Salut à tous,
Récemment, je me suis lancé un petit challenge : jouer 1 semaine en nanolimites sur Ipoker en NL 2 et NL 4. Aujourd’hui, je me propose de [strike]venir brag devant vous et de vous montrer que c’est moi le Roi des nanolimites (et puis en vrai ce sont les seules que j’arrive à battre, mais chut faut pas le dire)[/strike] venir partager avec vous dans un esprit communautaire les différentes choses que j’ai pu observer.
Alors avant toute chose, on est sur un forum poker, donc avant de parler, on veut du chiffre et des courbes :
Nombre de hands jouées : 37 K
Nombre de tables jouées : 12
Gain : 145 € soit 54 caves + 100 € de bonus avec la hand race.
Winrate : 14,6 BB/100 (1BB = 1 big blind sur PT4 comme ça aurait dû toujours été le cas…)
Stats significatives : VPIP/PFR = 21/18 3bet = 4,7 % AF = 4 Afq = 52 % WTSD = 29 %
Ceux qui ont 250 messages peuvent m’envoyer directement leurs félicitations via la messagerie PA, pour les autres, laissez votre mail, je vous répondrai afin que vous puissiez me faire montre de votre admiration indéfectible.
Pour être un peu plus sérieux (ou moins ?), même si c’est joli sur le papier, il ne faut pas oublier que 37 K hands reste un échantillon assez relatif comme on va le voir. Bon à priori, je pense que je bats les limites quand même…Malgré les 12 tables, j’ai vraiment essayer de maintenir un certain A-game, de m’adapter aux joueurs même s’il est évident que cela a engendré des erreurs. Il y a un point sur lequel je n’ai jamais transigé : la prise de note constante, qui est essentielle pour dominer le field de regs mais aussi pour tirer le max de value contre des récréatifs qui ne changeront pas leur ligne de jeu.
L’idée de ce challenge m’est venue suite à certains coaching avec mes élèves et quelques analyses de mains sur le forum. En effet, il faut savoir que joue régulièrement en NL 10 afin d’être un peu au fait de ce qui se passe à ces limites. Néanmoins, j’étais surpris de certains plays que je voyais dans des reviews de sessions lors de certains coachings et surtout du retour de certains joueurs qui sentaient un réel gap entre NL 4/5 et NL 10 mais aussi entre la NL 2 et la NL 4/5. J’ai voulu jouer quelques mains pour voir un peu tout cela et je me suis finalement pris au jeu par le biais d’un challenge perso.
J’ai appliqué mon style LAG avec certaines adaptations, je tiens à dire de suite que je déconseille à un joueur qui découvre ces limites d’appliquer le même style, néanmoins, je pense que certaines choses restent valables, même avec un style TAG. Assez parlé, je vais essayer d’apporter quelque chose malgré tout ce qui a pu être dit sur ces limites.
Pour commencer, la philosophie du jeu pour moi reste la même : il faut être ambitieux en attaque, conservateur en défense, bannir le leveling et éviter de jouer un jeu automatique et sans imagination. Cela veut dire encore et toujours, miser nos bonnes mains, éviter les slow plays inutiles. Il faut aussi écouter ce que les joueurs nous disent et nous retirer quand l’heure est venue. Cela signifie qu’il ne faut pas se level en défense lorsqu’on se prend un raise ou un check/raise, même parfois contre des joueurs relativement agressifs.
Comprenez ce que signifie le donk bet, et vous serez le roi de ces limites
Le donk bet est très usité à ces limites, ce qui est normal étant donné que de nombreux joueurs sont inexpérimentés et vont avoir ce réflexe naturel quand ils ne sauront quoi faire. La première étape, je pense, est d’avoir la stat de donk bet dans le HUD et celles de Fold to raise Donk bet en pop up. Même si ont aura peu d’occurrences, elles resteront pertinentes et presque aussi importantes que les stats de Cbet. Attention toutefois à ne pas tomber dans le leveling, mais disons qu’un adversaire qui donk bet 20 % ou a foldé 3 fois sur 4 sur un raise nous donne déjà pas mal d’infos. Les donk bets se classent avant tout par taille de mise :
Le min donk bet d’une blind.
En général, vient d’un joueur qui ne veut pas qu’on mise cher…mais qui va être prêt à payer n’importe quel raise, soit le plus souvent un tirage. On les verra souvent call/call et folder river…j’avoue avoir fait quelques bluffs sur plusieurs streets face à des adversaires sur lesquels j’avais ce read. Parfois il ne s’agira que d’overcards, voir une pocket paire qui veut voir une street pour toucher le set et le joueur foldera turn. Si notre adversaire vous revient dessus et que vous n’êtes pas nutsés, vous pouvez folder, vous êtes tombé dans un trap et s’il bluffait, foldez quand même, il a mérité son argent…
Le donk bet de taille normal (souvent entre 1/2pot et 2/3pot).
