprit grâce au corps
Dans des moments d’intense concentration, on bouge parfois la jambe en simulant presque des tremblements, ou l’on tape des doigts. Ces réactions sont parfois perçues comme dues au stress. C’est en réalité souvent l’inverse. On simule une réaction de stress afin d’en retirer les bénéfices. Par exemple, tapoter du pied peut accélérer le rythme cardiaque et mieux irriguer le cerveau.
Gigoter peut faire parti d’un rituel
Énormément de joueurs de poker, parfois même online, ne peuvent s’empêcher de tripoter leurs jetons en jouant. La plupart des joueurs de tennis font rebondir deux ou trois fois la balle avant de servir. L’ex vice champion du Monde d’échecs Boris Gelfand est connu pour transformer ses pièces en fidget spinner. Tous ces gestes sont des rituels destinés à enclencher le bon mindset.
Gigoter peut provoquer une surcharge cognitive
Notre cerveau ne peut accomplir deux tâches similaires en même temps, car elles utilisent les mêmes réseaux neuronaux. Par exemple, résoudre simultanément une multiplication et une division est impossible, alors que résoudre une multiplication en marchant ne pose a priori pas de problème car les tâches demandent différents réseaux de neurones. Mais cela n’est qu’en partie vrai : même quand les tâches sont différentes, multitasker réduit notre efficacité. Ecouter de la musique n’empêche pas de conduire, mais quand on cherche son chemin, notre premier réflexe est de baisser le volume. Converser en marchant est on ne peut plus banal, mais il nous arrive de ralentir voire de nous arrêter pour chercher nos mots. On comprend donc les enseignants qui interdisent et confisquent les fidgets spinners de leurs élèves “pour leur bien”.
En conclusion
Beaucoup de gestes restent inexpliqués. Les enfants tirent souvent la langue quand ils réfléchissent. Certains chercheurs pensent qu’il s’agit d’un réflexe lorsque les zones du langage sont stimulées, d’autres chercheurs considèrent qu’ils sortent leur langue pour l’empêcher de bouger afin de limiter les informations que la langue (zone ultra nerveuse) envoie au cerveau. Se gratter la tête symbolise la réflexion. Diverses théories, souvent fantasques ont été proposées, mais à l’heure actuelle, personne ne sait pourquoi l’on fait ce geste, ni s’il aide à mieux réfléchir. En l’absence d’études rigoureuses, vous êtes votre meilleur juge : si vous sentez qu’un geste vous aide, transformez-le en habitude.