Poker et procrastination

• 10 juillet 2013
• petiteglise
• 6439
•  PA  1
• 28 Commentaires

On peut utiliser le poker comme moyen de procrastiner quand on devrait faire autre chose. On peut également procrastiner en faisant autre chose que du poker, quand on devrait jouer ou s'entraîner. Découvrez comment vaincre la procrastination.

La procrastination chez le joueur de poker

Le poker est en soi un excellent moyen de procrastiner.

Il est 20h, vous devez répondre à un mail important pour le boulot. "D'abord une petite session". A 2h du matin passées, vous quittez enfin les tables. Et le mail ? "je l'écrirai demain matin avant de partir, ça ne sert à rien de répondre à 2h..."

Autre situation : aujourd'hui vous n'avez rien à faire, à part les courses et la vaisselle. Mais rien ne presse, vous avez toute l'après-midi devant vous. Résultat : à 22h, vous commandez une pizza. Les magasins sont fermés, et puis une pizza c'est pratique, pas besoin de vaisselle, laquelle traîne encore dans l'évier.

Mais il arrive également au joueur de poker procrastinateur de faire autre chose que du poker. Le plus souvent, quand il devrait précisément jouer ou s'entraîner au poker...

Votre bibliothèque contient de nombreux ouvrages de poker, desquels vous n'avez lu que les premières pages ? Votre blog de poker n'est plus à jour depuis des semaines voire des mois ? Vous n'avez toujours pas activé votre tracker ? Ou alors vous l'avez activé, mais vous ne regardez jamais vos stats pour déceler vos leaks ? Un de vos compte a été fermé après un an d'inactivité ? Dès qu'un cours est un peu difficile, vous vous dites que vous le regarderez plus tard, alors que vous pouvez passer des heures sur youtube, ou devant des lives de high stakes ?

Si vous vous reconnaissez à travers ces descriptions, vous faites partie de l'espèce des procrastinateurs. Rien de grave, rassurez-vous, mais je ne saurais que vous recommander de lire attentivement la suite...

Comprendre la procrastination

Si vous êtes un procrastinateur, vous avez probablement déjà fouillé le web à la recherche de méthodes miracles pour enfin ne plus culpabiliser d'avoir passé la journée à remettre les choses au lendemain.

Vous êtes peut-être tombé sur un site prétendant que tout n'est qu'une question d'organisation, et qui vous recommande de tenir des listes colorées dans votre agenda. Mais vous avez déchanté rapidement : même faire des listes était devenu une corvée que vous remettiez à plus tard. Après quelques jours, il fallait se rendre à l'évidence : vous procrastiniez toujours autant.

Suite à cet échec, vous avez peut-être tenté votre chance sur un site de psychologie, d'après lequel la procrastination est une conséquence du perfectionnisme, qui trouverait lui sa source dans l'enfance du procrastinateur. Vous voulez que tout soit parfait, et c'est pourquoi vous attendez toujours que les meilleures conditions soient réunies, ce qui n'arrive jamais. Aussi, vous n'agissez qu'à l'approche de la dead-line, voire une fois celle-ci dépassée, après avoir été contraint d'abandonner l'idée de perfection.

Cette théorie peut vous sembler satisfaisante et vous donner l'envie d'entreprendre une psychanalyse pour connaître la raison de votre perfectionnisme. Après quelques mois de thérapie, vous allez découvrir que vous le devez à votre mère, qui trouvait tout ce que vous faisiez "génial, parfait !" ; ou alors à votre père, qui punissait sévèrement toute médiocrité. Enfin, vous allez comprendre pourquoi vous êtes un procrastinateur. Mais cela ne vous empêchera pas de continuer à pocrastiner.

Et personnellement, si je comprends que la théorie du perfectionnisme plaise, car elle est valorisante, j'ai du mal à voir en quoi ne pas sortir les poubelles pendant des jours, par exemple, soit une preuve de perfectionnisme...

La procrastination n'a rien à voir avec la fainéantise ; on peut être procrastinateur et bourreau de travail. Il existe en effet des procrastinateurs qui ont une véritable vie de ministre, menant de front de nombreux projets. Quel est leur secret ?

On peut classer nos occupations selon leur degré d'importance. Au rang 0, nous avons la pure glande : facebook, télé, sieste, etc. Au rang 1, nous retrouvons les tâches quotidiennes : faire le ménage, les courses, etc. Le rang 2 est celui des besognes moyennement importantes : répondre aux mails, faire ses factures, etc. Les travaux urgents appartiennent au 3ème rang.
Bien sûr, ce classement est perméable et dépendant de chacun, mais j'imagine que l'idée est claire pour tout le monde.

Un procrastinateur fait toujours la deuxième tâche la plus importante qu'il a à faire. C'est dimanche et vous n'avez rien de prévu, si ce n'est laver votre appartement. Naturellement, vous passez la matinée entre facebook, youtube et votre room de poker. Vous recevez alors un mail pro, auquel il vous faut répondre au plus vite. C'est à ce moment que vous vous mettez au rangement. Soudain, vous vous souvenez que c'est bientôt la date limite pour remplir votre fiche d'imposition. Du coup, vous répondez au mail reçu précédemment. Vous vous occuperez de vos impôts plus tard, quand vous aurez quelque chose de plus important à faire...

Transformer votre procrastination fainéante en procrastination active

L'erreur typique des apprentis procrastinateurs est de limiter leur nombre de projets, croyant que, lorsqu'ils n'auront plus qu'une tâche à faire, ils s'y mettront enfin. Les pauvres se retrouvent à passer leurs journées à glander.

Le secret pour entreprendre et réussir, tout en étant procrastinateur, est à l'inverse de cumuler les projets. Vous continuerez à toujours faire la deuxième tâche la plus importante. Une fois celle-ci terminée, vous commencerez la nouvelle deuxième tâche la plus importante...

Prenons un exemple concret : vous devez analyser vos stats sur votre tracker. Mais vous n'arrivez pas à vous y mettre, à chaque fois que vous y pensez, vous préférez jouer ou regarder des vidéos. Il vous suffit de trouver de nouveaux projets de poker : poster vos mains problématiques sur le forum par exemple. Au moment où vous vous direz "bon il faut que poste les dernières mains que j'ai mal jouées", votre petite voix de procrastinateur vous murmurera "et si je commençais par regarder mes stats de tracker ?".
Et au final, c'est parce que vous êtes procrastinateur que vous agissez. La procrastination a l'effet d'un moteur : on fait pour éviter de faire.
Et vos mains ? Vous les posterez quand vous envisagerez de faire quelque chose de plus important, écrire un article pour votre blog par exemple...

Le poker est un jeu dans lequel on peut toujours progresser. Un livre ou un article à lire, une vidéo à regarder, une main à analyser... chaque jour, on peut trouver quelque chose à faire pour devenir meilleur que la veille.
Pour un procrastinateur, le seul espoir de ne pas stagner est de cumuler le plus de projets possibles. Valable au poker comme dans la vie.