La plupart du temps, il s’agit d’un donk bet pour info. Votre adversaire vous pose une question, répondez-lui…de manière inversée…Il est temps de raise vos bluffs (un petit coup d’œil sur la stat de fold raise donk auparavant) et slow play vos monstres…
Le donk bet pot
Première chose à savoir, vous allez avoir le droit à la même au turn. Donk (…) si vous comptez folder turn, autant folder dès le flop…Le plus souvent, il s’agit de protection, comme une TP sur un board drawy, soyez certains que vous serez suivis sur un raise. Attention à ne pas se level également, la range est mergée, cela signifie qu’il peut aussi jouer set et double paire comme cela même si ce n’est pas toujours cohérent.
Dans tous les cas, prenez absolument une note en cas de showdown, d’autant que vos stats n’indiquent pas les tailles de mise.
On pourrait encore écrire sur le sujet mais j’essaye plus d’ouvrir un débat que d’écrire un article sur le donk bet.
Les idées reçues : ne pas bluffer un fish, jouer nit, les joueurs ne savent pas jouer et ne s’adaptent pas…
Quand on parcourt les forums, on lit parfois ces joueurs qui donnent 2/3 conseils et pour qui battre les micro-limites se résument à attendre une main et la value. J’ai le regret de leur apprendre que nous sommes en 2013. Certes, un jeu nit, conservateur et sans imagination devrait suffir pour battre la NL 2 et la NL 4, mais outre le fait que je ne suis pas certain que ce soit le mieux pour progresser, il ne faut pas espérer un winrate extraordinaire (ce qui veut dire aussi être sujet à la variance plus que d’autres). Je tiens d’ailleurs à préciser que le VPIP/PFR ne fait pas tout, on voit des 25/22 qui sont parfois de véritables nits et des 15/12 qui sont des fous furieux…
De nombreux joueurs savent maintenant 3bet bluff, floater, 2 barrel, etc. Certains regs avaient le niveau pour jouer en NL 20/30 et d’ailleurs certains y avaient déjà joué…Il faut donc aller chercher les pots et se battre pour eux. Le plus dur est d’adapter son arsenal à la limite, cela veut dire ne pas jouer un jeu ABC mais éviter d’abuser de moves comme les 3 barrel bluff et des lignes comme check/raise flop, bet turn, all-in river avec tirage raté…Bref, il faut tourner au mieux à votre avantage le fait que la range de votre adversaire sera le plus souvent weak ou le fait qu’il ne veuille s’engager qu’avec les nuts tout en évitant de lui attribuer des raisonnements qu’il ne possède pas.
N’hésitez pas par exemple à prendre les pots orphelins, après un check au flop, un bet turn et river sur une carte qui n’arrange pas l’opposition vous permettra de souvent prendre le coup. Il faut aussi expliquer à votre adversaire qui limp sa SB quand vous êtes en BB que malheureusement, malgré toutes les qualités humaines qu’il possède, ça ne va pas se passer comme ça…
La taille des relances préflop
Vous allez lire sur les forums qu’il faut relancer à 4x en SB + 1 blind par limper…Je pense qu’il faut un peu relativiser cette règle, spécialement sur Ipoker. J’ai remarqué que de la NL 2 à la NL 10, si on dépasse 5x, le taux de fold adverse devient vraiment énorme et on s’isole contre des bonnes mains si par miracle on est payé. Il faut donc savoir parfois varier ce sizing, si vous avez AA, peut-être est-il opportun de ne pas dépasser ce 5x afin d’avoir un minimum d’action. Je ne rencontrais pas ce problème sur le réseau party et je serai curieux d’avoir l’avis d’autres académiciens pour savoir si cela dépend de mon image à la table.
Se broke ou non avec Top paire contre une action agressive
C’est ce qui m’a en grande partie pousser à faire ce challenge. J’ai commencé à avoir l’impression que cela dépendait grandement des limites et cela m’a été confirmé sur cette échantillon. En NL 2 on va broke plus facilement qu’en NL 4. Je pense que la raison tient au montant psychologique des mises. Encore une fois, un joueur récréatif ne réfléchi pas en blinds mais en valuer monétaire. Et visiblement, ils ont plus souvent l’impression qu’il ne leur reste pas grand chose en NL 2 qu’en NL 4. On assiste donc à des raises Cbet et des check/raise avec TP/NK pour mettre le « reste de l’argent ». Par rapport à cela, je pense qu’il faut être plus conservateur en NL 4 et le summum se trouve en NL 10. Personnellement, j’ai vraiment senti une différence à ce niveau et vraiment, je vous invite à ne pas tomber dans le piège du leveling, soyez conservateurs face aux moves type raise/min raise Cbet, Check/minraise, Check/raise, Donk bet pot river, etc.
Dernière chose et ça n’engage que moi, je sais que tout le monde ne sera pas d’accord : quand on vous check/raise à la river, si vous n’avez pas nuts absolues, vous pouvez folder les yeux fermés, pas la peine de regarder la cote du pot…
Stratégies avancées
Par stratégie avancées, j’entends des stratégies qui ne sont pas forcément à la portée d’un joueur qui commence le poker mais qui peuvent être employée par des joueurs commençant à avoir de l’expérience. Elles sont évidemment plus high variance mais rapportent également plus d’argent à long terme.
