- 21 avril 2015
- Barth_Gury
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Alexandre Dreyfus a présenté récemment son nouveau projet très ambitieux : Le Global Poker Master, concept inspiré tout droit des sports US. L'homme d'affaire souhaite ainsi prolonger son rêve de "sportifier" le poker. Mais est-ce vraiment viable ?
Global Poker League : Présentation
Suite au succès de son Global Poker Master en mars dernier, Alexandre Dreyfus, par le biais d'une interview accordée à Pokernews.com, a présenté son nouveau projet.
Intitulé Global Poker League, l'homme d'affaire français propose un nouveau concept encore plus ambitieux et innovant.
Le GPL, inspiré tout droit des sports US, se présente de la manière suivante : Créer une league professionnelle de poker où 8 "franchises" de 7 joueurs, chacune dirigée par un propriétaire, s'affrontent sur une durée totale de 10 semaines (étalés sur 3 ou 4 mois).
La création de ces équipes se fait par le biais d'un système de draft : Chaque équipe choisit à tour de rôle un joueur. Mais les joueurs sont sélectionnés de différentes manières... Il y a trois joueurs issus du GPI 300 ou du GPI 500, deux wild cards et deux qualifiés (un online et un live).
Aucune date n'a pour le moment était officialisée, mais le système de recrutement devrait avoir lieu durant la période des WSOP, et les premières parties lancées entre août et septembre.
Concernant les variantes et les modes de jeux proposés, rien n'est fixé pour le moment, même si Alexandre Dreyfus a émis le souhait de limiter un maximum la variance :"Nous avons beaucoup appris des « Global Poker Masters », que nous espérons améliorer. Notre mission est de réduire la variance, et de donner la possibilité de développer une réelle stratégie d’équipe".
Le prizepool sera fourni par les propriétaires des franchises eux même, qui devront payer un droit d'entrée pour participer à la league. Mais quel serait l’intérêt de ces mécènes d'investir dans le projet ? Pour Alexandre Dreyfus, ils pourraient en tirer un bénéfice financier assez rapidement : "Disons que vous êtes le dirigeant d'une équipe, que le projet fonctionne et que vous obtenez l'exposition médiatique souhaitée dans les médias sportifs grand public. Cela ouvrira de nombreuses opportunités marketing pour vous. Vous pourrez faire de votre équipe une marque ou signer des contrats de sponsoring avec de grosse multinationales dont – en tant que dirigeants – vous bénéficierez".
Pour l'industriel français, l'objectif et la mission du poker pour rester viable dans les prochaines années est donc clairement affiché : l'élever au rang de sport :"Aujourd'hui, nous vivons la dixième année du processus 'd'industrialisation' du poker. Il y a encore beaucoup à faire et je suis sûr c'est le bon moment pour pousser le poker vers le sport avec une initiative comme celle de la GPL".
Le poker est-il un sport ?
Activités et conditions physiques
Mais pour que la mission d'A.Dreyfus atteigne son but, encore faut-il que le poker soit inscrit comme un sport dans l'esprit du grand public, et cela est loin d'être gagné..
Si on se réfère à la pure définition du Larousse, on peut lire que le sport est :"Soit une activité physique visant à améliorer sa condition physique soit un ensemble d’exercices physiques se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs donnant généralement lieu à des compétitions, pratiqués en observant certaines règles précises".
Même si la deuxième partie de la phrase regroupe beaucoup de similitudes, on peut légitimement avoir du mal à classer le poker comme un sport quand on lit ces dernières lignes. Parler d'activités ou d'exercices physiques quand on reste plusieurs heures assis sur une chaise à manier souris et jetons peut prêter à sourire.
Greg Raymer en pleine activité physique
Voir des Doyle Brunson, Greg Raymer ou plus récemment Ben Lamb ou Shaun Deeb soulever des trophées montre que la condition physique est loin d'être nécessaire pour faire partie des tous meilleurs.
Mais alors quelles seraient les raisons de classer le poker comme un sport à part entière ? Peut-on sinon parler de "sport intellectuel" ? Le jeu d'échecs a bien été officiellement considéré comme un sport en 1999 par le CIO alors pourquoi pas le poker ?
Ressources mentales et psychologiques
Vous le savez mieux que personne, le poker requit de nombreuses qualités comme des ressources mentales et psychologiques importantes, ainsi qu'un haut niveau d'analyse. Denis Troch, ancien entraineur de football à haut niveau, et interviewé par l'Equipe magazine à ce sujet avait d'ailleurs abordé le sujet dans ce sens :"À partir du moment où on travaille sur l’efficacité d’une action, la motivation, la concentration, l’analyse de soi et de l’adversaire, on peut légitimement dire que le poker est un sport à part entière. Tous ces critères sont d’ailleurs privilégiés dans le sport de haut niveau"
Nadal en pleine poker face
Un autre argument à mettre en avant est le nombre de grands retraités sportifs qui se sont mis au poker, plus ou moins avec succès : Teddy Sheringham, Vikash Dhorasoo, Ronaldo, ou encore Boris 'Boum Boum' Baker.
Certaines grandes stars actuelles ont également aligné leur nom avec des opérateurs comme Nadal (PokerStars) ou Luiz Suarez (777poker).
Pour le Brésil en tout cas, la question ne se pose plus, puisque le pays a été le premier à officialiser le poker comme sport à part entière.
La variance
En plus du physique, l'autre argument qui revient souvent quand on essaye de comparer le poker et le sport, et la chance et la variance énorme qui émanent du jeu de cartes.
Mais si on y réfléchit bien, n'existe-t-il pas également beaucoup de données aléatoires et non maitrisables dans certains sports ? Bien évidemment, Mayweather avec ses 47 victoires pour 0 défaites, et Roger Federer en parvenant à atteindre 36 quarts de finale consécutifs en Grand Chelem ont montré que la variance n'existait pas dans leur discipline, ou du moins qu'elle était maitrisable si on atteint les sommets de l'excellence.
Roger Federer en pleine grace
Mais d'autres sports comme le football ont au contraire prouvé qu'il n'existait aucune certitude. Qui aurait pensé que la Grèce ou le Danemark (sans Laudrup) puissent devenir un jour champion d'Europe ? Que le club amateur de Calais parvienne à atteindre la finale de la Coupe de France ? Personne, et c'est ces incertitudes qui rendent ce sport si attractif : le petit peut sortir le gros, comme l'amateur éliminé le joueur professionnel.
Se prendre un 3 points crucial au buzzer dans un match Basket quand on semble avoir maitrisé toute la partie ne peut-il pas s'apparenter à un bad beat ?
L'aventure Bradbury est également devenu une légende du sport, lorsque l'australien est parvenu à remporter la médaille d'or de patinage vitesse aux JO de Vancouver enchainant miracles et réussites infernales.
Le poker en complément du sport
Quoi qu'il en soit, renier le poker comme un sport serait à mon sens une erreur. Les plus grands sportifs font appel régulièrement à des coachs mental, et les plus grands joueurs de poker d'aujourd'hui ont pris l'habitude de se faire accompagner par des coachs sportif (comme le team Winamax), et à l'image de Jason Koon dispose d'un véritable corps d'athlète.
Si le poker ne peut pas par définition être considéré comme un sport à part entière, il s'en rapproche d'années en années, bousté par le niveau général qui augmente chaque jour..
Alors Alexandre Dreyfus, visionnaire ou utopiste ?
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