[center]LA DÉCISION, LE PROCESSUS DÉCISIONNEL ET LA RATIONALITÉ LIMITÉE SELON LE MODÈLE DE H. SIMON OU LES GRANDS PRINCIPES ÉCONOMIQUES D’ENTREPRISE APPLIQUÉS AU POKER
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Cet article ne vise pas à vous présenter la théorie des jeux et/ou la théorie de la décision ( que je ne maîtrise pas de toute façon, concepts un peu trop théoriques et avancés en mathématique à mon goût… quoi que très intéressants! ) mais plutôt à essayer d’analyser et de comprendre le processus de décision au poker, et de structurer ses pensées autour d’un modèle bien connu en économie afin de prendre la meilleure décision possible. Vous êtes d’accord?
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[center]« Jouer au poker c’est, avant toute chose, prendre des décisions. Et si possible, les bonnes! »
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Qu’est-ce qu’une décision?
Rappelons juste qu’une décision est un choix entre plusieurs solutions possibles afin de résoudre un problème donné.
PRENDRE LES MEILLEURES DÉCISIONS
Si vous voulez gagner au poker, il convient donc de prendre les meilleures décisions. La logique de cette affirmation veut que, si vous adoptez les meilleurs choix possibles à la table, vous prendrez de temps à autre de meilleures décisions que vos adversaires et vous GAGNEREZ. Afin de comprendre pourquoi ce processus décisionnel est aussi important, et à quel point il peut être lié aux autres concepts clés du jeu gagnant, j’aimerais juste vous rappeler la théorie fondamentale du poker de David Sklansky que tout joueur de poker qui se respecte doit connaître :
Il est donc juste de dire que la meilleure action possible pour jouer une main au poker serait de la jouer comme si vous connaissiez les cartes de vos adversaires et qu’eux, en revanche, devraient la jouer autrement que s’ils connaissaient vos cartes.
La théorie fondamentale du poker de Slansky est très importante puisqu’elle ouvre la voie aux différentes stratégies à mettre en place pour être gagnant :
- - Reads, tells… vous permettant de jouer comme si vous connaissiez les cartes de vos adversaires.
- - Bluffs, slow-plays… permettant de faire jouer vos adversaires autrement que s’ils connaissaient vos cartes.
Le poker étant un jeu à informations partielles (classification de la théorie des jeux, vous ne connaissez pas les cartes adverses ), il est essentiel de comprendre que les décisions que vous prenez pour jouer une main est l’aboutissement d’un processus complexe de réflexion qui a pour but d’être optimal, qu’il s’agisse de vous faire remporter le coup en misant ou bien de le gagner en passant ( La valeur de votre mise quand vous décidez d’entrer dans un coup est égale à la valeur de votre mise que vous économisez quand vous décidez de passer votre main ).
En économie, Herbert Simon (1916 - 2001 - prix Nobel d’économie en 1978 ainsi que l’un des pionniers de l’intelligence Artificielle aux Etats-Unis ) a analysé les différentes étapes de ce processus de réflexion et en a déduit un modèle logique en trois étapes appelé IMC ( Intelligence, Modélisation, Choix ).
- 1. Intelligence: Recensement des informations et facteurs de décisions, perception de l’environnement, des contraintes, des enjeux et identification du problème.
- 2. Modélisation: Formuler les différentes solutions qui s’offre au décideur.
- 3. Choix: Evaluer, hiérarchiser les solutions et choisir la meilleure.
LE MODÈLE DE H. SIMON
Il est fascinant de constater qu’un concept économique peut très bien s’appliquer au monde du poker, celui-ci ressemblant étrangement aux réflexions des joueurs au moment de prendre une décision. Essayons donc d’appliquer le modèle de H. Simon au monde du poker.
1. L’Intelligence:
La première étape est sans doute la plus importante, celle-ci conditionnera la qualité de vos solutions et rendra votre choix d’autant plus facile. Essayons d’énumérer les différentes informations et facteurs de décisions ( si vous voulez en ajouter n’hésitez pas) :
- La position à la table
- La valeur et la sélection de votre main de départ
- Le nombre de joueurs impliqués dans le coup
- La structure ( antes et montant des blinds )
- Taille du pot
- Taille de mise/relance adverse
- Opportunités ( à faire un bluff par ex)
- Expérience de jeu
- Le coût / La côte du pot
- Les outs
- Buy-in
- Taille de votre tapis
- La profondeur des tapis adverses
- Le board, texture du flop
- Le profiling ( style de jeu adverse )
- Les reads / range de mains
- Les tells
- Intuition…
Les catégories d’informations
À mon sens ( ce qui va suivre n’est pas dans le modèle de H. Simon, juste une observation supplémentaire de ma part ), il convient de séparer en deux catégories d’information la certitude de celles-ci :
- Les informations certaines sont des informations sûres, fiables et objectives. Elles ne changent pas de valeur dans le temps (ex: votre main de départ restera toujours la même jusqu’à la fin du coup ) et vous permettront de pratiquer un jeu solide. Les futures décisions que vous aurez à prendre devraient principalement s’appuyer sur cette catégorie d’information.
