- 31 janvier 2018
- petiteglise
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Dans une des scènes cultes du Loup de Wall Street, Mark Hanna (McConaughey) affirme à Jordan (DiCaprio) que la masturbation est une des clefs de la réussite dans le métier de trader, précisant “au moins deux fois par jour, ce n’est pas un conseil, c’est une prescription.” Est-ce vrai et applicable au poker ?
La masturbation dans les études scientifiques
La masturbation a longtemps été condamnée, au pire comme un grave péché aux conséquences terribles “ça rend sourd !”, au mieux comme un vice infantile (merci Freud). Même de nos jours, beaucoup de mouvements “no fap” sont organisés par des groupes religieux qui voient dans l’onanisme l’oeuvre du diable. La science a un regard bien plus positif sur la masturbation, pratique qu’elle juge globalement saine. Mais la plupart des études ne se concentrent que sur les conséquences sur la santé, le bien être et la sexualité.
Le débat concernant l’impact du sexe sur les résultats sportifs existe depuis la Grèce antique, période durant laquelle on prônait majoritairement l’abstinence avant une compétition. Encore aujourd’hui, entraîneurs et sportifs sont divisés. Certains prêchent l’abstinence, d’autres une pratique sexuelle accrue, enfin les derniers considèrent qu’il n’y a aucun impact et que les sportifs ne doivent pas changer leurs habitudes avant une compétition.
Aux JO de Rio, pas moins d’un demi-million de préservatifs ont été distribués aux athlètes dans le village olympique. Au foot, lors des longues compétitions, certains entraîneurs autorisent la venue des femmes des joueurs, d’autres interdisent les compagnes mais autorisent les prostituées, et les derniers interdisent tous rapports.
Si la science n’a pas apporté d’avis définitif concernant le rôle du sexe sur les résultats sportifs, vous imaginez bien qu’on est encore plus loin de la réponse à la question qui nous taraude : la branlette est-elle Ev+ au poker ? Essayons tout de même d’y répondre en analysant le rôle de deux molécules libérées lors de l’orgasme : la dopamine et l’endorphine.
Dopamine et jeux d’argent.
La dopamine est un neurotransmetteur, c’est à dire une molécule qui permet la communication dans le système nerveux. Parmis ses nombreux rôles, l’un des principaux est lié au système de récompense. La prise de dopamine artificielle est le traitement le plus commun contre la maladie de Parkinson. Un effet secondaire assez curieux de ce traitement est l’addiction aux jeux d’argent. Cette découverte a poussé les chercheurs à étudier le rapport entre dopamine et prise de risque.
En 2015, des chercheurs de l’University College of London ont proposé aux cobayes des séries de choix entre une somme d’argent et un pari. Les cobayes passaient deux fois le test, une fois après avoir pris de la dopamine, l’autre fois après la prise d’un placebo.
Les tests étaient de trois sortes :
paris gagnants : gain certain ou alors un coin flip entre 0 et un gain plus important
paris perdants : perte certaine ou alors coin flip entre 0 et une perte plus importante
paris mixtes : 0 ou alors un coin flip entre un gain et une perte.
Pour donner un exemple, ce sont des choix aussi simples que, pour un pari perdant : -24 ou alors coin flip entre 0 et -46 ?
Un joueur de poker averti choisira toujours le choix qui offre la meilleure espérance, dopamine ou pas. C’était d’ailleurs (sans surprise) le cas de Gaëlle Baumann lors d’un test similaire diffusé dans un reportage de RMC découverte. Mais la plupart des gens choisissent de parier non pas en fonction de l’Ev, mais de leur feeling… et donc de la dopamine.
Il n’y a eu aucune différence entre dopamine et placebo pour les cas des paris perdants et mixtes. En revanche, dans le cas des paris gagnants, les joueurs sous dopamine prenaient plus de risques. Ils ne gagnaient en moyenne pas plus que les joueurs sous placebo, mais prenaient plus de paris qu’eux (à la fois plus de paris intelligents et plus de paris idiots).
Autre différence notable, les joueurs sous placebo se sentaient plus heureux après un gros gain qu’un petit gain, ce qui semble naturel. Mais les joueurs sous dopamine étaient eux toujours aussi satisfaits après un gain quelqu’il soit, faible ou élevé.
Faut-il conclure que la dopamine post-masturbation va vous inciter à un jeu plus high variance ?
Endorphine et stress
“Endorphine” est l'abréviation de “morphine endogène”, c’est à dire “morphine produite par le corps.”
L’endorphine est sécrétée lors de l’orgasme et également lors du sport. En d’autres termes la pratique sportive est un moyen (peu efficient diront certains) d’obtenir un plaisir similaire à ceux provoqués par le sexe ou la prise d’opium.
L’endorphine a plusieurs effets reconnus, notamment anxiolytique (réduction de l’anxiété) et antalgique (réduction de la douleur). Si vous envisagez de tenter un shot à une limite supérieure, la masturbation semble donc recommandée : vous ne jouerez pas scared-money et si jamais vous vous faites raser, au moins ça ne vous fera pas mal…
Mais revenons à l'étymologie de notre “morphine endogène” : morphine vient de Morphée, le Dieu grec dans les bras duquel vous vous endormez. Les endorphines produites lors de l’orgasme peuvent en effet provoquer le sommeil.
Somnoler en jouant ne semble pas optimal, mais les joueurs de poker ont souvent du mal à s’endormir après une longue session, le corps encore tendu par le stress et le cerveau bouillonnant qui ressasse des mains sans qu’on puisse l’en empêcher. Alors peut-être que le bon moment pour se masturber n’est pas avant une session, mais après ? A moins que ça ne soit pendant ?