Cet article se veut un article « synthétique » présentant un concept indispensable en MTT.
J’ai choisi de donner le nom de « flopabilité » à ce concept, que je définirais dans cet article.
Cet article n’a pas la prétention de vous aider à construire vos ranges préflop, mais simplement à vous ouvrir l’esprit sur la nécessité de travailler spécifiquement vos ranges selon la profondeur « effective » de votre tapis.
Il s’adresse à des joueurs de niveau « intermédiaires » en MTT. (Du joueur maîtrisant simplement les bases et les ranges préflop « classiques », au joueur plutôt « aguerri » en Cash Game, voulant se perfectionner en tournois).
Afin d’expliciter ce concept, nous allons procéder directement par l’exemple, en comparant la jouabilité de 2 mains que sont 44 et KJo.
J’ai choisi ces mains, car ce sont des mains dont la force brute préflop est relativement proche, mais qui ont une flopabilité totalement différente.
Nous allons étudier le comportement de ces mains selon notre stack effectif (en Big Blinds).
Zone 1 : Zone de push or fold (14 BB ou moins)
Dans cette zone, c’est la force brute de la main qui importe, et qui va faire que l’on va push ou fold.
La « flopabilité » n’a pas d’importance ici.
On peut simplement jouer en se référant aux équilibres de Nash*. Le profil des adversaires peut nous faire dévier de la range de Nash, mais cela n’est pas l’objet de cet article.
Zone 2 : Zone de resteal** (entre 15 et 23 BB environ, dépendant du sizing du raise)
La « flopabilité » n’a pas non plus d’importance ici étant donné que l’on sera à tapis préflop.
Cependant, on peut déjà noter ici que 44 se comportera bien mieux contre une range de call que KJo qui sera trop souvent dominée.
Zone 3 : Zone de recherche de « flopabilité » : (entre 24 et 36 voire 40 BB)
C’est dans cette zone que le concept de flopabilité va prendre toute son importance.
Ici, le Stack to Pot Ratio (SPR***) au flop (qui vaudra ici entre 4 et 6), sera tel qu’à l’apparition des 3 cartes communes, nous devrions avoir la possibilité de prendre une décision pour tout notre stack. (nous ne partirons pas systématiquement à tapis au flop si nous touchons, mais une décision au flop nous engagera fréquemment à tout mettre à la turn).
La flopabilité, vous l’avez compris, est la propension d’une main à toucher « fréquemment » un flop intéressant.
Cette définition posée, 44 à une « flopabilité » très mauvaise, car dans la plupart des cas, elle ne touchera rien, et verra 3 overcards.
En revanche, KJ touchera plus souvent une paire jouable, et même assez souvent TPGK (ce qui sera généralement suffisant pour jouer notre stack de 30 BB).
La flopabilité de la main KJo est donc bien meilleure que 44, qui ne dispose que de 2 outs pour s’améliorer au flop.
→ Dans cette zone, il est crucial de savoir qu’il est possible de folder 44 préflop, alors que KJo serait totalement jouable.
Zone ‹ intermédiaire › : Entre 40 et 70 BB :
Comme son nom l’indique, cette zone est une zone « intermédiaire entre les zones 3 et 4.
Selon les profils des adversaires (serré ou large ; agressif ou passif), le moment du tournoi, notre image, notre position, et bien sûr notre réelle profondeur effective (70 BB sera bien différent de 40), il convient de jouer plutôt comme dans la zone 3 ou comme dans la zone 4.
Dans cette zone, retenons que la « flopabilité » de la main KJ lui procure souvent un avantage par rapport à la main 44.
En effet, avec 44 nous toucherons toujours rarement un bon flop, et les fois où nous toucherons notre set, nous n’aurons pas une côte implicite aussi importante que dans la zone 4.
Notons que plus notre position est précoce, plus nous tendrons à mettre des petites paires dans notre range plutôt que des mains comme KJo. En effet, plus notre range perçue est forte, moins il est intéressant de tenter d’obtenir une simple top paire, qui n’obtiendra de l’action que si elle est battue.
Zone 4 : Zone « as deep as CG » : 70 BB et plus
Dans cette zone, on sélectionnera nos mains de manière très similaire à la façon dont on jouerait en CG avec 100 BB.
Ici, dans de nombreuses situations de jeu, 44 sera très intéressante à jouer dans une optique de « set mining ».
En revanche, selon la position, KJo deviendra une main très marginale car elle aura des cotes implicites inversées importantes contre des meilleurs broadways. (Il s’agit d’une main dominée qu’il n’est pas toujours facile de jouer en CG).
→ Dans cette zone, beaucoup de joueurs débutants font l’erreur de sur-jouer une top paire.
Je conclurais en disant qu’il est aisé de comprendre le concept de « flopabilité » d’une main, tel qu’il est défini dans cet article.
Ce qui est moins intuitif, mais très important à mettre en œuvre, est l’anticipation, dès le préflop, de la flopablité de notre main, en fonction de ce que l’on recherche :
→ Une main qui a bonne équité préflop contre une range donnée (si l’on part à tapis préflop)
→ Une main qui nous permettra de nous commit au flop profitablement (si notre SPR au flop n’est pas très important).
→ Une main qui nous permet de toucher une main (très) forte au flop, avec laquelle nous ne serons que très rarement dominée.
Espérant que cette courte introduction sur la « flopabilité » des mains vous donnera l’envie de faire des recherches plus poussées sur le sujet. En effet, l’adaptation constante aux niveaux de blindes permet d’avoir un avantage important sur ses adversaires en MTT.
Greg #articledumois