Pensées existentielles sur ma condition pokérienne

Bon après avoir joué pas mal de sessions et quelques centaines de milliers de mains, je vois la vérité en face : je n’ai aucun talent. Bien sûr, j’ai étudié les vidéos de poker academie, lu les ebooks techniques et acheté Poker Théorie de Sklansky. J’ai appris le vocabulaire spécifique qui permet d’avoir la classe, de se la jouer devant les vrais débutants ou les casual gamers. Je peux les méprendre et les traiter de donks “parce qu’ils callent les draws sans les cotes”, ou tant d’autres. Mais quand je joue moi-même quelqu’un qui comprendun peu le poker, il n’y a plus personne.
Car il ne suffit pas d’appliquer mécaniquement la théorie, de jouer toujours de la même façon, de dire "moi je suis loose, moi je suis agressif, moi je, moi je…sans rien comprendre de pourquoi il faut jouer comme ça. Le poker est trop souvent tourné vers l’ego, et l’on ne joue pas de façon neutre ou objective comme on devrait le faire. D’où le tilt. Mais est-il possible de jouer de manière totalement libérée, sans s’investir personnellementdans la partie, sans appliquer bêtement et succintement les choses que l’on a vues sur les vidéos ou appris dans les livres, de laisser place à la créativité? Car pour ma part, chaque action est mécanique, pour chaque décision un peu délicate, je me réfère mentalement à des moves que j’ai vus dans les vidéos, pour jouer comme un bon joueur, pour imiter. Je constate que c’est pareil pour pas mal de joueurs. On poste nos mains pour demander conseil, on veut des moves déterminés pour chaque situation, on voudrait apprendre un ensemble de règles figées qui régirait notre jeu et nous permettrait d’être gagnant. Aux échecs, il y a un meilleur coup, mais au poker? N’est-ce pas un jeu d’adaptation? Pourquoi alors rester prisonniers des instructions mortes qu’on nous a données?
La vraie question est pourquoi joue t-on au poker? Je ne me risque pas à généraliser mon cas, mais je pense qu’il est quand même applicable à d’autres, de par les problèmes d’addiction existants : je fuis. Le poker est un échappatoire dans lequel je me réfugie bien des heures, et j’essaie de compenser la frustration accumulée dans la journée par la satisfaction d’avoir pu dominer et soutirer quelques euros à mon adversaire. Je ne joue pas pour jouer, mais pour battre mon adversaire. Pour qu’il soit faible et moi fort. Pour être un bon joueur, et plus généralement pour exister, avoir un statut, “joueur de poker”. Je ne joue pas pour l’aspect matériel de l’argent, pour sa nécéssité (de toute façon je suis perdant), mais pour la satisfaction ephémere que j’ai de l’avoir gagné, et de me comparer fièrement à ceux qui gagnent moins. C’est une affaire d’ego.
Lorsqu’on apprend à jongler ou à faire du roller, on n’a pas d’adversaire humain auquel on puisse se comparer, ce qui élimine l’ego et le tilt potentiel. On apprend indépendamment de la raison qui nous pousse à faire la démarche d’apprendre. Or, je constate que quand la raison, l’objectif est toujours présent, il empêche la réceptivité nécessaire à un apprentissage efficace d’exister, et je dirais même, au talent d’éclore.
Il commence donc à me paraître évident que je suis dans un tourbillon de pensées stérile, et que plus je m’acharnerai à vouloir grinder pour les raisons évoquées plus haut, moins mon cerveau sera efficace. Ce qui remet tout en cause psychologiquement, c’est le fait de découvrir que l’intention de progresser comme je l’ai décrite, est en fait un obstacle à la progression. Il va falloir remettre de l’ordre là dedans…

allo puma es tu la? on a trouvé un gars qui veut te parler mais depuis la defaite du barca et de madrid on le voit plus… :laugh: :laugh:

Je pense que c’est puma qui a créé un nouveau compte sr pA

Non je ne suis pas puma :whistle:

Après Booba,c’est le retour de Remi Epinoux. :laugh:

