Hello PA,
Comme indiqué dans mes posts précédents voici l’article traitant du floating (datant de fin 2018):
Qu’est-ce que le floating au poker?
Le floating est une arme indispensable pour tout joueur de poker. C’est un move avancé qui implique de suivre avec une main faible sur le flop afin de gagner le pot sur une street ultérieure en bluffant un adversaire ou au showdown.
La principale raison pour laquelle le floating est une arme si efficace est que de nombreuses mises de continuation au flop (C-bet flop) sont faites avec des mains faibles et non faites. Ces mains abandonnent souvent en checkant le turn, ce qui ouvre la porte au floating pour bluffer.
Aujourd’hui, nous discuterons du moment opportun pour float et de la manière de bien l’exécuter.
Critères pour un floating réussi
Afin de réussir un float, nous devons répondre aux 2 critères suivants:
-
Etre dans un pot en heads-up. Il est presque impossible de rentabiliser le floating dans des pots en multiway, car les chances que quelqu’un ait une main forte augmentent considérablement.
-
Ayez une certaine équité de secours lorsque vous callez le C-bet d’un adversaire. À moins que nous somme face un adversaire qui C-bet le flop puis abandonne beaucoup trop par la suite, nous devrons avoir au moins une chance d’avoir une main faite à la river au cas où notre bluff ne fonctionnerait pas.
Exemples de spots où utiliser le floating
Regardons maintenant quelques spots spécifiques où il est approprié de float. J’utiliserai Flopzilla et PioSolver pour explorer ces spots et tirer des conclusions sur le floating. (Notez que ces spots sont calculés sous l’hypothèse que nous jouons un adversaire solide avec de bonnes ranges pré-flop.)
Note de l’éditeur: Comme d’habitude, nous avons mis en évidence les parties pertinentes de chaque solution Flopzilla et PioSolver pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas le logiciel.
1. Floating vs C-bet dans un single raised pot en position (IP)
888 $0.5/$1. 6-Handed. Effective Stacks $100.00.
Hero is dealt two cards on the BU
1 fold . MP raises to $2.5. 1 fold . Hero calls. 2 folds
Flop ($6.5): 9♥ 8♠ 5♦
MP bets $4.3. Hero calls
Turn ($15.10): 5♥
MP checks. Hero…
Construisons d’abord notre range de call pour ce flop:
Cette range call vs C-bet 45,5% du temps sur ce flop (comme indiqué dans le rectangle rouge).
Ne voyez-vous pas quelque chose de mauvais avec cette range? Vous devriez, parce que nous ne défendons que 45,5% du temps, ce qui signifie que les bluffs de notre adversaire font beaucoup plus de jetons qu’ils ne le devraient - il pourrait miser avec profit avec chaque main non faite dans sa range (se renseigner sur la fréquence de défense minimale ou MDF).
Je veux illustrer avec cet exemple que non seulement le floating est un outil offensif, mais c’est aussi un outil défensif qui nous protège des joueurs qui over-bluffent au flop.
Voici à quoi devrait ressembler une range de défense adéquate ici:
Les mains nouvellement ajoutées (rectangle bleu) portent notre fréquence de call vs C-bet à 58% (rectangle rouge).
Les mains nouvellement ajoutées sont KTs – KQs et ATs – AQs avec backdoor flush draws. Ces mains représentent des mains à float idéales IP: 2 overcards avec des draws backdoor. Elles sont parfaites pour ce move car elles peuvent:
- Améliorer en une paire supérieure solide avec les deux overcards.
- Améliorer vers un flush draw au turn, puis en une flush sur la river.
- Améliorer vers un straight draw au turn, puis en straight sur la river.
- Aller au showdown et gagner (rare mais possible).
Les trois premiers points font de ces mains des opportunités de bluff rentables au turn.
2. Floating vs C-bet dans un single raised pot hors de position (OOP)
Jetons un coup d’œil à la main suivante:
ACR $1/$2. 6-Handed. Effective Stacks $200.00.
Hero is dealt two cards in the BB
3 folds . BU raises to $5. SB folds . Hero calls.
Flop ($11): 8♠ 8♥ 4♥
Hero checks. BU bets $8.2. Hero calls
Turn ($27.4): 5♥
Hero checks. BU checks
River ($27.4): 4♣
Hero…
Pour ce spot, nous allons sortir notre solveur. Voyons à quoi devrait ressembler notre range de floating par rapport à un sizing équilibré de 75% de la taille du pot. (Vous devrez peut-être zoomer pour voir certains détails.)
Les mains à float sont indiquées dans le rectangle bleu (sauf A8 qui sera check-raise en grande fréquence).
Être hors de position (OOP) nous met dans un grave désavantage stratégique, ce qui est apparent dans cette situation car nous ne pouvons float avec profit qu’avec: A♥5x, Ax5♥, A♥6x, Ax6♥, A♥7x, Ax7♥, A♥9x, Ax9♥, A♥Tx, AxT♥, AJo, A♠5♠, A♠6♠, A♠7♠, A♠9♠, K♥Jx, KxJ♥, K♥Qx, KxQ♥, K♠T♠, K♠9♠, et Q♠9♠ (par opposition à toutes les mains avec 2 overs + BDFD).
OOP, nous allons float avec tous nos Ax qui ont un backdoor flush draw et les combos de Kx les plus forts qui ont également un backdoor flush draw. Ceci, cependant, dépend fortement de la texture du board - plus le board est wet (humide contenant beaucoup de tirages), moins nous voulons float, et plus le board est dry (sec sans tirage), plus nous voudrons float.
