- 03 juillet 2014
- Barth_Gury
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Le Big One For Drop à peine achevé, et déjà les premiers scandales éclatent. En premier lieu, le nombre de participants en baisse par rapport à l'édition 2012, l'absence des businessmen de Macao, mais surtout l'attitude austère et nonchalante du vainqueur de l'épreuve, le jeune Daniel Colman.
Big One For One Drop : Une participation en baisse
En 2012, 48 joueurs avaient répondu à l'appel de Guy Laliberté pour participer au Big One For One Drop, un tournoi au buy in exceptionnel de 1.000.000$.
Cette année, alors que les WSOP connaissent une affluence plus que satisfaisante (en témoigne les 7900 joueurs inscrits au Monster Stack), tout le monde s'attendait à un field plus important que la première édition pour le Big One For One Drop 2014. Les organisateurs avaient d'ailleurs décidé de caper le tournoi à 56 joueurs, convaincu de recevoir un nombre important de demande.
Mais voila, contre toute attente, seulement 42 joueurs se sont retrouvés pour participer au plus gros tournoi de l'année. L'absence remarquée des hommes d'affaires de Macao, ainsi que beaucoup de joueurs High Stake habitués à d'énormes swings, a commencé à faire jaser.
Mais comment expliquer cette baisse d'affluence ? Voici un début d'explication...
La coupe du monde de football
Interrogé par les médias au sujet d'une participation décevante, Guy Laliberté a expliqué que la World Cup disputée actuellement au Brésil avait une grande part dans l'absence de gros joueurs, comme il le raconte sur Card Player : "Vous savez, il y a aussi la Coupe du Monde de football cette année et de nombreux participants potentiels sont au Brésil. Nous ne pouvons pas être déçus."
Macao, qui a également vu son activité poker baisser de plus de 3% ce mois ci, a également mis ça sur le dos de Neymar et ses collègues.
Les explications vidéos de Voulgaris
Conflits entre Guy Laliberté et les hommes d'affaires de Macao
Leur nom commencent à circuler de plus en plus dans le milieu du poker. Jouant des sommes monstrueuses dans l'ombre depuis plusieurs années, ils font à présent les gros titres de la presse médiatisée. Je parle bien évidemment de Chun "samrostan" Lei Zhou, Richard Yong et Paul "MalACEsia" Phua, des hommes d'affaires chinois qui ont fait fortune et grands amateurs de poker.
Présent lors de l'édition 2012, leur absence pour le Big One For One Drop a été remarquée, surtout qu'ils commencent de plus en plus à participer aux gros tournois du circuit, en atteste leur présence lors du super High Roller de Monte Carlo.
Les raisons de leur non-participation se dévoilent petit à petit. Dans la vidéo de Pokernews, Voulgaris nous explique qu'il serait sujet d'un conflit opposant les réguliers de Macao avec le créateur du tournoi Guy Laliberté. Ce différent proviendrait d'un problème issue d'une partie privée. La résolution de ce "problème" aurait tourné en faveur du québécois.
Les milliardaires chinois ne l'aurait pas digéré et l'ont fait savoir en boycottant le Big One.
Moins de joueurs pro
Mais ce n'est pas seulement les hommes d'affaires qui se sont fait plus discrets. Un grand nombre de joueurs High Stakes présent en 2012 étaient absents cette année (Tom Dwan, Duhamel, Elky, Ben Lamb, etc...).
Cela s'explique de la manière suivante : un peu à l'image d'un crash boursier, un cercle vicieux s'est mis en place petit à petit. Les rumeurs de non-participation de businessmen ont fait reculer grand nombre de pros. Ces hommes d'affaires, qui possèdent un niveau plus faible que la moyenne pour ce type de tournoi, rendent le Big One For One Drop EV+ pour les joueurs professionnels. Or, avec les absences qui ont commencé à s'accumuler, le tournoi est devenu de plus en plus EV- pour eux.
Voulgaris l'explique très bien dans la vidéo ci-dessus. Par exemple, lui même souhaitait se late register (s'inscrire tardivement). Mais lorsqu'il a vu que les deux premiers joueurs sortis étaient des hommes d'affaires, il a compris que le field venait encore plus de se fortifier en terme de niveau, et le tournoi en devenait donc encore plus EV-.
Il a donc décidé de se retirer (il a tout de même staké 9 participants).
Pour shématiser : Moins d'hommes d'affaires > Field plus relevé > Tournois de plus en plus EV- pour les pros > Désistement des pros.
