Lutter contre les blocages psychologiques au poker - Les conduites d'évitement

J’aimerais aborder avec vous un leak récurrent chez les joueurs de poker et que nous pouvons retrouver à tous les niveaux : les conduites d’évitement. Par conduite d’évitement, j’entends la crainte, parfois irrationnelle, déclenchée par certaines situations spécifiques qui vont amener le joueur à les éviter.

Dans la majorité des cas, elles ont des causes à priori diamétralement opposées mais le plus souvent liées dans les faits : l’expérience et l’inexpérience.

L’expérience car l’accumulation de certaines situations déplaisantes vont vous amener à les éviter. L’inexpérience car vous ne savez peut-être pas encore que ces situations que vous subissez ne sont que la norme au poker ou bien encore que le déplaisir que vous éprouvez est la conséquence de la méconnaissance de ces situations qui vous mettent en difficulté.

Quelques exemples concrets

Lorsque vous essayez pour la quatrième fois de vous installer à une limite, l’accumulation des mauvaises expériences et la crainte de les voir se répéter vont influencer négativement votre jeu. Certes, d’un strict point de vue objectif, peut-être jouez-vous ce qu’on pourrait appeler un A-game. Mais vous ne jouez pas VOTRE A-game. Ces mauvaises expériences peuvent vous empêcher de faire ces moves qui faisaient votre force aux limites inférieures, comme ce petit overbet river de temps à autre ou ce push avec K7s au CO, ce qui vous aurait fait gagner de précieuses blinds…et qui sait, vous aurait permis de durer assez longtemps à la limite pour « sortir » de ce fameux bad run qui vous colle. Le fait aussi d’être inexpérimenté à cette nouvelle limite et donc d’avoir un niveau fragile font que votre winrate sera très sensible aux mauvaises variations.

Un autre exemple concerne les mains ou situations de jeu : vous recevez QQ et votre réaction est : « Rhalala les QQ, j’aime pas cette main. Bon je vais 3bet. Ca passe ? Ouf ! ». Cette crainte possède deux fondements. Pour commencer, il est tout à fait possible que vous ayez eus disons…certaines expériences négatives. Si on ajoute cela au fait que vous n’avez pas étudié de manière précise comment jouer cette main, l’expérience des bad beats couplée à l’inexpérience du jeu font que vous adopterez une conduite d’évitement dans cette situation. Pourtant, personne n’est jamais mort pour avoir joué avec une paire de dames (au poker en tout cas…).

Comment se manifestent ces conduites ?

La liste n’est pas exhaustive mais je pense qu’on peut faire ressortir quatre types de comportements :

  • Le renoncement à la situation : c’est très simple, vous avez renoncé à jouer à la limite qui ne veut pas de vous ou vous cliquez plus vite que votre ombre sur fold lorsque vous recevez la main maudite. S’il s’agit d’une situation de jeu plus précise, par exemple une top paire mal kickée, toutes les raisons seront bonnes pour folder et votre adversaire sera souvent ravi de vous en fournir une.

  • Les aménagements : vous n’avez pas renoncé à la situation mais vous suivez un même schéma qui vous rassure. Par exemple : « s’il mise cher ici je fold », « je cbet une fois et j’arrête », « A –2 caves j’arrête (même si la table est rempli de récréatif) », etc.

- Les stratagèmes rassurants : vous ne jouez que si on vous rail, vous avez 53 tableaux ouverts sur 6 écrans en même temps que vous jouez, 1 pot gagné/un verre, etc. Ces stratégies ne sont pas des non sens, elles peuvent aider à sortir de ces situations à condition de ne pas les intégrer à tout le système…

- La conduite à risque : c’est une manière paradoxale mais on va parfois utiliser comme défense le penchant opposé, c’est-à-dire le risque. JJ n’est plus une main à folder mais est devenu au contraire une main à 5bet et à transformer en bluff. Vous allez aussi jouer under rollé à la limite du dessus ou encore arriver aux tables en décidant que vous êtes le top reg de cette limite (les 5mn où vous resterez…). C’est une manière d’éviter la situation en ne vous y engageant pas réellement (c’est un peu comme rater un examen parce qu’on a fait la fête toute la nuit…je l’ai raté parce que j’ai fait la fête mais sûr que je l’aurais eu sinon…).

