Si ton argent ne te rend pas heureux, c’est que tu ne sais pas comment bien le dépenser.

Si ton argent ne te rend pas heureux, c’est que tu ne sais pas comment bien le dépenser.

Des années de recherche scientifique sur le lien entre argent et bonheur résumées en 8 conseils sur comment bien dépenser son argent.

En 2011, trois chercheurs en psychologie, Elizabeth Dunn, Daniel Gilbert et Timothy Wilson, ont publié dans le Journal of Consummer Psychology un article intitulé “If money doesn't make you happy, then you probably aren't spending it right”.

Psychologues, sociologues et autres scientifiques étudient le lien entre argent et bonheur depuis des décennies. Leurs conclusions sont unanimes : l’argent fait le bonheur, mais bien moins que ce que les gens pensent.
La principale explication est que la perception d'une situation importe plus que la situation en elle même : certains sont ravis de déguster le plat du jour au bistrot du coin tandis que d’autres sont blasés en mangeant dans un resto étoilé. En outre, tout ce qui rend heureux ne s’achète pas forcément : de bonnes relations amicales, familiales et amoureuses, une passion, une vocation…
Cependant, être riche ne signifie pas qu’avoir “des meilleurs jouets”, c’est aussi vivre plus longtemps et en meilleure santé, avoir plus de temps libre, avoir accès à certaines activités, être protégé de bien des soucis. Cette liste non exhaustive devrait avoir un impact positif sur le bonheur que l’on ne constate pas en pratique.

Les trois auteurs de l’étude susmentionnée défendent l’idée selon laquelle, si en théorie l’argent devrait faire le bonheur mais qu’en pratique il ne le fait pas, ou si peu, c’est que les gens ne savent pas comment bien le dépenser. La plupart des gens ne connaissent pas la base de la science du bonheur. Quand ils font des prédictions, ils se trompent souvent sur ce qui les rendrait heureux, à quel point ça les rendrait heureux, et combien de temps durerait leur bonheur. Si tu ne connais rien à l’art, tu peux dépenser beaucoup à acheter des mochetées ; si tu ne connais rien à la psychologie du bonheur, tu peux dépenser beaucoup sans te rendre plus heureux. Passant en revue nombre d’études psychologiques, les trois psychologues nous donnent 8 conseils sur comment dépenser notre argent afin d’améliorer notre bonheur.

Voici les 8 points que nous allons développer :

1. Acheter plus d’expériences et moins d’objets.
2. Dépenser son argent pour les autres plutôt que pour soi même.
3. Préférer plusieurs petits plaisirs à quelques gros.
4. Eviter les garanties et autres formes d’assurances hors de prix.
6. Payer maintenant, consommer plus tard.
6. Ne pas négliger l’impact des petits plaisirs et petits tracas.
7. Se méfier du shopping comparatif.
8. Faire le mouton.


1. Acheter plus d’expériences et moins d’objets.

L’on peut séparer nos dépenses entre d’un côté les achats expérientiels et de l’autre les achats matériels, même si la frontière entre les deux n’est pas imperméable. Les études ont montré, qu’en moyenne, les achats expérientiels rendent plus heureux que les achats matériels. Il y a plusieurs explications à cela. Tout d’abord, on s’habitue assez vite au matériel car les objets ne changent pas. Le tapis qui nous a coûté si cher ne devient rapidement qu’un endroit sur lequel on marche sans s’en rendre compte et que l’on doit laver régulièrement. En revanche, chaque soirée au restaurant est différente de la précédente. De plus, l’on anticipe et l’on se remémore plus les expériences que les objets. Une expérience peut donc créer un souvenir plaisant qui restera à vie et ce même si l’expérience n’est pas si plaisante en soi (par exemple gravir une montagne). Enfin, les expériences sont plus à même à être partagées avec autrui et nous allons voir que les autres sont une des clefs du bonheur.


2. Faire bénéficier les autres de son argent plutôt que soi même.

Des chercheurs ont demandé à leurs cobayes s’ils seraient plus heureux en dépensant de l’argent pour eux-mêmes ou pour les autres. A une large majorité les participants de l’étude ont répondu que dépenser de l’argent pour eux les rendraient plus heureux. C’est une erreur de prévision. En effet, d’autres études ont montré que l’on se sent mieux après avoir dépensé la même somme pour autrui plutôt que pour nous. Il y a en outre une corrélation entre le bonheur et la part de revenus que l’on donne aux autres qu’il s’agisse de proches ou d’oeuvres de charités. Enfin, quand des cobayes sous IRM donnent de l’argent à autrui, on voit les zones de leur cerveau associées à la récompense s’activer. L’espèce humaine est essentiellement sociale, il n’est donc pas étonnant que l’évolution ait valorisé les comportements altruistes, prosociaux plutôt que les comportement égoïstes.


3. Préférer plusieurs petits plaisirs à quelques gros.

Le bien être est plus associé à la fréquence des plaisirs qu’à l’intensité de ceux ci. Bien sûr, il n’y a rien d'intrinsèquement mauvais dans les gros plaisirs, mais nos ressources étant limitées, il vaut mieux privilégier des doses fréquentes de choses plaisantes que des doses moins fréquentes de choses plus plaisantes. La première explication est le caractère logarithmique des fonctions d’utilité. Autrement dit, dépenser 2 fois plus ne signifie pas 2 fois plus de plaisir. L’exemple des boules de glaces est caractéristique. Une glace 1 boule rend heureux, une glace 2 boules ne rend pas exactement deux fois plus heureux mais presque, en revanche une glace 20 boules rend bien moins que 20 fois plus heureux. La deuxième explication est que la diversité des petits plaisirs fait qu’il est plus difficile de s’y adapter. La troisième et dernière raison est que placer la barre haute peut avoir l’effet pervers de nous rendre insensibles aux petits plaisirs. C’est ce qui explique pourquoi certains riches deviennent blasés et incapables de profiter des petites joies du quotidien comme boire un verre de vin qui ne soit pas un grand cru.


