Je débute tout juste le poker mais je suis issu d’un autre jeu de carte : Hearthstone, où j’avais un niveau décent (plusieurs fois rang légende pour ceux qui connaissent). Pour moi, c’est une évidence qu’il faut partir des micros limites, les crush et monter sa bankroll de cette manière, en passant paliers après paliers. Ça me parait être la seule façon seine de jouer. Personne n’imagine un joueur de sport/e-sport, payer pour arriver directement à un classement décent, c’est pourtant ce que semblent faire énormément de joueurs de poker, en s’achetant une bankroll conséquente avec leur CB pour jouer directement à des limites qu’ils jugent plus appropriées pour eux.
Prenons l’exemple d’Hearthstone, jeux de carte avec une variance bien présente comme au poker, si on veux jouer contre les meilleurs joueur, et pouvoir prétendre à l’excellence, il faut commencer à jouer contre les plus mauvais des joueurs, qui vous sortiront les moove les moins conventionnels qu’on puisse imaginer. C’est part là qu’on comprend vraiment le jeu, qu’on construit des bases solides pour battre les meilleurs joueurs.
Encore une fois, je suis tout jeune dans le milieu du poker, j’ai joué a peine 10 000 mains en NL2. Mais j’ai vraiment le sentiments que beaucoup de joueurs de poker veulent “sauter les étapes”, pour faire de l’argent rapidement. Cela me parait prétentieux et contre productif, comment prétendre pouvoir battre les hautes limites, quand on a jamais été capable de battre les joueurs les plus mauvais ? Imagineriez vous un joueur de foot professionnel qui n’ait pas fait ses preuves en district, puis en régional, puis national, etc. ? Non.
La question est bien la suivante, comment considérez vous le poker ? Comme un vulgaire moyen de gagner quelques € ? Ou comme un sport intellectuel à part entière, où la rigueur et la persévérance sont les seules moyens de progresser ?
Je pense qu’une question fondamentale à se poser quand on joue au poker c’est “Est-ce que je suis dans le dépassement ou dans l’évitement ?”
Certains vont jouer au poker pour faire face à diverses problématiques, ça va de la simple volonté de faire face aux tracas du quotidien à des choses un peu plus profondes comme le fait de passer à côté de sa vie dans un travail qui ne convient pas ou plus.
J’utilise la formule de “faire face” car à mon sens il va y avoir deux modes principaux : l’évitement et le dépassement.
Quand le joueur est sur le mode de l’évitement, le rôle du poker est avant tout de faire en sorte d’oublier les problématiques.
Il y a un facette que je qualifierais d’assez saine de jouer pour cette raison, il s’agit du divertissement. Dans ce cas là le joueur a parfaitement conscience du rôle du poker, il s’agit de l’équivalent du match de foot avec une bière. Il peut s’investir plus ou moins dans la discipline mais cela ne va jamais le mettre en danger dans son quotidien, il ne va pas investir un temps et/ou de l’argent qu’il ne pourrait investir. Il sait très bien en tout cas que le poker ne viendra jamais comme une solution à ses soucis, qu’ils soient plus moins grands mais cela lui permet de se détendre et il n’y a rien de mal à cela.
L’autre facette est plus problématique, il s’agit de l’addiction. Elle utilise le même mécanisme à la différence que le joueur voit vraiment le poker comme un moyen de se sauver, de tout régler. Il va alors tenter de forcer le destin plus d’une fois en utilisant la voie courte, comme le fait de jouer plus d’argent. Il peut également y avoir des périodes de démotivation. Inutile de dire que cette stratégie est systématiquement vouée à l’échec. En effet, le rôle du poker étant de mettre de côté certaine problématiques que le joueur ne souhaite pas affronter directement, chaque fois qu’il commence à gagner, d’une certaine façon, il se trouve sommé de bientôt devoir faire face à ces dites problématiques…ce qu’il ne souhaite absolument pas faire. En effet, le schéma étant => Je deviens quelqu’un au poker => Le poker vient régler mes problèmes que je vais pouvoir affronter…grâce au fait que je suis maintenant un bon joueur. Utopie bien entendu et le joueur en a quelque part conscience, c’est pourquoi systématiquement il se débrouillera pour perdre tout ce qu’il a pu gagner afin de rester le plus longtemps dans une sorte de hors monde.