Si nous résumons, nous allons ériger comme centralité une certaine situation qui nous apparaît déplaisante et nous allons nous tenir à l’écart de cette dernière. Paradoxalement, je pense que le fait d’avoir conscience de ce déplaisir est une bonne chose car le pire qui puisse arriver, c’est que tout ceci devienne un automatisme auquel cas vous n’auriez même plus conscience de votre leak. Par exemple faire toujours 1 barrel avec un tirage couleur et s’arrêter, quel que soit l’adversaire ou la situation de jeu.

Comment remédier à ces conduites ?

Dans leurs principes, les techniques pour remédier à ces conduites sont assez simples : s’exposer peu à peu aux situations « anxiogènes » et les rationnaliser. Dans la pratique, les choses sont bien entendu toujours plus compliquées. Il y a également une différence entre un joueur débutant et un joueur ayant plusieurs centaines de milliers de mains à son actif. Dans la majorité des cas, je pense que l’étude du jeu, l’accumulation de l’expérience et un certain appui suffiront naturellement à remédier à ces conduites. Par exemple, il faut comprendre que perdre le coup avec AK, si on considère qu’on va toucher 1 fois sur 3 une paire, constitue la norme et non l’exception. Il ne faut donc pas s’attacher à la valeur absolue de cette main mais considérer sa valeur relative et comprendre qu’on ne veut pas gagner le plus de pots possibles mais les plus gros pots. De même, on ne va plus craindre une overcard avec JJ lorsqu’on comprendra que cela arrivera plus d’une fois sur deux. Il nous reste alors à étudier les différentes manières dont on va jouer cette main suivant les boards et les profils, nous serons alors toujours en terrain connu. L’apport d’un coach qu’il soit mental ou technique peut constituer une aide précieuse mais n’est bien entendu pas obligatoire. Partager son expérience dans un groupe ou sur les forums peut aider, surtout si on a du mal à franchir une limite. Je pense que le plus important dans ces situations est de ne pas se retrouver seul et d’avoir une source qui nous indique la « voie de la raison ».

Les limites du coaching et des forums

Nous ne sommes pas (encore) des robots lorsque nous jouons au poker. D’une manière ou d’une autre, notre personnalité s’exprime dans ce jeu. Prenons un exemple : vous avez du mal à joueur certaines situations où votre tapis est en jeu, par exemple relancer un tirage. En regardant des vidéos puis en postant quelques mains sur les forums, même si vous n’êtes pas toujours à l’aise, vous finissez par arriver à jouer convenablement ces mains. Quelques semaines plus tard, vous vous rendez-compte que vous êtes incapable de payer un gros bet à la river et que vous n’ouvrez plus les tables durant des jours dès que vous perdez quelques caves. Vous décidez de prendre un coach mental qui va vous aider à lutter contre certaines croyances irrationnelles et à accepter la variance du jeu. Ce coaching porte ses fruits, néanmoins, quelque chose fait que décidément, ce jeu que vous aimez tant n’est pas facile tous les jours et de nouveaux leaks apparaissent ou reviennent.

La réalité, c’est que le fondement de votre personnalité est peut-être d’être quelqu’un de prudent. Ce n’est pas un défaut, c’est même une qualité au poker : vous réfléchissez mûrement vos décisions. Cependant, vous devez comprendre qu’il y a un travail à faire et qui ne pourra être fait par l’intermédiaire d’un coaching car il touche le domaine de l’intime. C’est-à-dire comprendre pourquoi vous jouez et comprendre qu’il y a des incompatibilités entre votre personnalité et ce jeu qui comporte une prise de risque en son essence. Il s’agit en quelque sorte de renoncer à une certaine part de votre personnalité tout en utilisant une autre part : le fait que vous prenez des décisions rationnelles et réfléchies. Vous devez également comprendre que peut-être utilisez-vous ce mode de pensée car vous aimez contrôler les choses et ne souhaitez pas être surpris, ce qui est antinomique avec le poker. Si vous voulez continuer à prendre du plaisir au poker, vous allez donc devoir vous remettre en question au-delà du jeu lui-même et faire évoluer la manière dont votre personnalité s’exprime dans ce jeu.
L’exemple de la personnalité prudente n’est bien entendu qu’un exemple parmi d’autres, ce que je souhaite souligner, c’est qu’il faut aller parfois un peu au-delà du poker pour jouer son A-game. L’avantage, c’est que la pratique aussi va influencer cette personnalité. Autrement dit, le fait de constater qu’en travaillant son jeu et qu’en prenant des risques on arrive à avoir des résultats, va aussi influencer votre vision du jeu et votre personnalité.