Plus sérieusement, c’est un joli texte ,écrit intelligemment, et plutôt juste sur certains points, du moins en nano limites .
N’oublie pas cependant que si tu ne joue pas pour l’argent ce n’est pas forcément le cas de tes adversaires.
Tu joues avant tout pour monter une BR, c’est le meilleur moyen de changer de limite et donc de progresser dans ton jeu.
Et quand ta BR sera conséquente tu chercheras avant tout à la protéger. :slight_smile:
Tu dis ensuite que le poker est un jeu d’adaptation mais tu te sens formaté par les videos et les bouquins.
Il y a là une certaine contradiction.
Un livre est forcément théorique, le forum te donne l’avis de plusieurs joueurs qui n’ont pas forcément la même vision des choses, et la vidéo d’un prof vise à t’orienter vers le coup optimal(comme aux échecs)

Perso je joue au poker d’abord parce que j’aime ce jeu obv mais surtout parce que j’aime l’argent et que j’en veux :evil:

Le poker est effectivement un jeu d’adaptation , le but n’est pas d’avoir des mooves determinés lorsque l’on poste des mains , c’est d’ailleurs pour cette raison que l’on rajoute généralement les informations que l’on a de l’adversaire . Le véritable but de poster ces mains c’est d’avoir l’avis de joueurs plus expérimentés pour savoir comment se comporter vs tel type de joueur , dans telle situation mais surtout comprendre pourquoi afin de pouvoir appliquer des raisonnements analogues à des situations plus ou moins différentes .

Imo tu ne joues pas pour les bonnes raisons , par définition si tu fuis ta vie lorsque tu joues , tu pourrais faire n’importe quoi d’autre pourvu que cela te fasse oublier ton quotidien . Je ne pense pas que cela soit une motivation suffisante pour progresser dans les meilleures conditions .

Le bon coté dans tout ca c’est que tu as le désir de battre tes adversaires , un esprit competitif donc , à toi de te servir de cette esprit de compétition comme levier pour essayer de comprendre tes adversaires et de t’adapter de la meilleure des facons pour tout leur prendre sur le long terme , il ne s’agit pas de harceler vilain pendant tout le match pour finir par se faire destack quand il a une main .

tiens tiens, il y a de moi dans ce debref, y a quelques mois :wink:
plus sérieusement, il est impératif, de te déterminer des objectifs à courts et longs termes. qu’ils soient récréatif ou de vouloir progresser.
mais si tu veux progresser, il te faut accepter que le chemin sera long et difficile, que tu devra avoir une discipline de fer et dans ces premières étapes être le plus ABC possible. regarde simplement la différence entre les bons joueurs de foot qui évoluent dans les meilleurs club et ceux qui reste dans le club de leur quartier pour prendre du plaisir avec leurs potes…
le travail, encore le travail et tu verra, le déclic viendra et plus rien ne pourra t’arrêter :wink:

GL pour la suite :wink:

sur le fond je vois cque tu veux dire,mais sur la forme peux tu nous en dire plus?
tu joues quoi quelle bkr management,quelles limites,quelle variante,combien d’heures etc.
je crois que meme si on aime ce jeu il faut apprendre a s’en detacher,ne pas faire que ca et surtout le prendre comme un loisir-plaisir sans se faire d’illusions.
hein puma!! :laugh: :slight_smile:

Attention, une belle névrose te guette :wink: , non plus sérieusement :

Voilà des pensées « existentielles « bien intéressantes. Une chose importante est que ces pensées évidemment t’appartiennent, dans le sens où ton axe de réflexion est lié à ta propre histoire. Ça ne sera pas forcément vrai pour un autre joueur même si il peut y avoir des similitudes. Toutefois, je trouve très intéressant d’en discuter, non pas en te soumettant un avis lié à ma propre histoire pokeristique mais plutôt en mettant en lumière ce qui te fait penser ainsi.

