Allez encore un petit post “to be or not to be pro”.
A mon sens, il y a deux confusions autour du thème des pros du poker.
1- déjà assimiler une activité de joueur à un travail c’est toujours délicat. Je me rappelles que dans la musique il y avait le même débat: est-ce qu’un musicien est en train de travailler quand il joue sur scène, qu’il compose, qu’il répète … En France le travail est une valeur centrale, fondatrice, c’est pourquoi beaucoup de ces musiciens luttaient pour etre reconnus comme “professionnels”. Dans d’autres pays on dirait “c’est genial de pas etre obligé de travailler”.
Le point commun à tous, c’est qu’ils esperaient gagner suffisamment d’argent pour pouvoir se consacrer pleinement à leur art. Moi j’ai toujours été dans cette optique: pro ou pas pro j’avoues que le plus important pour moi jusqu’à maintenant a été de pouvoir continuer à jouer sans que ce soit du n’importe quoi. Si je suis “pro” du poker c’est par amour de ce jeu, c’est pas une fin en soit ou pour gagner de l’argent. Finalement le moment ou j’ai été le plus “pro” c’est à mes débuts ou c’était un peu chaud financièrement et les 500 euros par mois que je gagnais me permettaient de manger convenablement. Traversant une dépression, j’étais incapable d’aller chercher un vrai travail.
Tant que les résultats s’améliorent, c’est possible de le faire. Le jour ou j’atteindrai mon seuil de compétence (c’est une notion très importante dans n’importe quel job) alors je devrais me poser vraiment la question de la viabilité sur le long terme.
Ce qui compte, c’est pas l’issue, c’est le combat !
2- Au tennis le seul top 200 mondial vit correctement de ce sport, et les mecs entre la 200ème et la 600ème place vivotent. Et je peux vous dire que si vous êtes 600ème mondial vous envoyez du lourd de chez lourd sur un terrain.
Au poker c’est pas tout à fait pareil: rien qu’en France, selon ce que j’ai compris en regardant c’est dans l’air, environ 500 joueurs vivent du poker. Ca veut dire qu’il n’est pas forcément nécessaire d’atteindre le top du top niveau pour en vivre. Lou Krieger en parle dans son bouquin “les secrets des pros”: vous avez des joueurs de poker professionnels “pères de famille” qui estiment qu’il est plus facile pour eux de gagner leur vie aux tables qu’en travaillant, et les joueurs qui aspirent à devenir les meilleurs. Ceci dit même les “pères de famille” adorent ce jeu, sinon ils feraient autre chose.
Au poker “pro” ne veut pas dire “un des meilleurs du monde” comme dans la plupart des autres disciplines sportives ou artistiques.
J’espères apporter de l’eau au moulin des derniers posts. Une dernière chose:
On peut considérer que le poker est une industrie du loisir. Le joueur pro a son utilité sociale car il contribue à l’existence de cette industrie: en faisant rêver les joueurs, en produisant du spectacle à la télé ou même dans une partie privé (les gens sont ravis de me jouer quand je participes à ces soirées et je ne suis pas avare en conseils en dehors de la table quand on me sollicite) et en matérialisant l’excellence aux yeux des passionnés.
Dans les tournois d’echecs, on est ravi quand il y a des grands maitres, malgré qu’ils prennent systématiquement une grosse partie de nos inscriptions en prix et que nous simple mortels on gagne péniblement de quoi se payer le prochain avec un prix par catégorie !!
Vraiment pro ou pas pro c’est pas ma préocupation sauf quand je dois me justifier aux yeux des autres - je pourrais arrêter demain j’aurais pas à me plaindre parce que j’ai vécu des choses formidables ces quatre dernières années. +1 avec certains posts, j’ai plusieurs plans de reconversion pour quand le moment de se lever de la table sera venu, à commencer par … prof !
FG