Le but de ce petit article est avant tout d’aider à la prise de conscience qui est une étape essentielle pour faire évoluer les choses. Je suis de ceux qui pensent qu’une fois que la motivation et l’objectivité sont là, le reste n’est qu’une question de temps et de travail.

PS : certains des joueurs que je coache ou avec qui je discute pourraient avoir la désagréable sensation que je les ai pris en sujet d’étude ici. La réponse est oui et non. Oui car il est évident que je propose des hypothèses à partir de ce que j’ai pu observer. Non car en fait, je ne crois pas avoir rencontré un seul joueur qui ne possède pas ce leak (moi le premier)…

Voilà, j’ai essayé de proposer quelques hypothèses et remarques, j’espère que vous m’aiderez à affiner ma vision des choses. :slight_smile:

Je lis ça dans l’aprem… Interesting :slight_smile:

En fait, lu, très intéressant, qui mérite mieux qu’un post qui va vite se noyer dans le forum… GG !!

same

Tres bel article, je m y retrouve totalement :

Pour ma part, je pensais n être que result oriented et donc le travail c est fait sur la prise de décision mais cela a fait apparaitre d autres problèmes plus important, lié a la manière dont j aborde mon travail dans ma vie professionnelle car je tente d aborder le cash game tel un travail ( car oui, c est en cash game que je veux reusssir):
Le fait de ne pas tout maitriser me mine (car d une part je n aime pas trop le risque, de plus j aime élaborer des process pour me mener a mon but) surtout des que je vois ma courbe piquer vers le bas j arrête tout net et passe a autre chose d ou mes allez retour entre cash game, tournois et sng. Cela se traduit par une suppression de base de donnée dans holdem manager et par la création d une nouvelle base de donnée toute vierge et par un nouveau départ, avec énième réflexion de mon énième projet poker qui se traduit par du surplace, comme si je déchirais ma copie et recommençais.
Ce qui m a servi dans ma vie professionnelle semble complétement m échapper dans un domaine comme le poker et même être totalement infructueux et de façon surprenante plus dans le cash game que dans les autres domaines.
La question est comment passer outre ses habitudes ?, outres des méthodes qui ont fait leurs preuves ? pourquoi cela ne marche pas de le poker ?

voila pour moi et merci.

Super article dans lequel tous les joueurs de poker se retrouvent (notamment avec les JJ :whistle: ) et qui permet de réfléchir sur les situations bien spécifiques qui nous emmerdent lors de nos sessions :wink: :wink:

Merci à tous pour commencer et je vais essayer de te répondre dans la mesure où cela est possible Puma. Le problème de ton post, c’est que ta situation est difficile à analyser sans te connaître et sans en savoir plus et d’ailleurs cela n’a pas sa place ici. Je pense en tout cas que tu as bien ciblé le problème : même si tu aimes ce jeu, je pense que tu n’as toujours pas décidé le joueur de poker que tu voulais être. Je dirais que tu as du mal à entrer et à tenir le rôle de joueur, quel qu’il soit. D’ailleurs si je ne me trompe pas, tu répètes souvent sur le forum que tu n’es pas le même dans la vie.

Le problème d’un rôle, c’est qu’il demande toujours un certain renoncement. Quand tu es au boulot, tu te retiens d’être un serial killer avec ton patron, quand tu es avec tes amis, tu te retiens de dire à un tel que décidément, son compagnon est totalement débile, quand tu es au stade à supporter le barça, tu ne viens pas avec un maillot du PSG (qui est le véritable club de ton coeur :wink: ), etc. Tu renonces à cela car tu as aussi d’autres choses à gagner.

Pour l’instant, j’ai l’impression que tu as du mal à renoncer à certaines choses, comme par exemple certaines méthodes que tu as déjà utilisé et qui ne marchent pas au poker, le fait que si tu veux “réussir” il va falloir t’investir plus que tu ne le fais, que si tu veux être un pur amateur, le fait même de traîner sur un forum de poker est presque incompatible (d’ailleurs le pur amateur n’est pas autant touché par ses résultats que tu peux l’être), etc. Bref, comme tu ne t’engages jamais réellement et que dès le début, tu sous-estimes (voir surestime) la tâche qui va être la tienne, et bien à chaque fois tu ne cesses de t’arrêter pour recommencer autre chose. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que tu demandes à locker la moitié de tes threads (hum…j’exagère ?).