L'attitude désinvolte de Daniel Colman
Vous l'avez découvert hier, Daniel Colman, jeune américain de 23 ans, est le grand vainqueur du Big One For One Drop 2014. Connu sur le web pour être probablement le maitre absolue des SNG Head's up sous ses pseudos mrGR33N13/riyyc225, il a pris en 2013 plus d'un millions de dollars uniquement sur cette variante.
Mais voila, sa réaction suite à sa victoire du plus gros tournoi de l'année a fait jaser outre atlantique.
Le joueur n'est pas resté plus de 5 minutes lors de la cérémonie de remise de prix. Il a du se faire prier par les organisateurs pour être pris en photo, et a refusé toutes interview et soliciations médiatiques, même celles d'ESPN.
Arrogant ? Grosse tête ? Pas vraiment, les raisons semblent être toute autre. Interrogé sur l'attitude du jeune joueur, un de ses amis à répondu que Daniel avait "aucun intérêt dans la promotion du poker".
La presse américaine n'a pas hésité à attaquer le joueur sur son attitude décrite comme irrespectueuse et désinvolte (voir arrogante), et après enquête s'est aperçu que le joueur aurait environ que 10% sur ses parts (soit 100.000€). La majorité appartenant à son ami Olivier Busquet et à Voulgaris.
Les explications de Daniel Colman
Probablement agacé d'entendre des critiques à son encontre, Daniel a décidé de communiquer sur son attitude au travers du forum anglophone 2+2. Voici son post traduit en français.
"Je ne dois aucune explication à personne mais je vais en donner une…
Premièrement, je ne dois rien au poker. J’ai été assez chanceux pour profiter financièrement de ce jeu, mais j’y ai joué assez longtemps pour voir le côté dégueu de cet univers. Ce n’est pas un jeu où les pros sont heureux de vivre une vie épanouissante. Avoir un job où tu es à la merci de la variance et terriblement stressant et peut mener à de nombreuses habitudes malsaines. Même dans un million d’années, je ne recommanderais à personne d’essayer et d’être un joueur pro.
Ce n’est pas non plus un jeu où les amateurs sont toujours contents de perdre leur argent au nom du divertissement. Les perdants perdent plus d’argent à ce jeu que les gagnants en gagnent. Une bonne partie de cet argent qu’ils n’ont pas les moyens de perdre. On pense que si une personne est assez stupide pour aller mettre en jeu de l’argent qu’ils ne peuvent pas se permettre de perdre, c’est leur problème. Je ne partage pas cet avis. Dans un monde parfait les marchés sont basés sur des consommateurs pleinement informés réalisant des échanges rationnels. Malheureusement en réalité ce n’est pas du tout le cas, les marchés sont basés sur la publicité pour jouer sur les pulsions des joueurs et ciblés leurs faiblesses afin de leur faire prendre des décisions irrationnelles. Je comprends si quelqu’un a envie de jouer au poker de sa propre volonté mais je n’accepte pas que le secteur du jeu soit utilisé par la publicité comme je n’accepte pas que ce soit le cas pour l’alcool ou le tabac.
Ca me dérange que les gens tiennent tant que ça à l'état de santé du monde du poker. Car le poker est un jeu qui a un effet extrême malsain sur les personnes le pratiquant. Financièrement et émotionnellement.
Concernant ma victoire, je crois que les succès individuels devraient rarement être célébrés. Je ne le célébrerai pas part pour les autres et je ne veux pas le célébrer moi-même.
Si vous vous demandez pourquoi notre société s'entiche d'individualités et de leurs succès, et de cette attitude 'balla', il y a bien une raison. C'est parce que cela sert un objectif bien précis. Si vous parvenez à obtenir des gens qu'ils regardent avec envie une autre personne et qu'ils adhèrent à la devise "enrichissez-vous, oubliez tous sauf vous-même", alors vous êtes en mesure de les amener à ignorer le contraste social - contraste si bon pour les systèmes d'endoctrinement. En outre, cela permet également de détourner les gens des choses qui comptent vraiment.
C'est simplement mon avis. Et oui, je suis conscient que je suis en pleine contradiction. Je profite de ce jeu qui cible les faiblesses des gens. J'aime vraiment ce jeu, j'adore son aspect stratégique mais je le vois effectivement comme un jeu très malsain.
Je suis ouvert à tous les avis qui pourraient me convaincre du contraire."