Sur le mode du dépassement, le joueur va utiliser le poker comme une construction. Il peut s’agir de quelque chose se relativement banal, comme par exemple repousser un peu ses limites. Et parfois il s’agit d’un véritable tournant existentiel. La différence avec l’addiction, c’est que le poker n’est pas là pour mettre les choses de côté mais bien pour clore une époque et passer à autre chose. Il faudra donc d’une certaine façon affronter les anciennes problématiques, il n’est pas là pour faire une digue qui empêche les soucis de revenir mais au contraire les enterrer et construire dessus tout en ayant conscience que tout ceci fait partie des fondations.
Bien entendu, dans la réalité, les choses ne sont pas aussi cloisonnées, on peut par exemple avoir des phases d’addiction sans pour autant être un addict au sens pathologique du terme.
C’est pourquoi il est à mon sens essentiel de se demander pourquoi on joue, qu’est-ce qu’on cherche à travers ce jeu car parfois on se rend compte qu’il est peut-être possible de jouer pour les mauvaises raisons ou en tout cas avoir une approche du jeu qui n’est pas cohérente par rapport à notre projet.
beaucoup de choses intéressantes dans ce que tu as dis et beaucoup de chantiers mentaux aussi apparemment
Je vois que tu as lu Jared Tendler : il contient toutes les réponses à tes questions. Tu devrais le relire attentivement (ainsi que le tome 2 par la suite) même si, évidemment, ça sera plus facile avec du coaching mental ou même simplement traiter de ces points dans un groupe de travail (et pas que parler technique).
Est-ce que cela veut dire que tu ne regardes que les aspects négatifs de ton jeu ?
Peut-être est-ce plutôt le manque d’objectifs clairs, chiffrés, atteignables … et de suivi de ces objectifs que des questions de tracker, room …, non ?
Plusieurs joueurs font ça pensant que c’est une sorte de reset mental pour bien repartir mais ce n’est ni cela ni un côté maniaque / ordonné.
D’après Jareed Tendler, c’est surtout un leak mental dû à notre incapacité à accepter notre droit à l’échec qui fait partie de tout apprentissage.
Non seulement tu te prives de données pour vérifier ta progression et savoir si tes objectifs sont atteints mais c’est aussi contre-productif mentalement. Tu peux faire autant de reboot que tu veux, ton mental (ta mémoire) n’est absolument pas rebooté (et il ne faut pas d’ailleurs).
Ta démotivation arrive au bout de combien de mains spew ou quelle période de downswing ?
Vu le ‘quelques’, j’ai l’impression que c’est rapidement, non ?
On ne joue pas pour rattraper les pertes passées sinon on déjoue (voir Jareed Tendler).
-15 caves peut être un down tout à fait normal au regard de la variance même sur 25K mains. Ceci dit, ça peut aussi être lié au fait que l’on a spew : il faut analyser les mains.
Pas sûr et du coup, ça veut dire que tu regardes trop tes courbes et surtout les points négatifs de ton jeu (ce qui ne donne pas confiance).
Et bien arrête
Fais le comme préconisé par Jareed Tendler : donne toi comme objectif seulement une fois sur deux sessions puis allonge l’intervalle quand tu as atteins ton objectif sur une durée suffisamment significative.
Relis bien le chapitre sur l’échauffement et cool down. Il ne faut pas que ça soit une corvée. Il ne faut pas être trop ambitieux. Il faut trouver ce qui te convient le mieux mais ne pas zapper ces phases (limite les à 2-3 minutes).
On ne peut pas juger une session sur les résultats puisque c’est du très court terme.
Pourquoi pas l’analyse de quelques mains de cette session tout simplement ?
Va falloir prioriser pour le travail sur les leaks mentaux mais c’est essentiel d’avoir une bonne BRM
Si tu as une vie professionnelle à coté (voire sociale ), c’est déjà beaucoup et largement suffisant à mon sens. Ton objectif n’est pas de faire du volume pour faire du volume, correct ?
Pourquoi ça te saoule ?
Je suis sûr que tu sais déjà que c’est une erreur d’up d’un niveau quand on est BE sur l’actuel. Alors deux …
En fait, ça dépend de ton objectif et des règles que tu te donnes.
OK BE sur 250K mais tu as progressé.