Ce que tu évoques au sujet du poker qu’il représente pour toi une échappatoire dans lequel tu te réfugies pour compenser la frustration accumulé dans ta journée. Ceci est aussi un comportement qui se retrouve régulièrement chez les mauvais perdants, allé chercher dans le jeu une reconnaissance qu’ils ne trouvent pas ailleurs. Ce n’est donc pas au niveau du poker qu’il faut regarder et tu l’as à mon avis bien compris mais plutôt de quelle manière tu réponds à tes propres besoins dans ta vie.

Ce fonctionnement que tu évoques en « imitation » pour ton apprentissage au poker est en quelque sorte tout à fait normal dans les débuts, la confiance en tes capacités n’étant pas encore avéré, il faut des bases solides pour construire un potentiel bon joueur. Pour laisser libre cours à sa créativité, il faut se libérer du « contrôle » permanent. Vouloir contrôler les cartes, son adversaire, la variance etc… demande une énergie considérable, ce surplus d’énergie se transforme souvent en tilt d’ailleurs. La vie est faite de pulsations en contrôle et lâcher prise, ce n’est que lorsqu’on trouve cet équilibre que la « zone » devient possible. Les joueurs en revanche axé simplement dans le plaisir, en lâcher prise auront beaucoup de mal également à devenir gagnant, ils n’auront pas l’énergie nécessaire pour apprendre de leur jeu, de leurs adversaires etc…

Je ne pense pas que tu n’ai aucun talent pour le poker comme tu le prétends, ta façon de penser me ferait même penser l’inverse. Tu n’agis et ne perçois pas certaines choses de la bonne manière :wink:

Ne te fixe pas d’objectif, surtout pas ! Au poker, encore plus qu’ailleurs, les objectifs remplissent le tonneau des Danaïdes. Ils ne font qu’ajouter de la frustration à la frustration…

Essaie juste de donner le meilleur de toi-même, à chaque instant, indépendamment du résultat final…

Gl aux tables :wink:

Salut,

Je pense que tu n’utilises pas la bonne manière de progresser. En effet, il ne suffit pas d’imiter les mooves des bons joueurs comme tu l’as justement souligné.
En fait il s’agit de se dire pourquoi on fait ça ici et pas là ? Une fois que tu connais le pourquoi du comment ca devient easy game. En parlant d’easy game, je ne peux que te conseiller un livre : easy game de BalugaWhale volume III.

A bientôt!

Mais tu n’as aucun talent.

Commence par croire ça vraiment, la suite viendra toute seule…

Voici un post intéressant que j’avais mis de côté, puisque le mot « existentiel » a été prononcé, j’imagine que cela me donne le droit de pondre un pavé…

Je trouve que tu mélanges plusieurs choses qui sont parfois incompatibles entre-elles. Pour commencer, la question du talent. Apprendre c’est bien, encore faut-il avoir la bonne méthodologie. On peut bosser des heures, lire des livres et regarder des vidéos, si on a pas la bonne méthodologie, on va ramer. Il faut savoir prendre des notes, éviter de perdre du temps à lire des livres désuets comme Poker Théorie et surtout passer d’un apprentissage passif à un apprentissage actif, ce qui veut dire confronter ses analyses à celles des autres. Beaucoup de joueurs ont l’impression de comprendre les choses alors que ce n’est pas le cas, c’est un peu la différence entre penser qu’on comprend un exercice de maths et le reproduire. Le poker, tout comme les échecs, est bien plus un jeu de mémorisation qu’on ne veut le croire. Lorsque tu penses créer quelque chose, tu t’appuies en fait inconsciemment sur des milliers de situations déjà vécues qui te font prendre les bonnes décisions. La créativité est bien moindre que tu ne peux le penser et quand bien même, l’absence de talent n’est pas un défaut qui t’empêchera de gravir les limites jusqu’en NL 200/400 je dirais. C’est juste que tu mettras trois fois plus de temps à assimiler les concepts…Pour moi, et je suis catégorique à ce sujet, si tu ne progresses pas ou que tu es perdant, cela provient de deux facteurs : un manque de méthodologie/d’investissement ou des leaks mentaux.

