Cash game High-Stakes, les confessions de Vuong partie 1

Cash game High-Stakes, les confessions de Vuong partie 1

Certains joueurs rêvent de monter une bankroll suffisante pour jouer en high-stakes, d’autres prennent du plaisir juste en  regardant ces parties. Après quatre années en tant que joueur régulier des tables high-stakes, je vais vous partager mon expérience, mon ressenti à travers différentes sessions, et ce que le poker à ces tarifs m’apporte en bien ou en mal dans la vie courante.

 

High-stakes-vuongPrésentation d'un joueur de high-stakes 

Je m’appelle Vuong, connu online sous le pseudo de canar_laqué sur Winamax. Je suis avant tout un étudiant en informatique de 23 ans et je joue au poker en parallèle.
Je grind principalement les tables short handed, de la NL400+ à la NL2K sur le .fr. Il m’est arrivé de jouer des parties beaucoup plus chères, à hauteur de blinde de 25/50 et 50/100 sur le .com, ou bien à l’Aviation Club de France (ACF), le célèbre cercle parisien des Champs-Elysées.

Le monde des high-stakes face au monde réel 

Les gains tirés du poker peuvent être importants. Les mouvements d’argent en high-stakes sont élevés, puisque des milliers de dollars peuvent passer d’un joueur à un autre en quelques secondes.
Pour ma part, il y a trois ans, je ne considérais pas l’argent de ma bankroll comme de l’argent réel, mais plutôt comme des points que je gagnais ou perdais, tel un jeu vidéo. Avant chaque début de session, je regardais mon cashier, et en fin de session je savais si j’avais gagné ou perdu des points. Lorsque je joue à une table, je ne raisonne pas en valeur monétaire, surtout lorsque les tarifs sont élevés.
Le fait de perdre la notion d’argent tout en gardant une once de  conscience permet de passer un cap, celui de scared money, et donc de progresser.  Aujourd’hui, je garde d’une part cette vision des points qui grimpent ou descendent, mais d’une autre part je considère davantage la notion d’argent même lorsque je joue.
On peut se demander comment un étudiant n’ayant jamais travaillé (hors mis quelques stages) se comportent dans la vie courante avec de telles fluctuations d’argents. Pour ma part, je dépense de l'argent de façon relativement sérieuse contrairement à la plupart des jeunes joueurs de poker, qui peuvent dépenser des milliers d'euros dans des soirées.  Le poker m’apporte un confort financier. Je peux me permettre de manger au restaurant et y inviter ma copine ou mes amis sans me soucier du prix, prendre le taxi dans Paris, aller au cinéma ou acheter les vêtements que je veux.
Bref, c’est une belle vie pour un étudiant. En commençant le poker, je n’avais pas cet objectif en vue. En effet, spectateur régulier des parties des grands joueurs tels que Isildur1 ou Durrrr, mon objectif principal était d’atteindre ce niveau afin de les affronter. Malheureusement, je n’ai pas réussi à me hisser parmi eux, mais cette volonté de vouloir devenir un très bon joueur m’a permis d’acquérir un niveau dont je suis satisfait. Finalement, quand j'y repense, j'ai commencé le poker par esprit de compétition et non pas pour l'argent. Mon souhait le plus cher était d'affronter les plus grands joueurs de la planète et de les battre. Cette idéologie m'a faire perdre du winrate (je n'ai jamais refusé de jouer contre quelqu'un, même meilleur que moi) mais m'a permis de progresser vite. 
On peut donc dire que j'ai payé pour apprendre !

Mes sessions de high-stakes

Mon humeur pendant ou après une session peut varier. Bien entendu je suis content lorsque je gagne, et « triste » quand je perds. Mon humeur suite à une grosse perte peut être affecter, je me sens bête et je pense à ce que j’aurais pu faire de cet argent si je ne l’avais pas perdu.
Il m’est cependant arrivé plusieurs fois de perdre plus de 10 ou 20k sur une seule session, et ne rien ressentir de particulier, surtout si je ne pense pas avoir mal joué. Certaines sessions qui se terminent par une perte beaucoup plus petites peuvent m’affecter bien plus, par exemple si je joue mal et commence à tilter. Dans ce cas là, je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même.
Il faut bien comprendre que pour jouer en high-stakes, il faut savoir encaisser les mauvaises sessions, et être détaché de l’argent. Il est pratiquement impossible de faire un bluff à 600 € sur la river tout en se disant que l’on mise la moitié d’un smic en espérant que l’adversaire se couche. Une session positive me fait sourire, mais ne me rend pas heureux pour autant. Je me rappelle qu’une de mes meilleures sessions fut très courte, d’une durée d’environ 1h30 à l’ACF en Omaha 25/50 deep avec option obligatoire dans laquelle je prends 25K. Dans cette partie on retrouvait des stars de poker françaises, tels que David Benyamine, Antony Lellouche et Basou. Cette magnifique session ne m’a pas rendu spécialement heureux, bien qu’ayant gagné beaucoup d’argent, je ne me sentais pas satisfait pour autant.
Les sommes gagnées semblent astronomiques, et pour un étudiant de mon âge, je vis un rêve. Je sais aussi que je peux perdre la même somme une ou deux sessions plus tard, même en jouant un jeu correct. J’ai également pu jouer sur fulltilt.com lors de la réouverture en NL5K head’s up, contre un joueur que je pensais mauvais au début, mais qui s’est avéré au final excellent, d’une part par rapport à la correction qu’il m’inflige, une perte de 30 000 sèche, mais également par les limites qu’il joue. Il a récemment disputé un match contre Isildur1 à hauteur de 400/800… Suite à cette défaite j’étais un peu confus, je trouvais le joueur très moyen puis j’ai réfléchi aux différentes situations que j'ai rencontré durant le match, avant de comprendre qu’il m’était largement supérieur et que sur le long terme je perdrais davantage à jouer contre lui.

 

La suite dans mon prochain article...

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