On passe au post-flopâŠ
III RĂ©flexions post-flop.
1. Stratégies simples.
1.1 Remporter le pot post-flop
Pre-flop, nous avons dĂ©jĂ vu lâimportance de remporter le pot. Je le rappelle, il nây a que deux façons dây parvenir: faire folder nos adversaires ou gagner Ă lâabattage. Câest ainsi que nous avons construit nos ranges, en particulier de dĂ©fense passive (en attaque on se donne dĂ©jĂ lâopportunitĂ© de remporter le pot en faisant coucher nos adversaires). Nous avons vu quâil fallait choisir des mains ayant le meilleur compromis entre cote du pot, Ă©quitĂ© PF contre les ranges adverses, et Ă©quitĂ© rĂ©alisable.
Post-flop cette notion de gagner le pot reste la mĂȘme. Soit nous faisons folder Vilain, soit nous remportons le pot suffisamment souvent Ă lâabattage (bet for value et call). La notion dâĂ©quitĂ© rĂ©alisable est ici importante.
- Pour les bluffs, il faut pouvoir faire folder Vilain suffisamment souvent.
- Pour les bets for value, il faut avoir 50% dâĂ©quitĂ© face au range de call de Vilain.
- Pour les calls, il faut que notre dâĂ©quitĂ© face au range de bet de Vilain soit supĂ©rieure Ă la cote du pot.
> Faire folder notre adversaire. Ce quâon appelle trop rapidement le bet for bluff, la rĂ©alitĂ© est un peu plus compliquĂ©e.
Je reviens sur ce qui avait Ă©tĂ© expliquĂ© dans âMaraver la NL2â sur les raisons de miser: pour value, en bluff, ou pour faire folder lâĂ©quitĂ© de Vilain si notre main est vulnĂ©rable. Je rĂ©explique rapidement cette notion de faire folder lâĂ©quitĂ© de Vilain (qui avait Ă©tĂ© associĂ© Ă lâidĂ©e de capitaliser la dead money mais qui est un concept plus logique):
Parfois on gagnera plus (plus dâEV) en misant mĂȘme si on ne bluff pas et quâon ne value pas non plus! Faire folder lâĂ©quitĂ© de Vilain peut ĂȘtre plus profitable que dâessayer dâaller Ă lâabattage alors quâon ne value rien. LâidĂ©e importante et qui est sensiblement diffĂ©rente du concept de capitalisation de dead money plus basique, est que lâEV du bet est supĂ©rieure Ă lâEV du check. La notion de vulnĂ©rabilitĂ© de notre main est plus importante, ainsi que celle de la position. On fera plus facilement folder lâĂ©quitĂ© de Vilain si celui-ci est OOP.
Voici un premier exemple simple: Nous avons 55 au BU et le flop est 842, nous sommes face Ă une dĂ©fense de BB. Notre main est trĂšs souvent la meilleure mais nous avons peu de value. Par contre elle est trĂšs vulnĂ©rable contre les overcards de Vilain qui constituent lâessentiel de son range. En misant nous gagnerons plus quâen checkant contre le range de c/f de Vilain.
Un autre exemple un peu plus subtil: Nous sommes au turn en position dans un pot Ă trois joueurs sur un board K822 sans draws. Le pot a Ă©tĂ© checkĂ© jusque lĂ et nous avons 99 en main. Si on mise aucune main meilleure ne foldera et aucune main moins bonne ne suivra (Ă part un marginal 8x). Pourtant miser est la meilleure chose Ă faire puisquâon gagnera plus souvent le pot en faisant coucher nos adversaires quâen essayant dâaller Ă lâabattage et permettre Ă toutes les cartes vivantes des Vilains de toucher une paire qui nous bat Ă la river. Ce qui est important ici, câest que nous avons sans doute la meilleure main mais quâelle est trĂšs vulnĂ©rable contre 4 cartes vivantes comprenant trĂšs souvent des over-cards. LâEV du bet est supĂ©rieure Ă lâEV du check puisque nous remporterons presque toujours le pot en misant alors quâen checkant nous le perdrons prĂšs de 25% du temps (vs AQo et JTs, nous nâavons âqueâ 71% dâĂ©quitĂ©. Il faut cependant aussi tenir compte des value cut possibles: ici on estime que la plupart du temps un Vilain possĂ©dant un K aurait misĂ© avant nous (dâoĂč lâimporance de la position qui peut lĂ©gĂšrement modifier le spot).
Comme je le disais plus haut, câest ce que dans la premiĂšre Ă©tape on appelait les bets âpour capitaliser la dead moneyâ. En rĂ©alitĂ©, ces bets nous permettent simplement de gagner le coup plus souvent que si nous laissons notre (nos) adversaire(s) rĂ©aliser gratuitement leur Ă©quitĂ©. Câest surtout important au flop contre un seul adversaire. Avec des over-cards Ă notre paire il a souvent autour des 25% dâĂ©quitĂ©. Lui faire folder cette Ă©quitĂ© lui fait commettre une erreur. On en revient aux raisons de miser: ce bet revient Ă un bet for bluff dans le sens oĂč nous obligeons Vilain Ă commettre une erreur en foldant son Ă©quitĂ©.
Cependant, si on cherche Ă faire folder Vilain il faut estimer avoir suffisamment de FE. La texture du board et la position sont donc primordiaux.
- Plus la texture du board connecte le range de Vilain et moins nous allons essayer de le faire folder. Dans notre premier exemple avec 55 nous cherchons Ă faire folder Vilain sur un flop quâil a rarement percutĂ©. Si le flop avait Ă©tĂ© plus haut et connectĂ©, nous aurions simplement abandonnĂ©. Donc Ă contrario plus la texture du board est neutre (touche peu les ranges) et plus nous allons essayer de faire folder Vilain, souvent dâailleurs avec des small bets comme nous le verrons plus tard.
- Nous profiterons plus souvent de la position pour faire folder Vilain. OOP il est plus difficile dâavoir de la FE et nous sommes gĂ©nĂ©ralement dans des spots plus inconfortables. PlutĂŽt que de faire grossir un pot contre un range difficilement identifiable, il est parfois prĂ©fĂ©rable de GU lĂ ou IP nous aurions misĂ©. En reprenant notre exemple avec 55 sur 842, si nous sommes MP et OOP contre un joueur compĂ©tent ou collant, il est meilleur de c/f que de miser sans avoir de plan de jeu derriĂšre. Vilain va souvent nous float et son range est plus fort.
Si on part sur un plan de multi-barrel en bluff, il faut penser avoir de la FE sur chaque street et non sur une seule. Avoir de lâĂ©quitĂ© est donc essentiel. Ceci est particuliĂšrement vrai lorque nous sommes OOP. IP nous pouvons simplement essayer de faire folder lâĂ©quitĂ© de Vilain au flop et si on Ă©choue on GU. OOP nous Ă©chouerons trop souvent contre beaucoup de profils, mĂȘme si ce nâest pas toujours vrai (comme contre les adversaires qui sont trop straighforward).
> Pour faire grossir un pot quâon va remporter la plupart du temps. Ce que lâon nomme couramment le bet for value.
Il faut garder Ă lâesprit quâon doit avoir plus de 50% dâĂ©quitĂ© face au range de call de Vilain. Si on pense avoir la meilleure main la plupart du temps, mais quâon a moins de 50% dâĂ©quitĂ© face au range de call de Vilain, on check. Si Vilain mise ensuite, on doit estimer notre Ă©quitĂ© face Ă son range de bet (value et bluff) pour prendre une dĂ©cision (fold, raise bluff, ou call).