Alors quel est ton winrate sur les 50K dernières mains ? Les 100K dernières ? Quel winrate minimum t’es tu fixé pour up ? Quelle profondeur de BR ?
Pour moi, c’est le point clef à travailler en premier.
Il y a plusieurs objectifs et ils ne sont pas assez précis.
Par exemple “monter les limites” : jusqu’où ? La NL50 ? La NL500 ? Il faut s’en fixer une justement parce qu’à moins d’être pro, on peux difficilement en battre certaines (on aura jamais le temps de travailler suffisamment pour les battre).
Gagner de l’argent à long terme. Donc je suppose que tu ne veux pas uniquement monter les limites (parce que ça c’est uniquement lié à ton compte en banque :-)) mais aussi être un joueur gagnant.
Est-ce que tu préfères être gagnant en NL5 ou BE en NL10 ?
Il faut aussi se donner des objectifs chiffrés intermédiaires
Exemple : être gagnant en NL10 d’ici la fin de l’année. Une fois l’objectif atteint, tu pourras en fixer un autre intermédiaire. Sinon revoit le (à la baisse ou en le replanifiant).
Passion / rêve … sont des mots forts.
Il faut se fixer des objectifs compatibles avec notre contexte.
A moins d’être pro (ton rêve peut-être), c’est difficile de vivre de cette passion. Et être pro, c’est … difficile et compliqué.
Est-ce que être un joueur gagnant en NL10, te parait être déjà un objectif (même long terme) suffisant pour assouvir cette “passion” que nous pourrions appeler “hobby” ou est-ce un objectif intermédiaire ?
Il n’y a pas tant que ça de joueurs gagnants lifetime en NL10 et c’est tout à fait honorable pour un reg qui n’est pas pro ou semi-pro.
Voilà, c’était “my two cents”.
J’espère avoir pu te donner des pistes et rassure-toi même si je sais ce qu’il faut faire théoriquement, ça ne veux pas dire j’ai pu résoudre tous ces leaks mentaux pour moi-même
Je remercie toutes les personnes qui ont participé et donner leur avis (parfois bien long et détaillé c’est ça qui est intéressant), ça m’a permis de me rendre compte de certaines choses (le mental est tellement important on s’en rend pas toujours compte) et donc j’ai décidé de ne plus me prendre la tête avec des database vierges et tout ça, on va simplement s’accepter comme on est et essayer de jouer chaque coup de façon optimal.
Fini les 4 tables de zoom, les sessions de 20 minutes avant d’aller faire les courses, on joue safe, on joue bien.
2 tables max, focus, aucune musique, review avec pio après les sessions, tag pendant la session, ne plus regarder la BR ni le graph, méditer et refaire un cooldown (la flemme mais faut que ça devienne utile).
Je pense que c’est la meilleure façon de s’en sortir, autrement on est bon tous les mois à cashin et on perd le goût du jeu.
Le poker c’est comme la vie , tu te fait defoncer , tu te releve, tu te fait defoncer , tu te releve… sa peut durer 10 piges parfois, mais un jour ou l’autre sa paye.
J’ai remarquer depuis que je joue au poker, la grande majorité des grinders qui commence a s en sortir bien comme il faut,genre a pouvoir passer pro quoi, c’etais tjrs entre 6 et 10 ans de jeu derrieres , c’est rare les mecs qui crush tout aprés 1/2 ans de jeu.
Les mecs on rien lacher
Par rapports a ta courbe que tu veux reset a chaque fois, je trouve sa nul perso.
Moi j ai perdu des data base et jsuis degue j aurais aimé avoir tout depuis le debut, au moins ta unretour sur ta progression
Par contre sa me fait rire les gens qui disent qui jouent pour la passion du jeu ^^ C’est pour la tune comme tout le monde, c’ets la premiere raison, sans argent c’ets pas du poker, les bluff ect… perdent toute leur valeurs.
Pk on joue au poker? pour la TUNE! ensuite par passion( des tunes ?) du jeux l envie de crush ect pour pouvoir ce faire un paquet d oseille.
