- 18 septembre 2014
- Barth_Gury
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La fermeture de l'ACF ce mardi matin, relayée par tous les médias généralistes, relance un vieux débat : Faut-il aligner la réglementation des cercles de jeux, reconnue comme très laxiste, à celles des casinos ? C'est en tout cas le souhait du gouvernement, qui ne cesse depuis 2008 de se lancer dans une guerre féroce à l'encontre des cercles de la capitale.
Un peu d'histoire
Afin de bien comprendre le contexte des cercles de jeux parisien, et leur relation avec le milieu corse, il est nécessaire de connaître leur histoire. Tout débute en 1947, quand l'Etat français décide, afin de remercier les résistants de l’île de Beauté de leur aide pendant la période d'occupation allemande, de leur confier les cercles de jeux de la capitale.
C'est cette ordonnance, signée juste après la seconde guerre mondiale, qui régit toujours aujourd'hui ces établissements.
Or, cette mesure permet aux cercles de profiter des avantages de la loi des associations de 1901. Un statut extrêmement flou mis en place à la base pour les associations à but non lucratifs.
La volonté du gouvernement depuis quelques années est donc de supprimer ce statut archaïque et d'exiger à ces établissements un règlement identique à celui des casinos.
Cercle de jeux et casino, quelles différences ?
Contrairement aux casinos, les cercles de jeux ne possèdent ni d'actionnaires, ni propriétaires. Il existe bien un président d'association, mais le cercle appartient excusivement aux membres, qui payent une cotisation à l'année. Les grands clubs de football espagnols comme le FC.Barcelone et le Réal Madrid régissent de la même manière (le club appartient aux socios, qui prennent les décisions importantes en passant par les urnes, et qui payent une cotisation à l'année).
Comme il n'existe pas de propriétaires ni d'actionnaires, le contrôle de ces cercles se fait généralement par la loi du plus fort, ce qui amène naturellement des actes criminels, proche de la mafia (extorsions de fonds, guerres sanglantes entre "gang" rivaux, etc...).
De plus, comme il s'agit d'une association, les bénéfices sont interdits (aucune provision est nécessaire, car absence totale d'actionnaire). Les personnes haut placées dans l'organigramme ont donc tout loisirs de faire ce qu'ils souhaitent de leur produit, il suffit qu'à la fin de l'année les comptes affichent zéro.
D'autres différences existent, comme par exemple le fait que les casinos ont l'obligation d'installer des caméras, afin que chaque mouvement d'argent soit enregistré. Cette contrainte n'existe pas pour les cercles.
Les fermetures en chaîne des cercles parisiens
Il est donc facile de comprendre que le gouvernement s'intéresse de plus en plus au statut anachronique et opaque des établissements de jeux. Ils sont convaincus que ces associations générent des millions d'euros de cash, et il souhaiterait toucher leur "part du gâteau".
Un magistrat, interviewé par le qutodien lepoint.fr, a d'ailleurs souligné ce problème :"Comment peut-on faire croire, un seul instant, que ces établissements ne font pas de bénéfices ? Il est tout à fait incompréhensible que l'on continue à tolérer ce genre d'endroits qui ne sont que des pompes à fric destinées à dissimuler de l'argent au fisc"
C'est donc dans cet optique que l'Etat français a décidé de mettre son nez dans les affaires des cercles parisiens. Quand en 2008 il existait encore 10 établissements de jeux dans la capitale, il n'en reste aujourd'hui plus que deux (Cadet, qui n'existait pas encore en 2008, et le cercle clichy Montmartre).
La dernière fermeture datant de cette semaine, avec la perquisition du plus mythique cercle parisien : l'ACF.
L’objectif clairement affiché de l'Etat est donc de donner un grand coup de balai dans le mécanisme financier des cercles, et opterait pour un changement total de leur statut et l'abandon de leurs privilèges qui n'ont plus sens à leurs yeux en 2014.