Nanard sauveur ou fossoyeur de Full Tilt Poker?

Nanard sauveur ou fossoyeur de Full Tilt Poker?

Le Groupe Bernard Tapie va-t-il sauver Full Tilt ? Avez-vous une chance de revoir votre argent si vous jouiez sur cette room ? Comment Full Tilt parvenait à animer des parties high stakes aux montants faramineux ? Le sujet a été analysé en large et en travers sur le web. Il est temps de faire le point sur ces différentes questions.

Bernard Tapie Full Tilt PokerJe concluais mon dernier article sur la saga Full Tilt Poker (FTP) fin septembre en annonçant l’éventualité d’un rachat par un groupe français. Cocorico, la bonne nouvelle s’est réalisée et c’est le Groupe Bernard Tapie (GBT) qui a remporté le morceau.

On ne compte plus depuis les articles optimistes sur l’imminence d’un remboursement des joueurs et du redémarrage de la room. J’ai décidé pour ma part de m’abstenir de tout commentaire afin de laisser le maximum de chances à l’affaire de réussir. J’ai craqué. Je romps ce silence après cinq longs mois. Pas pour donner de scoop, mais pour commenter l’énième rebondissement de l’affaire.

Dans une interview au magazine iGaming, Laurent Tapie menace

Dix neuf joueurs High Stakes doivent à eux tous un total de 16,5 millions de dollars. Soit ils remboursent GBT soit ils porteront la responsabilité que personne ne soit remboursé puisque la reprise de Full Tilt sera abandonnée. Cette offensive médiatique est relayée par l’avocat du groupe qui balance à la presse les noms et les sommes dues par ces mauvais payeurs.

La communauté des joueurs se mobilise. Une pétition circule sur le net pour bannir les dix neufs des prochains WSOP. Mon intérêt serait d’hurler avec les loups. Afin d’augmenter mes chances d’être remboursé à mon tour. Mais mon point de vue est assez différent des articles et commentaires que j’ai pu lire ici ou la.

Actifs ou mauvaise gestion?

Soulignons d’abord qu’ouvrir des lignes de crédit aux « High rollers » est une pratique commune dans tous les casinos du monde. Le site n’a pas prêté de l’argent à ces joueurs, mais leur a permis de jouer à crédit et ils ont perdu. Et c’est là où le bât blesse.

Full Tilt a fait faillite à cause de sa mauvaise gestion. Ces dettes font-elles partie de la mauvaise gestion ? A mon avis sans aucun doute. Citons le cas de Mike Matusow. Selon l’avocat de Tapie, il doit 700 000$. Mais il recevait un salaire de 360 000$/an. Il suffisait à la room de bloquer son salaire sur deux ans pour être remboursée. Au lieu de cela elle a continué les transferts même après le Black Friday.

Je ne veux détruire la réputation de personne, mais la dette Layne Flack est-elle à mettre sur le compte des pertes dues aux erreurs des dirigeants ou faut-il la considérer comme un actif du site ? Je doute grandement sur les capacités du joueur à rembourser. Et ce n’est pas le seul de la liste dans ce cas.

Mauvaise gestion ou stratégie marketing?

Et puis l’affaire est beaucoup plus complexe. Au delà de la mauvaise gestion, Full Tilt a construit sa renommée autour des parties High Stakes. Si le site n’avait pas offert ces « facilités », la room n’aurait pas connu un tel développement ni un tel succès. On peut donc voir sous un certain angle ces dépenses en « budget pub ».

Soulignons également que certains des anciens actionnaires étaient doublement intéressés. Faisant partie des plus gros gagnants des parties High Stakes, ils avaient tout intérêt à ce que FTP injecte de l’argent afin qu’elles perdurent.

Ces dettes symbolisent à elles seules les raisons du naufrage de la salle de jeu. Où s’entrecroisent erreurs de gestion, copinage, et intérêts personnels des actionnaires.

Vont-ils rembourser ?

Laurent Tapie a donné des bons points à Tom Dwan et John Juanda pour leur volonté à rembourser. Matusow a déclaré sur twitter ne rien devoir. Barry Greenstein a reconnu publiquement le montant de son ardoise. Il veut bien rembourser FTP ou un fonds destiné aux joueurs américains, mais pas le groupe Bernard Tapie. Il y a peut être une certaine hypocrisie. Si le rachat est abandonné sa dette sera effacée. Mais sur le fond, on ne peut pas non plus lui donner complètement tord.

Un groupe qui rachète une entreprise en faillite est-il en droit de réclamer les créances auprès des débiteurs de cette entreprise sous peine d’annuler son rachat ? L’avocat de ce groupe est-il en droit de lâcher à la presse et à la vindicte populaire le nom de ces débiteurs et le montant de leurs dettes ?

Pour moi la réponse est non à ces deux questions et je trouve le procédé détestable.

Vont-ils nous rembourser ?

Il est certain que GBT ne récupèrera pas l’intégralité des 16,5 millions. Il n’a pas pu intégrer cette somme dans son projet initial de reprise, car c’est une information qu’il ne pouvait pas alors connaître.

La manœuvre vise t’elle à récupérer le maximum d’argent afin baisser le coût de l’opération? En faisant pression sur ceux qui ont les moyens d’honorer leurs dettes. Où s’agit-il pour GBT de trouver une excuse pour faire marche arrière ? En réalisant que l’affaire n’est pas si juteuse. Je pense que le feuilleton est loin d’être terminé.

Sans vouloir jouer les cassandres, même si l’affaire se conclue, la route est longue avant que l’on retrouve notre bank roll en espèces sonnantes et trébuchantes. GBT a fait appeler quelques uns des plus gros comptes de la room pour leur suggérer d’être remboursés selon les alternatives suivantes :

  • Tout de suite mais en actions
  • Tout de suite mais pas tout
  • Tout mais pas tout de suite

En attendant de revoir l’argent sur mon compte en banque, je reste donc circonspect. Je ne serai pas aussi naïf que les salariés de Manufrance, Testut, Terraillon ou Wonder qui ont crus aux promesses du repreneur Tapie dans les années 80.

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