Ex: main de départ, le board, la cote du pot, la structure…
- Les informations incertaines et subjectives voir aléatoires sont des informations soumises à interprétation de votre part ou au hasard. Elles peuvent changer de valeur dans le temps et peuvent représenter un risque important d’erreur si vous la prenez en compte dans votre processus décisionnel.Paradoxalement l’information incertaine, si elle représente un risque supplémentaire, est source d’un plus grand gain quand elle est juste.
Ex: Le profiling, le read, les tells, l’expérience de jeu, la chance…
En conclusion, il n’est pas question ici d’expliquer en détails les concepts et les facteurs de décisions énumérés, d’autres articles le font très bien. Cependant, j’insiste sur le fait qu’il est primordial de connaître quelle(s) information(s) intégrer à votre processus de décision ainsi que d’en connaître le type pour éclairer au mieux votre choix.
Chaque information récoltée a de la valeur, les hiérarchiser ( ex: la position à la table est plus important que les tells d’un joueur, surtout online… etc) peut être un exercice intéressant.
2. La modélisation:
Au poker, la modélisation de ces solutions est intéressante puisqu’il s’agit de vous présenter qu’un nombre fini de solutions, il y en a 5 ( le All-in étant un cas particulier pour Call à la hauteur de vos jetons, du Bet ou du Raise ) :
-
Fold ( Passer )
-
Check ( Parole )
-
Call ( Suivre )
-
Bet ( Miser )
-
Raise ( Relancer )
-
All-in ( « faire » Tapis )
Dans la réalité, seulement 3 solutions s’offriront à vous en fonction du cas dans lequel vous vous trouverez, par exemple Préflop :
-
Si personne n’a ouvert le pot avant vous :
Fold / Call / Bet -
Si un pot a été ouvert avant vous :
Fold / Call / Raise -
De petite blind :
Fold / Call / Raise -
De grosse blind :
Fold / Check / Raise
Nous pourrions le faire pour tous les tours d’enchères mais le résultat resterait le même, vous aurez toujours le choix entre 3 possibilités. Cette restriction de choix est dû, en premier lieu, aux règles même du poker ( ex : impossibilité de checker sur un pot déjà ouvert ), puis à la nature même de l’action Bet et Raise qui représente en fait la même chose : effectuer une mise.
Conclusion:
Au Poker dans une situation donnée, vous aurez toujours le choix entre 3 possibilités.
3. Le Choix:
Il faut maintenant évaluer et choisir la meilleure solution parmi les différentes alternatives. La dernière étape consiste donc à confronter les deux premières ( Intelligence et Modélisation ) pour aboutir à une hiérarchisation des différentes alternatives et enfin adopter votre…
[center] …DÉCISION FINALE! [/center]
Exemple:
De manière générale, découvrir 72o ( l’une des plus mauvaises mains de départ au poker ) en position UTG ( l’une des plus mauvaises position puisque vous êtes le premier à parler ) n’est pas forcément une main qu’on aime avoir.
Si la décision à prendre sur ce coup vous semble facile, c’est que vous avez admis deux facteurs de décision principalement : la valeur de votre main de départ et la position ( j’en admets un troisième : l’expérience ).
Vous pouvez ensuite confronter ceci à la deuxième étape ( la modélisation ) qui vous propose 3 possibilités : FOLD / CALL/ BET.
Et enfin évaluer et hiérarchiser vos décisions :
1. FOLD
—> Choix logique. Main nulle, Position difficile, trop de monde derrière, aucune info sur les mains adverses. Pas de gain, Pas de perte.
2. BET
—> Erreur. Position difficile, Aucune info sur les mains adverses. Simule une grosse main en UTG mais en bluff total avec une main nulle. Amélioration au flop peu probable. Gain peu probable voir impossible et perte trop importante.
3. CALL
—> Erreur. Montre et simule aucune force. Main nulle. Position difficile, aucune info sur les mains adverses. Risque trop grand de relance et de devoir abandonner le coup par la suite. Perte.
Sur ce coup, pas besoin de réfléchir trop longtemps, le choix est évident.
Cependant, nous avons réussi à mettre en application le modèle de H. Simon!
Quelques considérations logiques supplémentaires :
-
Plus l’enjeu est élevé, plus les décisions seront difficiles à prendre.