Pour te répondre, je pense effectivement que cela dépasse le simple “leak” mental et qu’il y a un problème avec la manière dont du vis le poker (pas besoin d’avoir bac +32 pour s’en rendre compte…). Le problème, c’est que cela va au delà du coaching mental et des discussions sur des forums, la solution n’est peut-être pas si compliquée mais elle relève avant tout de toi et de ton pouvoir de décider. Je sais qu’une telle réponse ne te fais pas plus avancer mais il y a un moment où nous sommes face à nos choix, les avis peuvent aider dans notre décision mais le fait de choisir et de se tenir à nos décisions nous appartient au final…

En tout cas j’avais prévu d’écrire également sur le sujet (le rôle) même si là j’ai déjà un peu empiéter. :wink:

Tiens un article intéressant de psychologie. Bon on y apprend pas grand chose mais au moins on peut le lire sans décrocher au bout de la 2eme phrase.

Quand même des trucs pas mal : Vous avez pas relancer avec K7s au CO et pas 5 Bet avec JJ, waouu le fish serré.

Si on a un jeu fort, dans lequel on se sent solide, peu importe la limite. les adaptations viendront d’elles mêmes au fur et à mesure de l’expérience et des prises de notes sur les joueurs.

Tout d abord Merci d avoir pris le temps de me répondre, c est vraiment très sympa.
Tu m as très bien cerné, effectivement le fait de lock mes threads (pour la plupart sauf le dernier), vient du fait que je ne sais jamais, la direction que je dois prendre au poker (c est con et pourtant dans la vie, je suis quelqu’un un de décidé dans ce qu il entreprend, je sais lâcher un taf quand il me fait chier sans penser au lendemain, changer de pays et commencer de nouvelles choses en totale confiance).
En te lisant, je pense que c est en partie due au problème de la variance car comment s investir être prêt a morfler quand on a pas réellement le contrôle des choses ( je parle d avoir le sentiment et non pas que le poker est rigged, j ai jamais dit ça, on est d accord ). C est comme ci en définitive je me lançait dans un projet mais avec le sentiment que cela ne dépend pas de moi et comme je me lance a fonde en règle générale et bien ça doit bloquer a ce niveau ( variance , rake, souffrance pas nécessaire puisque vouée a l échec ect…) alors que dans la vie la présence de l aléas ne me semble pas si présent ou du moins n a pas de prise sur moi car je suis préparé a tout et rien ne me paraît insurmontable.
Après, il est vrai que je sais pas quel type de joueur être. Le Cash game j adore mais les résultats ne sont pas la ( en même temps c est normal je vais pas jusqu au bout ). Tournois , ok j ai des résultats mais cela me fait chier d une parce que peut être due au hasard et de deux parce que ça demande du temps, moins flexible quand on a une vie porfessionelle ect…
Bon je vais pas pourrir ton thread mais merci car cela m a permis d avancer un petit peu plus.
En attendant, ton article sur le rôle.

A+

Article très intéressant où je me suis beaucoup trouvé je dois dire. Je suis content que tu aborde ce sujet si simple et si complexe à la fois. L’exemple avec la paire de QQ est assez atypique de ce que j’ai pu ressentir avec cette main. Merci :wink:

@ Most83. De loin le post le plus décevant que j’ai pu lire venant de ta part : j’arrive tout content de voir que tu as réagi à mon thread, j’attends même que mes pop corn soient prêts et que vois-je ? Most qui en gros me dit que mon article est juste banal ? C’est tout ? En gros je ne lui serais que juste inférieur ? Qu’est-ce qu’il se passe, un médecin vient de t’annoncer que tu es condamné et tu fais repentance ? Ressaisis-toi Most, le plus dur n’est pas d’arriver au sommet mais d’y rester !

