- 06 octobre 2011
- Ronaldinho382
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Le sponsoring au poker est souvent considéré comme le Graal de tout joueur : Voyager à travers le monde et disputer les plus grands tournois aux frais de la princesse. Le joueur se voit payer son entrée aux tournois en échange de porter le logo et de représenter la room.
En France, le sponsoring a réellement commencé avec la team Winamax en 2005 qui a fait le pari d’engager des joueurs alors inconnus du grand public qui avaient fait leurs armes online (Ludovic Lacay, Guillaume de la Gorce, Anthony Roux...).
2005 - 2009 L’âge d’or du sponsoring
A partir de 2005, le poker est en plein essor, chaque année les poker rooms doublent leur chiffre d’affaire, et dû au flou juridique en France sur le poker, investissent leur budget en sponsoring plutôt qu’en publicité, interdite par les renseignements généraux. C’est ainsi que Winamax est la première room à se doter d’une team française. Quelques français sont également sponsorisés par des rooms, Pascal Perrault, Fabrice Soulier sont chez Poker770, ElkY est signé par PokerStars.com, plus grosse écurie mondiale qui comptait plus de 40 joueurs sous contrats en 2008...
Les contrats mis en place à cette époque ne comportaient que peu (voire pas) d’inconvénients, et tous les avantages pour un joueur de poker : une belle enveloppe, incluant souvent les frais annexes de voyage, et pas d’obligation médiatique.
Il suffit souvent pour un joueur amateur de claquer une table finale sur un tournoi international après s’être qualifié pour une poignée d’euros par internet pour décrocher un contrat. Par exemple, Nicolas Dervaux décroche son contrat chez Unibet après avoir atteint la table finale de l’EPT Copenhague en 2008.
Être sponsorisé à cette époque est donc une réelle opportunité pour un joueur de mener la vie de rockstar tout en ayant la possibilité de gagner gros en jouant des tournois à travers le monde.
2010 : Sponsoring, le miroir aux alouettes
Juillet 2010, le poker est légiféré en France et les rooms ayant obtenu une licence de l’ARJEL ont désormais le droit de faire de la publicité et d’opérer sur le territoire français. La majorité des rooms se dote alors d’une team. La France devient le pays avec le ratio joueurs sponsorisés/ joueurs de poker le plus élevé au monde.
Les sponsors qui jusqu’alors n’étaient reservé qu’à une élite de très bons joueurs (Cutsss, TaLL...) ou de joueurs emblématiques (PP Le bandit et son caleçon) s’ouvre alors à des joueurs lambdas n’ayant pas de réelle légitimité dans le poker - absence de performance, niveau plus que douteux, ce qui provoque deux conséquences : l’effondrement des enveloppes du contrat, avec des contraintes omniprésentes liées à celui-ci.
Ainsi, le sponsoring n’est plus le passeport pour voyager le monde et freeroller les tournois les plus prestigieux, mais devient en quelque sorte pour le joueur un emploi : en échange de quelques buy-in offerts par la room, les joueurs doivent obtenir des interviews dans lesquels ils passent de la pommade à leur room, produire du contenu pour leur site (vidéos pédagogiques, masterclass, twitter, pages facebook...), parfois reverser une partie de leurs gains à la room...
Même au sein de Winamax, des mesures auraient été prises et les joueurs ne rendant pas leur travaux à temps seraient soumis à des amendes sur leurs contrats.
Autre problème lié aux contrats, plusieurs joueurs exposés médiatiquement par leurs sponsors auraient été rattrappés par le fisc et ont dû s’exiler à l’etranger afin de ne pas payer d’impôts sur leur contrat de sponsoring.
Conclusion
En conclusion, le sponsoring qui était une réelle quête pour les joueurs de poker il y a quelques années, n’est plus tout rose a l’heure actuelle et s’apparente à un travail pour joueur de poker. Un comble lorsque l’on sait que l’absence de contrainte de la vie de joueur de poker professionnel est souvent la raison pour laquelle les joueurs choisissent cette vie.
La multiplication des contrats - même au rabais - a vu émerger des agences de joueurs, qui en échange d’un gros prélèvement sur l’enveloppe du joueur, ainsi que sur ses éventuels gains, se charge de trouver des rooms à des joueurs. Coups bas envers les joueurs d’autres agences auprès des rooms, jalousie entre joueurs, un environnement pourri qui n’est pas près de retrouver sa candeur des débuts.