4. Eviter les garanties et autres formes d’assurances hors de prix.

Nous venons de voir que nous avons une malheureuse tendance à nous adapter aux bons événements. La bonne nouvelle est que nous avons également une heureuse tendance à nous adapter aux mauvais événements. Cependant nous avons en générale tendance à sous estimer notre capacité de résilience. Du point de vue de l’évolution cela s’explique limpidement : il vaut mieux surévaluer l’impact de ce qui pourrait nous nuir afin de l’éviter, mais si cette nuisance arrive quand même, il vaut mieux réussir à s’adapter au plus vite. Vendeurs et autres assureurs savent abuser de cette propension à craindre le pire en nous faisant accepter des paris que l’on sait Ev- mais que l’on accepte car l’on sous estime notre capacité d’adaptation. Je ne vous conseille pas forcément de résilier votre mutuelle, mais peut-être pourrez vous réfléchir à deux fois avant d’accepter une extension de garantie ou une assurance antivol qui va coûter la moitié du prix de votre smartphone.

 

5. Payer maintenant, consommer plus tard.

Le crédit est un des piliers de notre société consumériste. “Consommez maintenant, payez plus tard” est ce que nous proposent banques et grands magasins. Le risque de surendettement est le problème le plus évident au fait de payer plus cher des objets qu’on ne peut se permettre et dont on n’a pas nécessairement besoin. Il y a un autre problème, moins visible : cela supprime le plaisir de l’anticipation. Imaginez que vous découvriez à l’instant qu’il reste des places de concert pour votre artiste préféré ce soir. Vous prenez les places et profitez du concert, puis du souvenir. Maintenant imaginez que vous découvriez à l’instant qu’il reste des places de concert pour votre artiste préféré, dans un mois cette fois. Vous allez prendre les places et profitez du concert et du souvenir et en plus, de son anticipation. Autrement dit, vous gagnez un plaisir non négligeable gratuitement. On notera d’ailleurs que l’anticipation d’un événement peut être plus plaisante que son souvenir voire que l’événement en lui-même ! En outre lorsque l’on choisit quelque chose à consommer tout de suite, l’on est souvent tenté par le facile, voir le malsain : si l’on veut à manger tout de suite, on va choisir un aliment gras et sucré ; si l’on veut regarder un film tout de suite, on va choisir une comédie qu’on n’osera pas avouer avoir regardée. Alors que dans le futur, on est toujours plus vertueux que dans le présent : à manger on prendra un bon plat avec des légumes et en film on choisira ce grand classique que l’on n’a pas vu. Les choix pour tout de suite ne procurent donc qu’un plaisir vite estompé qui laisse parfois place à de la culpabilité alors que les choix pour le futur donnent un bonheur plus fort et durable.


6. Ne pas négliger l’impact des petits plaisirs et petits tracas.

Le bien être dépend plus des hauts et des bas du quotidien que des qualités stables comme être marié, avoir un bon statut ou être handicapé. On a tendance à oublier cet état de fait lors de certaines dépenses. Par exemple lors de l’achat ou de la location d’une maison de vacances, on va regarder la superficie de la maison et de la piscine (qualité stable à laquelle on s’habitue), mais peut-être pas se demander s’il ya des moustiques, si les voisins sont sympas ou agaçants, si l’on peut faire les courses rapidement (sources de soucis au quotidien). Or ces facteurs exerceront plus de poids sur notre bien être que quelques dizaines de mètres carrés supplémentaires.


7. Se méfier du shopping comparatif.

Il existe des dizaines de comparateurs de prix sur internet. Chaque grand magasin a en outre un site ou une app sur lesquels l’on peut comparer tous les produits d’une même gamme. Les avantages pour le client qui peut choisir le produit qui lui convient le mieux sont évidents. Mais il existe aussi des désavantages à ne pas négliger. Tout d’abord, avoir un trop grand choix peut remplir le consommateur de doutes et de regrets. On se retrouve à passer un temps fou à hésiter entre plusieurs options qui sont équivalentes en terme de bonheur. Pire, a posteriori on peut regretter son choix en pensant à l’option qu’on a refusée. Qui, au resto, ne s’est jamais dit “ah j’aurais dû prendre l’autre plat” ? Enfin le shopping comparatif est utilisé par les vendeurs pour nous manipuler. Par exemple, pour booster les ventes d’un produit, il suffit d’en proposer un similaire, moins bon ou plus cher. En comparaison, le premier produit paraîtra comme une très bon offre et le client pensera réaliser une bonne affaire.


8. Faire le mouton.

Suivre la troupe est moyen assez efficace de ne pas se tromper. Tout le monde se sent exceptionnel, preuve que même ce trait est banal. Il existe de nombreux systèmes de notation par le public (allociné, tripadvisor, yelp etc). Quand ces notes ne sont pas manipulées, elles sont en général d’excellentes prédictions de notre plaisir. En 2009, des chercheurs ont demandé à des femmes de juger à quel point elles apprécieraient un speed dating avec une personne, en se basant sur une biographie accompagnée d’une photo. Contrairement à ce que ces femmes pensaient, leurs prédictions étaient moins précises que la note donnée par une tierce femme qui avait déjà daté la personne. Si vous voulez savoir à quel point vous allez apprécier une personne, ou un objet, un film, un resto, un hôtel ou n’importe quoi d’autre, n’essayez pas trop de juger par vous même en vous basant sur leurs descriptions, demandez à ceux qui les ont expérimentés.

 

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