En NL 4
Le 4bet bluff
Les joueurs savent 3bet mais ils sont encore relativement fébriles face au 4bet. N’hésitez donc pas à les 4bet en bluff. La principale difficulté sera de jouer les pots 4bet (oui, ils se défendront souvent en payant avec des mains moyennes)…Il faut avouer que le fait d’avoir étudier ce genre de pots couplé au fait que les ranges adverses étaient face up m’ont permis d’améliorer mon winrate.
Le multi barrel dans les pots 3bet
Les joueurs sont très faibles postflop dans ce genre de pots. Le fait de pouvoir jouer 120 bb deep sur Ipoker est un réel avantage qui donne un certain effet levier dans ces pots aussi bien attaque qu’en défense. Les ranges adverses seront souvent JJ-/AQ/AJ/KQ en défense, ranges qui ne pourront supporter des multi barrel sur certains boards. Il m’est même arrivé de 3bet des mains contre des adversaires qui ne foldaient pas au 3bet juste pour prendre le pot postflop…
Le 3 barrel bluff
Un grand classique : l’adversaire calling station paie sur un board drawy avec main weak + tirage, il se retrouve à la turn juste avec main weak et on lui fait folder avec notre bluff pur.
En NL 2
Honnêtement, ne faites aucun de ces moves, les tailles de stack ne le permettent pas, on a quasiment aucune FE. On peut néanmoins abuser du 3bet bluff et évidemment du 3bet en value quand c’est possible, il ne faut pas hésiter à élargir sa range quand l’adversaire paie trop.
Quelques mots sur mes stats
Clairement, j’ai été trop large en SB où je vole 45 %. On voit d’ailleurs que je suis gagnant, ce qui est évidemment intenable à long terme et montre bien qu’il faut relativiser un tel échantillon de mains. On voit aussi que je n’ai pas été défendre mes blinds outrageusement, la raison repose en partie sur le fait que les stratégie à base de check/raise marchent moins bien, même par rapport à la NL 10.
Le F3bet à 70 %, finalement bas pour ces limites, s’explique en partie par le fait qu’on puisse se caves 120 bb en NL 4 et 250 ( !) en NL 2, ce qui permet de payer avec plus de mains et de set miner dans de nombreux cas.
Le W$WSF (Won $ when saw flop) à 44 % : Assez élevé pour la limite. Je pense que cette stat résume bien les choses, je le répète, n’ayez pas peur de vous battre pour les pots, soyez tatillons sur les donk bets, les mises qui montrent de la faiblesse, choisissez les bons spots pour Cbet et éviter de rentrer dans des schémas du type « je bet une fois et j’arrête », testez les raise Cbet, etc. Il faut trouver la faille chez chacun de vos adversaires, que ce soit par les stats ou par l’observation et appuyer dessus encore et encore. Je vois beaucoup trop de joueurs qui confondent un jeu serré agressif avec un jeu nit passif. En revanche, sachez écouter ce que vos adversaires vous disent, lorsqu’ils commencent à répondre à votre agression, la plupart du temps, il est temps de quitter le coup.
Quel winrate peut-on espérer ?
Difficile de juger, mais je pense qu’un joueur qui débute pourra très vite faire du 5bb/100 en étant sérieux, un bon joueur du 15bb à 20bb/100. En théorie, je pense qu’on peut atteindre des 25 à 30bb/100. Le plus important est de ne pas spew. Personnellement, j’ai laissé plusieurs caves juste pour tester des « trucs », payer pour voir les cartes de mon adversaires, ce qui était le but initial de ma venue à ces limites. Je jouais 12 tables, nombre sur lequel il est bien entendu impossible de jouer son meilleur jeu. On voit que j’ai un petit bad run à la fin et que je je ne gagne plus. A mon sens, cela n’est pas dû qu’au bad run, les deux derniers jours, j’ai eu du mal à trouver la force de poser problème aux regs et à m’adapter. Le winrate s’en est tout de suite fait ressentir. Ce qui est bien fait à ces limites, c’est que dès qu’un reg vous exploite, il s’empresse de vous le faire savoir, ce qui permet de limiter les dégâts…
Voilà, j’avoue que j’aurais aimé développer encore d’autres aspects mais après ça commence vraiment à faire long, donc je préfère répondre à d’éventuelles remarques. J’espère avoir été assez clair et surtout que cela pourra être un peu utilise, même si j’emploie l’impératif, sachez qu’il s’agit avant tout de ma vision des choses et non de la vérité, mon objectif est avant tout d’inviter à la réflexion plus que de donner une recette.
Notes aux modérateurs : je poste dans la section stratégie puisqu’il s’agit plus d’un débat sur les micros que de savoir si je peux battre ou non la NL 2….