Les quiz, la meilleure façon de s’entraîner ?

Les quiz, la meilleure façon de s’entraîner ?

Petit tour des découvertes scientifiques concernant l'apprentissage et comment nous pouvez les appliquer pour optimiser notre entraînement au poker.


Les méthodes d’apprentissage validées par la science

L’apprentissage est devenu une science, mélangeant psychologie, sociologie et neurologie, dont la question centrale est : quelles sont les techniques d’entraînement les plus efficaces ? Les conclusions sont parfois contre intuitives et remettent en question les méthodes utilisées par les étudiants à travers le monde.

Ainsi, le populaire bachotage (essayer de tout ingurgiter la veille des examens) permet de sauver les meubles le lendemain, mais mène à un oubli rapide. Des techniques très courantes comme relire plusieurs fois le même passage ou stabiloter les éléments importants ne seraient qu’une perte de temps.

De manière générale, le piège à éviter est de confondre aisance et maîtrise.

Une technique très populaire chez les étudiants du monde entier est de relire plusieurs fois le cours, souvent en stabilotant les passages importants. Cela produit un effet d’aisance : à la troisième relecture, on a l’impression de tout comprendre et connaître. Mais la maîtrise n’est souvent qu’illusoire et à durée d’entraînement égale, il y a beaucoup plus efficace comme nous allons le voir.
L’équivalent pokeristique de cette confusion entre aisance et maîtrise peut se produire quand on regarde des vidéos ou des coups déjà analysées : on nous donne tout de suite le bon thinking process et le bon move, on les comprend et on se dit, à tort, qu’on pourrait faire pareil in game.

Les méthodes d’apprentissage efficaces peuvent se résumer en “entraînez-vous comme vous jouez”.

Ainsi, si un étudiant doit bosser pour un test, après une première lecture du cours, le bon entraînement est de se tester. De nombreuses recherches ont été faites en séparant des étudiants en deux groupes, avec l’un devant lire et relire le cours, et l’autre lire une seule fois le cours puis se tester en répondant à des QCM, les deux groupes passant le même temps à étudier. Les résultats montrent une claire supériorité aux pratiques de tests.
Au poker, un bon entraînement doit ressembler le plus possible au jeu réel et ce n’est clairement pas le cas quand on regarde passivement des mains commentées.

Pour mieux comprendre l’efficacité du testing, il faut mieux connaître le fonctionnement de la mémoire. On distingue 3 grandes étapes du processus de mémorisation : l’encodage (transformer les informations provenant de nos sens en représentations mnésiques) le stockage (le rangement des représentations mnésiques dans la mémoire à long terme) et la récupération (faire revenir à la conscience les informations stockées).

Pour maîtriser un sujet, il faut à la fois beaucoup d’informations stockées mais aussi pouvoir les récupérer le moment voulu. Or les deux ne vont pas toujours ensemble.
Par exemple, il y a peu de chances que, là tout de suite, vous puissiez vous rappeler de beaucoup d’histoires de votre année de Ce1. Pourtant elles sont là, stockées quelque part dans votre mémoire. Et si vous vous rendez dans votre ancienne école ou que vous commencez à parler avec votre ancienne institutrice, beaucoup de souvenirs ressurgiront. Dans ce cas, il y a énormément d’informations stockées, mais la capacité de récupération est très faible.
A l’inverse, si vous croisez une très jolie fille en soirée et qu’elle vous donne son prénom (et que vous n’êtes pas trop alcoolisé), vous allez pouvoir le sortir toute la soirée. Très peu d’informations stockées, mais très forte capacité de récupération.

Quand on lit un texte ou qu’on regarde une vidéo, on augmente le stockage mais on entraîne pas la récupération. Pour augmenter la capacité de récupération, il n’y a pas de secret, il faut précisément récupérer l’information souhaitée. D’où l’efficacité du testing.

Prenons en exemple cet article de Zugzwang :  Le 3bet : utilisation théorique. La mauvaise approche serait de juste lire et relire l’article jusqu’à ce que tout paraisse clair. Une meilleure approche serait de lire l’article une seule fois, et faire le quizz situé à la fin pour vérifier qu’on n’est pas victime d’une illusion de maîtrise. Ainsi non seulement nous aurons un feedback sur ce qui a été, ou pas, acquis, mais se tester contribuera à l'ancrage en profondeur des acquis. Idéalement, il faudrait que le quizz soit plus long et qu’on puisse le faire à intervalles réguliers. Et ça, vous pouvez le créer vous-même.

Zugzwang propose ce tableau de call au bouton vs 3bet des blinds. Comment l’apprendre ?
En le lisant et le relisant, on n’aura peut être l’impression de l’avoir compris, mais quelques jours plus tard, tout sera oublié. La bonne méthode est de se tester. Soit directement in game, avec le tableau à côté : à chaque fois qu’on call un 3bet des blinds, on regarde si on a respecté le range. Ou alors en simulant le jeu, en créant un test, par exemple à l’aide de flash cards, avec d’un côté la main et le range d’open et de l’autre le bon move, 4bet, call ou fold.

Comment bien se tester.

Ne pas avoir peur de se tromper.

Les recherches ont montré qu’on retenait mieux quand on se teste, se trompe, puis regarde la réponse que lorsqu’on regarde tout de suite la solution. Donc même si l’on se sent bête, il ne faut pas hésiter à répondre, car c’est ainsi que l’on progresse. D’ailleurs en règle général, si vous faites 100% à un quiz c’est qu’il était trop facile et donc inutile car vous n’aurez pas progressé.

Espacer les tests.

Pour bien ancrer un concept dans la mémoire, il faut se tester régulièrement. Les chercheurs recommandent un espacement de plus en plus grand. Par exemple un premier test juste après la lecture de l’article, un autre une semaine après, puis un mois après et enfin 6 mois plus tard.

Regrouper différents sujets.

Quand un coach crée un quiz à la fin d’un article, il traitera d’un seul sujet. Pour l’élève en revanche il est recommandé de se tester sur plusieurs sujets en même temps. Imaginons que vous vous testiez sur l’overbet river. Vous devenez meilleur à “reconnaître un spot d’overbet river quand c’est écrit “overbet river ?” juste au dessus. Ce qui est différent du jeu réel, ou parfois la possibilité d’overbet ne nous traverse même pas l’esprit. En outre, quand on se teste à la suite sur un seul sujet, on fait appel à la mémoire à court terme : on a le spot typique d’overbet en tête et on regarde si la main proposée correspond ou pas. A l’inverse, en se testant sur divers sujets, on fait appel à la mémoire à long terme, celle qui nous intéresse.
Vous pouvez par exemple vous créer une base générale de de poker, d’un côté la main et de l’autre le bon move, dans laquelle tous les types de mains sont mélangés. Des applis de flashcards peuvent varier la fréquence d’apparition en fonction de votre succès : plus vous échouez plus la carte apparaît souvent et inversement, optimisant l’entraînement.

Conclusion

Un entraînement rêvé serait de jouer à côté d’un expert qui, juste après qu’on a joué (tout seul), nous corrige le cas échéant. Si vous n’avez pas les moyens de vous payer un coach h24, les quizz et autres tests peuvent être un excellent substitut. Se tester est une habitude à prendre pour tout ce que vous souhaitez retenir à long terme, qu’il s’agisse de poker, de cours, ou d’autres domaines. Rappelons enfin que Poker Academie propose de très nombreux quiz.

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