Puisque tu prononces le mot « existentiel », je me permets de rebondir dessus. Toutes les philosophies au sens large disent dans les grandes lignes la même chose. Notre être doit faire face à son caractère fini, c’est-à-dire au fait qu’un jour il ne sera plus et durant ce temps qui lui est imparti, il aimerait bien faire quelque chose d’un peu sympa. Il y a une sorte de dette envers la vie : je dois créer quelque chose pour que celle-ci ne fût pas vaine. En somme se créer des barrières pour ensuite les sauter…Cette dette a un poids, c’est une charge qui crée une tension. Cette prise en charge se matérialise par le biais de projets, que ce soit des projets professionnels, amoureux, etc. Les passions font parti de cette prise en charge car elles demandent de l’investissement. J’entends par passion le fait de s’investir régulièrement dans une activité de manière construite. L’opposé de cette prise en charge, c’est la dérobade et son avatar le plus connu est le divertissement, par exemple regarder la télé ou jouer. Le divertissement est ce qui nous éloigne de l’essentiel. Il est aussi ce qui nous permet de prendre une pause, d’oublier durant un temps la tension de l’existence. L’addiction est en quelque sorte le fait de devenir esclave de ce mode d’existence (la dérobade). D’ailleurs l’étymologie du terme renvoie à la notion d’esclavage. Nous nous dérobons face à la charge de l’existence et nous créons un monde hors du temps où tout est léger. Le problème, c’est que cela ne peut durer éternellement, ce que nous fuyions revient toujours et de manière toujours plus violente. Je ne parle pas de toi, mais certains voient fantasmatiquement dans l’argent la réponse à tous leurs problèmes. C’est pourquoi lorsqu’ils gagnent, ils s’empressent de tout reperdre sans quoi ils seraient sommés de faire face à ces fameux problèmes.

Si ton plaisir est juste de battre des adversaires (ce qui n’est pas le but pour un joueur « sérieux »), il n’y a rien à redire là-dessus. Mais il faut vraiment avoir conscience que tu es alors sur le mode du divertissement, c’est-à-dire que tu évacues une tension au même titre que de regarder la télé ou de jouer à un jeu vidéo. Là où les choses sont incompatibles, c’est que tu veux en même temps avoir un certain niveau au poker. Cela demande comme je te l’ai dit de l’investissement, de la concentration et de la discipline, donc crée de la tension. Paradoxalement, jouer au poker en tant que passion n’est pas un divertissement, ce n’est pas un jeu puisque ce terme renvoie à ce qui est insignifiant, au badinage. La passion fait partie d’un mode de prise en charge de notre existence, elle demande de l’effort. La passion construit, contrairement au divertissement et à l’addiction. Simplement, les crises que nous pouvons rencontrer ne sont pas aussi intenses que celles qui peuvent venir jalonner d’autres pans de notre existence (deuil, licenciement, séparation amicale/amoureuse, etc.). Mais sa structure reste en son fond la même que ces grands thèmes de la vie. Là où je veux en venir, c’est que si tu réagis à une tension (la frustration accumulée durant la journée) par une autre tension (devoir être patient, supporter les bad beats, accepter d’être le fish d’un autre, etc .) et bien les choses ne peuvent pas tenir, tout simplement. Et si les choses ne tiennent pas quand tu joues…et bien tu n’avances pas…

Je te conseille plus d’avoir un véritable moment de détente avant de passer à un autre moment qui est celui consacré à ta passion. Plus difficile, tu peux aussi jouer sur ces deux modes en ayant deux bankrolls. Par exemple une bankroll où tu vas jouer des SNG HU à 1 € et te défouler et une autre consacrée au poker en tant que passion où tu vas jouer en NL 10 par exemple de manière sérieuse et concentrée. L’important est que ta bankroll secondaire se situe quelques limites en dessous de la principale, ainsi les pertes ne t’affecteront que très peu et tu auras toujours du plaisir à gagner…et à faire n’importe quoi…

Bon j’espère avoir été à peu près clair, j’occulte certaines notions pour éviter d’écrire 20 pages mais j’espère que ça ne rendra pas mon propos incompréhensible…