Perso poker en play money j aurais jouer 2 mois dans ma vie, j aurais pas continuer depuis 2012 sans l espoir d un one time intergalactic
Le coup du reset, en général c’est une mauvaise idée, je dis bien en général. On se dit voilà, maintenant je fais les choses bien, c’est un nouveau départ, sauf qu’il en faut un peu plus pour éliminer certaines mauvaises habitudes. Perso, je pense que les courbes sont importantes, elles nous montrent notre expérience et pourquoi a un moment donné on est parti en cacahuète.
Je nuancerai ton propos que je partage : c’est aussi la manière de gagner cette “tune” qui peut nous plaire.
Parce qu’entre prendre 50k :
-en buttant quelqu’un
-avec tout sur le 17 à la roulette
-après 8h de poker en “éliminant” 1000 joueurs
mon choix est vite fait.
Je ne pense pas que « gagner un maximum d’argent » doit être le principal moteur que ça soit pour un reg « amateur » ou même pour un professionnel.
Ce n’est qu’un moyen et la passion / envie de jouer / plaisir … (peut importe comment on l’appelle) doit rester le moteur premier de la motivation pour jouer au poker selon moi.
L’argent gagné sur le long terme n’est qu’une conséquence de son investissement mû par la « passion » que l’on peut ressentir vis-à-vis de ce jeu (et qui ne doit pas être une addiction).
Bien entendu, il faut un enjeu et l’argent est cet enjeu la plupart du temps.
Néanmoins je peux te dire que dans le monde du poker amateur, il y a des joueurs de live en association (et sans argent donc) qui sont « passionnés ». Leurs enjeux sont tout simplement différents.
Pour ma part, mon envie de crush n’est pas lié au fait de faire « un paquet d’oseille » : vu le temps que j’y consacre, mon taux horaire est beaucoup moins rentable qu’aller au boulot
Et comme mon ambition n’est pas de devenir professionnel de poker, je ne gagnerai jamais des sommes importantes (par rapport à mes revenus actuels).
Bien entendu, perdre de l’argent signifierais que je suis un joueur perdant et ce n’est pas compatible avec les objectifs que je me suis fixé mais mon but n’est pas d’en gagner un maximum.
Si passion est un mot probablement trop fort, je dirais que « hobby préféré » correspond quand même à beaucoup de joueurs (voire à une majorité) surtout si on ne se limite pas au on-line.
Même pour la plupart les professionnels ayant gagné beaucoup d’argent au poker, à voir leurs interviews, il me semble que c’est vraiment la passion qui les anime en premier.
Les moteurs peuvent bien entendu est différents d’un individu à l’autre (on peut jouer pour la reconnaissance des autres, par cupidité, pour être son propre patron, …) mais je suis convaincu que l’on peut jouer aussi essentiellement par « passion » à ce qui est avant tout un jeu.
Je rebondis encore car j’ai un mot que j’ai vu revenir sur le forum ces derniers temps : “ça fait rêver de voir ça”. Rêver c’est bien, ça permet justement de se motiver mais je trouve que parfois l’amateur passe trop de temps à rêver et pas assez de temps à aller vers ses rêves.
Le problème de beaucoup de joueurs, c’est le temps. Ils bossent, ils ont une vie sociale, etc. Classique. Pour arriver à ses objectifs, il va falloir s’organiser et grapiller le temps là où il est. Pourtant je suis toujours surpris de voir à quel point untel est courant que tel ou tel joueur a gagné le tournoi de Darmatin les oies, a passé des heures pour savoir si Vilinius est plus fort que Dunod, etc. 90% du temps, on me sort des noms de joueur high stakes ou de tournoi dont je n’ai jamais entendu parlé, je suis incapable de dire qui a gagné les WSOP d’ailleurs. Ok, à ce niveau là, j’avoue que je suis quand même catastrophique mais pourtant je devrais être au courant, après tout c’est moi qui consacre mon temps au poker. Mais c’est juste que quand j’ai 1h de temps, entre regarder un stream d’une TF de je ne sais quel tournoi ou faire un PIO, voir une vidéo de NL 50 d’un caoch obscur au nom inconnu clairement, je vais aller faire le PIO ou mater la vidéo et à la fin de l’année, je pense que ça fait aussi la différence.
Souvent je pense que les amateurs ont bien plus de temps qu’ils ne pensent mais ils n’ont pas conscience à quel point ils procrastinent dans le poker lui-même en passant du temps sur des choses qui ne vont pas les faire avancer.