Eurovegas : los indignados contre le milliardaire américain

Eurovegas : los indignados contre le milliardaire américain

Sheldon Adelson, une des plus grosses fortunes mondiales, propriétaire de casinos à Vegas, Macau et Singapour, veut créer un Vegas européen, dans la banlieue madrilène. La gauche espagnole est fortement opposée à ce projet.

Sheldon Adelson, le magnat des (very) high stakes

Né en 1933 à Boston d'un père chauffeur de taxi, Sheldon Adelson commença à travailler à l'âge de 12 comme vendeur de journaux. Devenu courtier, il créa plusieurs sociétés avant de réussir dans l'informatique.
En 1988, il acquit son premier casino à Vegas. En 1991, son voyage de noce à Venise lui donna l'idée de construire the Venetian, gigantesque casino-hôtel reproduisant bâtiments et canaux vénitiens à Vegas. Il devint également propriétaire de casinos à Macau et Singapour.
En 2008, Forbes classait Adelson 12ème personne la plus fortunée au monde. Mais, en pleine crise économique, le casinotier établit la plus grosse perte annuelle de tous les temps : 30 milliards de $ (soit plus de 82 millions par jour !). En 2009, Adelson n'était plus que 178ème au classement Forbes avec à peine plus de 3 petits milliards. Depuis lors, Adelson run good à nouveau, sa fortune étant estimée à 26,5 milliards en 2013...

Pas à un paradoxe près, le casinotier s'était récemment fait remarquer pour sa charge contre le poker en ligne, qu'il qualifia de "cancer qui attend de se développer", considérant en outre que "Toute cette histoire de jeu d'adresse à propos du poker, ce sont des foutaises. Obtenir des cartes n'est pas basé sur l'adresse. Je sais que des gens disent que ça l'est, mais c'est juste pour catégoriser le poker dans un certain segment."

Actif dans le lobby anti poker en ligne, (probablement plus par peur de la concurrence de rooms qui chercheraient à acquérir des casinos, comme Pokerstars, que par conviction), Adelson cherche à s'étendre toujours plus dans le marché live. Après les Etats-Unis et l'Asie, Adelson décida de s'attaquer à l'Europe. Son projet : sortir de terre tout un Las Vegas européen, baptisé Eurovegas.

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La bataille fut rude entre les deux meilleures ennemies pour l'obtention du projet, qui est le plus gros investissement privé en Europe. Après d'âpres discussions, Adelson choisit la ville d'Alcorcón, à 13km au Sud de la capitale ibérique, pour l’implantation de ses 6 casinos, 12 hôtels pour 36 000 lits, 9 théâtres, 3 terrains de golf, sans mentionner les innombrables bars, restaurants et discothèques.

Pharaonique, le projet pèse 35 milliards d'euros, dont un tiers est investi par Adelson via son entreprise Las Vegas Sands. Les bénéfices escomptés sont à la hauteur des coûts : on avance les chiffres de 250 000 emplois directs et indirects et une hausse de 50% du tourisme madrilène, soit 5 millions de touristes joueurs par an.

Dans une Espagne en pleine crise, on aurait pu s'attendre à ce que les Espagnols accueillent Eurovegas avec enthousiasme. Il n'en fut rien.

Le mouvement Eurovegas No

Peu après l'acceptation du projet par l'agglomération madrilène, un collectif contestataire s'est organisé sous l'appellation "Eurovegas No", très actif aussi bien sur les réseaux sociaux que dans la rue. Selon eux, Adelson profiterait de l'impossibilité pour le gouvernement espagnol de refuser cet investissement, pour imposer sa propre loi.

Ainsi Adelson exige, entre autres :

  • l'autorisation de fumer dans les casinos
  • l'accès aux zones de jeu pour les mineurs et les dépendants aux jeux
  • aucune contrainte horaire de fermeture
  • une fiscalité réduite et des exonérations de charges
  • un assouplissement du code du travail

Eurovegas No, soutenu par les socialistes, craint également la venue de la mafia, avec son lot de prostitution, de drogue et d'argent sale. Rappelons que c'est à la mafia que Las Vegas doit ses beaux jours, quand les mafiosis se sont rabattus de Cuba au Strip, après la prise de pouvoir de Castro. En outre, Eurovegas No conteste le chiffre de 250 000 emplois, jugé beaucoup trop optimiste.

Eurovegas est-il profitable aux Espagnols ou à Adelson ? Les bénéfices resteront-ils en Espagne ou repartiront-ils aux Etats-Unis ?

Devenir croupier à Eurovegas

On estime jusqu'à 3 000 le nombre de croupiers que comptera Eurovegas (500 pour chacun des 6 casinos). En Espagne, le salaire de base d'un croupier est de 1.000 / 1.200€, à quoi s'ajoutent pourboires et parts sur recettes, pouvant faire décoller le total jusqu'à environ 4.000€ mensuels. Dans un pays où un quart de la population, dont un jeune sur deux, est au chômage, cela peut faire rêver.
Les formations de croupiers ont naturellement gagné en popularité, comme la Cerus Academy, qui propose une formation de 2 mois à 3.700€. D'ores et déjà, des dizaines de jeunes espagnols affluent, alors que les premières tables ne seront pas ouvertes avant 2017, pour une ouverture totale en 2022.
Sauf si "Eurovegas No" finit par avoir gain de cause...

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