Sur la river, pour équilibrer nos values, nous prendrons notre showdown value avec nos Ax tout en bluffant avec nos floats Kx et Qx. Si nous avons pas de floats avec ce types de mains, nous aurions une range de bet river déséquilibrée, car nous ne serions pas en mesure de trouver suffisamment de bluffs pour équilibrer nos value bets.
3. Floating vs C-bet dans un 3bet pot en position (IP)
Ce spot est similaire à notre premier exemple, comme cela se produit souvent dans la dynamique BB vs BU et SB vs BU. Ces situations présentent une interaction range vs range similaire car nous avons une range OOP linéaire et non capée (BB ou SB) jouant contre une range linéaire, capée en position (BU).
Prenons le pot suivant BU vs SB 3bet:
Ignition $2/$4. 6-Handed. Effective Stacks $400.00.
Hero is dealt two cards on the BU
3 folds . Hero raises to $10. SB 3bets to $36 . 1 fold . Hero calls.
Flop ($76): T♠ 8♦ 4♥
SB bets $38. Hero calls
Voici à quoi ressemblerait notre range si nous ne callons qu’avec des draws «réels» (gutshots ou mieux):
Cette range call vs C-bet 53,1% du temps sur ce flop (comme indiqué dans le rectangle rouge).
Comme vous pouvez le voir, nous sous-défendons à nouveau massivement car les bluffs de notre adversaire ne doivent fonctionner que 33% du temps compte tenu de la taille de son sizing demi-pot.
Voyons à quoi devrait ressembler notre range par rapport à un C-bet demi-pot dans cette situation (vous devriez être en mesure de la construire vous-même maintenant après avoir vu l’exemple précédent):
Les mains nouvellement ajoutées (rectangle bleu) portent notre fréquence de call vs C-bet à 72,2% (rectangle rouge).
Ici, tout comme je l’ai fait dans le premier exemple, j’ai ajouté les mains avec 2 overcards + backdoor flush draw et A9 / K9 avec un BDFD. Mais étant donné que notre adversaire ne C-bet que demi-pot cette fois, nous devrions float avec encore plus de mains. Donc, dans ce cas, j’ai également ajouté tous les combos AQ pour se défendre correctement contre le C-bet de notre adversaire.
Nous devons toujours nous adapter en fonction du sizing de notre adversaire. S’il effectuait un C-bet d’un tiers du pot à la place, alors nous commencerions à suivre avec 22, 33, et ajouterions AJo et KQo pour se défendre correctement contre son C-bet.
4. Floating vs C-bet dans un 3bet pot hors de position (OOP)
Jetons un coup d’œil à un autre exemple de main:
888 $1/$2. 6-Handed. Effective Stacks $200.00.
Hero is dealt two cards in MP
1 fold. Hero raises to $5, 1 fold. BU raises to $15. 2 folds. Hero calls.
Flop ($33): 8♠ 8♥ 4♥
Hero checks. BU bets $16.5. Hero calls
Sur ce type de board, le joueur en position (IP) a un énorme avantage de range (avantage en équité) et un avantage de nuts. Il aura l’avantage de nuts parce que QQ + deviendra les nuts avec ce stack-to-pot-ratio dans ce spot.
Ces deux facteurs, combinés au fait que nous sommes OOP, nous éloignent de la fréquence de défense minimale.
Pour plus de précision, j’ai mis en place une autre simulation en utilisant notre range de défense MP et la range de 3bet du BU:
Cette range fold 48,4% vs C-bet de BU (rectangle rouge)
Nous allons call avec tous les AQ avec backdoor flush draw, 40% des AJ avec BDFD, 30% des AT avec BDFD, 50% des KQ avec BDFD et 15% des KJs et KTs avec BDFD.
Nous voyons qu’aucune de nos règles ne s’applique dans ce spot. Pourquoi donc? Je pense que c’est pour plusieurs raisons.
Premièrement, le joueur IP a un énorme avantage d’équité et de nuts. Cela signifie qu’il a une concentration plus élevée de mains à forte équité que nous.
Deuxièmement, nous sommes OOP. Cela signifie que nous devons toujours agir en premier, ce qui nous place dans une position stratégique désavantageuse, ce qui rend plus difficile l’extraction de value et plus difficile de bluffer efficacement (d’où l’intérêt d’éviter de call trop les 3bets OOP).
Et enfin, le SPR (stack-to-pot-ratio) est faible. Par rapport à un SPR où nous pourrions call un C-bet de 4BB afin d’avoir une chance de destacker les 100bb d’un adversaire, nous faisons ici un investissement beaucoup trop important pour prendre son stack, ce qui signifie qu’il est moins rentable.
En somme, en tant que caller pré-flop OOP dans un 3bet pot, nous devons choisir nos mains à float beaucoup plus soigneusement. Nous choisirons les meilleurs combos qui bloquent la range de value de notre adversaire (QQ +, généralement), qui seront très souvent des AQ avec un backdoor flush draw et des KQ avec un BDFD.
Conclusion
Il est important pour chaque joueur de poker de maîtriser le floating. Exécuté correctement, il améliorera votre win-rate et vous aidera à devenir un adversaire plus coriace et plus complet.
Merci d’avoir lu et n’hésitez pas svp à me signaler toutes coquilles possibles!
L’article, pour ceux que ça intéresse au format PDF pour un meilleur confort de lecture:
Perfectionner sa stratégie avec le floating.pdf (564,9 Ko)
Le prochain article traitera du C-bet en 2 parties (IP & OOP).
A très bientôt