( la peur de perdre de l’argent étant aussi à prendre en compte) -
Plus vous avez pris de décisions dans le coup en amont, plus la décision sera difficile à prendre.
-
Plus vous avez d’informations lors de l’étape d’Intelligence, plus la décision finale sera facile à prendre.
OUI, MAIS COMBIEN ?
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Je vous vois d’ici me dire : « ouep’ c’est bien joli tout ça mais si ma décision finale est de miser, je dois miser combien ? »
Très bonne question… Le but n’est pas de vous donner les réponses, de très bons articles sur le « Betsizing » existent sur le net. Et je suis sûr que vous connaissez déjà ma réponse : Si vous êtes capable d’appliquer ce modèle pour choisir l’action à faire, vous l’êtes aussi pour choisir le montant de votre mise ou de votre relance!
La première étape (Intelligence) se fera avec les mêmes paramètres, peut-être en choisirez-vous d’autres comme principaux pour prendre votre décision comme la taille du pot et la taille de votre tapis par exemple. La principale différence s’effectuera sur la phase de modélisation. En effet, comme il s’agit de deux actions différentes, les solutions proposées ne seront pas les mêmes. Pour le montant de la mise vous aurez l’embarras du choix, mais pour des questions pratiques, Préflop on parle généralement en nombre de big blind :
- 2 fois la big blind
- 3 x
- 4 x
- 5 x…
- All-in
Et postflop, on parle plutôt en taille du pot, donc la plupart du temps :
- 1/3 du pot
- 1/2 du pot
- 2/3 du pot
- Le pot ( miser la taille du pot )
- Le pot x 2
- Le pot x 3
- Le pot x 4
- Le pot x 5…
- All-in
A vous de jouer!
LA RATIONALITÉ LIMITÉE
Le concept de rationalité limitée développé par H. Simon est plus qu’intéressant pour nous autres joueurs de poker. Outre son modèle, H. Simon remarque que de nombreux obstacles peuvent survenir et viennent « limiter » la rationalité de la décision. On peut dire que c’est une situation de choix sous contrainte.
« Il suppose que le décideur à un comportement rationnel mais qu’il est limité en terme de capacités et d’information ne lui permettant pas d’optimiser son choix. Pour être plus clair, H. Simon estime que le décideur va s’arrêter au premier choix qu’il jugera satisfaisant. Lors d’un choix complexe, il cherchera moins à étudier l’ensemble des possibilités qu’à trouver une solution raisonnable en cas d’incertitude. Il va s’arrêter généralement à la première option qui satisfera à la situation concrète, tout en évitant de consommer trop de temps à effectuer son choix. »
Source: Wikipédia
Cette théorie s’oppose à celle de la rationalité classique qui suppose qu’un décideur à un accès illimité à l’information et qu’il est capable de décider au mieux en toutes circonstances et tout le temps, ce qui n’est pas le cas au poker et cela pour plusieurs raisons :
- Jeux à informations partielles
- Contrainte de temps
- Fatigue
- Émotion
- Personnalité du décideur : Perception des risques et des contraintes peut être différentes d’une personne à une autre.
…etc
Cela ne vous rappelle personne ? Vous, moi, le joueur de poker lambda peut-être? Nous voudrions tous faire partie de cette catégorie de joueurs ou nous pratiquons le meilleur jeu possible ( Je ne parle pas de A game volontairement ) tout le temps et en toutes circonstances. Nous tendons tous à cela dans notre quête de progression et de perfection. Les meilleurs joueurs au monde ont su exploiter ces contraintes et les minimiser au maximum afin de rendre leur jeu proche de la perfection, sans erreur, un peu comme un robot. Heureusement, nous ne sommes que des êtres humains et nous pratiquons le poker comme toute autre activité dans la vie : avec émotions et sentiments. C’est ce qui rend le Poker si attractif. Qu’en serait-il d’un poker où tous les joueurs de la table ne feraient jamais d’erreur? On se ferait chier, non ?
Pour finir, j’aimerais juste vous dire que cet article se veut collaboratif et que j’ai bien sûr utilisé les ressources du net pour le rédiger ( y compris un ancien article de PA sur le processus de décision merci beaucoup !!!). J’ai passé du temps et fait au mieux de mes capacités et de mes connaissances pokeristiques donc si vous avez un avis, des suggestions, si vous voyez des erreurs, si vous avez des modifications à apporter, des axes d’amélioration à me transmettre ou simplement des envies particulières, n’hésitez pas à m’en faire part, tout est perfectible!
ET MERCI DE M’AVOIR LU JUSQU’AU BOUT, C’EST LE PLUS IMPORTANT !
Bonnes décisions à vous dans le futur!!!
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La sortie c’est par là, hahaha!!! >>>[/center]
Alex