Bonjour,
J’ai été contacté il y de nombreux mois par un sociologue de l’ARJEL (M. Martignoni) qui effectuait pour le compte de l’ARJEL une étude sur les jeux en ligne (dont le poker)
Après plusieurs entretiens qui ont duré au total quelques heures, concernant ma pratique du poker, il était prévu une publication de cette étude.
Hélas, il n’en sera rien car l’ARJEL a fait volte face ce qui, à mon sens, est très regrettable.
Les problèmes abordés, aussi divers soient ils auraient pu faire avancer les choses.
Mais ça, c’était avant…
Je ne peux que déplorer ce changement d’avis de l’ARJEL, qui en outre néglige totalement la valeur de cette étude quantitative et qualitative et montre un total manque de respect envers l’auteur de l’étude et surtout des joueurs ayant répondu à celle-ci en accordant beaucoup de leur temps…
Décidément, on se demande vraiment à quoi sert l’ARJEL au final… (mais bon, cela n’est pas vraiment une nouveauté!)
Ci-dessous, le communiqué de presse de l’auteur de l’étude, M. Martignoni
[quote]Université Lumière ( Lyon2) - Paris/Lyon ( France) le 24 juillet 2015
COMMUNIQUE DE PRESSE
Le Président de l’Autorité de régulation des jeux d’argent en ligne interdit qu’une étude sociologique sur les joueurs en ligne soit publiée sur le site de l’ARJEL
Le Président de l’ARJEL, Charles Coppolani vient d’interdire qu’une étude ethno-sociologique sur les joueurs en ligne soit publiée sur le site de l’autorité de régulation. Sociologue spécialiste des jeux de hasard et d’argent, chargé d’étude à l’ARJEL depuis 2011 dans un CDD d’agent public de l’Etat renouvelé sept fois, nous condamnons vivement cette décision.
Cette recherche approfondie – la première du genre en France - basée sur un vaste échantillon représentatif de la population des joueurs en ligne (turfistes, parieurs sportifs, joueurs de poker) comportait un volet quantitatif important (sondage en ligne sur une population de 4145 joueurs) et un volet qualitatif significatif (185 entretiens de joueurs réalisés en face à face à l’ARJEL rue Leblanc Paris 15° ou par téléphone)
Le rapport de l’étude quanti (Etude sur les joueurs de sites agrées de jeu en ligne en France, Paris, ARJEL, Janvier 2014, 66 pages) était terminé en décembre 2013 et avait reçu l’aval de Jean-François VILLOTE, premier Président de l’ARJEL. Il devait être publié en janvier 2014 sur le site de l’autorité de régulation. Le rapport de l’étude quali (exploitation et analyse des entretiens) était programmé pour 2015. Un certain nombre d’entretiens étaient prévus au domicile des joueurs ( ¼ de l’échantillon avait accepté ce principe)
Ce programme n’a pu être mené à son terme pour les raisons suivantes =
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Jean-François VILLOTE a démissionné soudainement de la Présidence de l’ARJEL en décembre 2013.
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Son successeur Charles COPPOLANI n’a pas souhaité :
que nous poursuivions notre mission au sein de l’autorité
que le volet quanti de l’étude soit publié sur le site de l’ARJEL.
que nous réalisions les entretiens prévus au domicile des joueurs
Spécialiste du champ ludique des jeux d’argent, rédacteur d’ouvrages et de multiples articles sur la Politique Des Jeux de la France et de la Politique en matière de recherches sur le gambling, expert à l’Inserm pour l’expertise sur le jeu excessif, Président fondateur de l’Observatoire des jeux, …. nous condamnons vivement ces décisions malgré le contexte politique. La visite de Christian Eckert à l’Arjel il y a quelque semaines, l’ouverture du site Evalujeu qui a suivi, constituent une étape supplémentaire à une Politique Des Jeux « dite » de jeu responsable ( en réalité très contradictoire) qui met systématiquement en avant l’addiction au jeu, le jeu compulsif, la dépendance…
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Cette politique qui se situe entre injonction paradoxale, conflits d’intérêts et instrumentalisation réciproque (entre l’Etat Croupier, la doxa du jeu pathologie maladie, le business du jeu compulsif)… a déjà été fortement critiquée aussi bien scientifiquement que politiquement. Le jeu est un Fait social, culturel, historique, non une maladie. Par ailleurs la question des addictions sans substance fait débat au sein de la communauté scientifique
La Commission Européenne ne s’y est pas trompée. Elle a financé une importante recherche menée par le Professeur Rebecca Cassidy dans le cadre du projet GAMSOC ( « Gambling in Europe ») dont les résultats vont dans le sens de ces critiques. Le rapport du projet, intitulé «Fair Game producing gambling research», conclut notamment que « les recherches sur les jeux tendent à se restreindre aux personnes pour qui les jeux d’argent sont devenus une obsession pathologique, une addiction, au lieu de porter sur les implications sociales et culturelles »
Dans ce contexte il était pertinent non pas d’interdire mais au contraire de publier sur le site de l’ARJEL les deux volets de cette étude ARJEL réalisée sous ma responsabilité scientifique qui :
donnait un autre regard sur les joueurs en ligne (profils, pratiques, motivations, comportements, attentes, représentations, socialités…) et leur passion pour le poker , les paris hippiques ou sportifs en ligne
éclairait de multiples façons la réalité contemporaine des jeux en ligne et l’impact social et culturel du ludique numérique pour les joueurs concernés et la famille entourage depuis son introduction en 2010 dans l’univers privé domestique.
Analysait les synergies complexes que construisent les français joueurs entre le gambling terrestre et le e.gambling, pratiqué à la maison devant son ordinateur ou de manière nomade
Etc….
Le Président actuel de l’ARJEL - qui cumule cette fonction avec celle de Président de l’Observatoire des jeux - en a décidé autrement. Nous regrettons vivement cette décision.
Jean-Pierre G. MARTIGNONI-HUTIN
Sociologue
Chercheur associé au Centre Max Weber et chargé d’enseignement ( CMW- Université Lumière – Lyon 2)
Membre de la Commission National des Sanctions (CNS- Paris Bercy)
Contact : Jean-pierre.martignoni@univ-lyon2.fr[/quote]