@ Puma. Merci pour ta réponse qui une fois encore très intéressante, effectivement on pourrait encore développer sur des pages entières (si je commence je suis encore parti pour avec ce que tu viens de dire) mais bon je pense qu’on aura l’occasion d’en reparler déjà dans le thread de zenway et ensuite sur celui que je ferai sur les rôles (pas pour tout de suite…). Mais bon, je suis sûr qu’on va se rencontrer d’ici là sur le forum d’ici là :wink:

@Spirit77

Oui comme tu le dis, finalement le principe est assez simple, la résolution plus complexe :wink: Pour reprendre l’exemple de QQ, on peut se faire soit-même un petit “protocole” dont voici un exemple :

Etape 1 - Identitifer le problème et sa source

Problème : Je n’aime pas jouer QQ, j’ai tendance à éviter la situation en effectuant un 3bet et à give up si le flop ne me convient pas en cas de call. Source du problème : Il y a toujours une overcard au flop et l’adversaire a toujours floppé sa TP…

Etape 2 - Connaître son ennemi

  • Probabilité de flopper une overpaire, probabilité que diverses profils aient touché l’overcard, etc.
  • Trouver des vidéos ou des articles théoriques qui traitent des mains à showdown value

Etape 3 - Etablir un plan d’attaque

  • Catégoriser les diverses lignes que nous allons prendre postflop lorsque notre QQ est devenue seconde paire. Exemple : Je raise au BTN, le CO 21/18 paie, le flop est K72. Quel est mon plan ? Bet et check/fold ? Bet et check/call ? Check/call ? On va voir que même contre un 21/18 on a utiliser des plans différents suivant notre historique et d’autres stats (comme FCBET, tendance au floating, etc, agressivité). L’avis d’un tiers est souvent le bienvenu.

Etape 4 - Appliquer le plan d’attaque

Analyser à froid les mains qui ont posé problème et les revoir sur un forum/groupe de travail ou avec un coach. Réadapter son jeu en conséquence.

Etape 5 - Bilan

Est-ce que je retrouve encore dans mon jeu cette conduite d’évitement ? Non, ben le problème est réglé, next. :wink: Oui, on va travailler sur les derniers résidus.

Etape 6 - Travail d’appoint.

Le fait de travailler sur un pan précis du jeu peut déséquilibrer d’autres domaines. Par exemple on ne 3bet plus du tout QQ. Dans ce cas il faut aussi faire un travail sur les ranges préflop pour identifier les profils que nous allons 3bet. Normalement le jeu dans les pot 3bet devrait poser moins de problème grâce au travail que nous avons effectué précédemment.

Evidemment, on ne fait pas ce genre de travail qu’avec des situations récurrentes que nous refusons obstinément d’affronter. Heureusement, la plupart du temps, l’apprentissage vient naturellement grâce à l’accumulation de l’expérience. :wink:

Le poker est un jeux d’adrénaline, il est très dure pour un joueur débutant ou même joueur live d’interpreté toutes ses variations. Le sample de main est trop restreint, il lui sera tres difficile de créer son protocole et de s’y tenir.
Petit sample de main
Ne connais pas encore les runs et les interpréte mal(RO==> si il se fais casser pQ,K,A)
Varie trop souvent du cash au sit’go ou mtt…structure hu, 4,6 ou 9max

+1 pour ton article qui détail comment un joueur pro doit se comporter…
Intéressante approche pour comprendre les tendances des joueurs en générales. des évolution des thinking process… Les tendances qui nous éloignes trop souvent de notre thinking process(trop latin, trop émotifs, impulsif…) faut naître scandi !

++

Ta remarque est intéressante concernant le sample de mains. On voit souvent sur les forums des threads du type “On m’a craqué AA, comment ne pas tilter” ? Je pense que le plus souvent la réponse sera assez simple : en jouant.

En effet, de nombreux blocages ont juste comme source l’inexpérience. Normalement, la 1000ème paire d’As craquée devrait nous faire moins d’effet que la première…De même, les premières fois où on joue certaines situations, on peut vivre certains dénouements comme une injustice ou avoir peur de certaines lignes, avec l’expérience, on se rendra compte qu’il s’agit juste de la norme.

Je pense qu’on va s’attaquer à un leak plus sérieusement lorsqu’il devient une sorte de pic…d’incompétence. Je m’explique. Même si la frontière est difficile à définir, nous sommes censé avoir un niveau de jeu assez harmonisé. C’est-à-dire qu’un joueur de NL 100 ne doit plus partir en tilt s’il se fait craquer les As, un joueur qui joue en NL 10 ne doit plus faire l’erreur de jouer une main avec un mauvais kicker, etc. Il arrive parfois que nous ayons des leaks récurrents que nous ne devrions pas avoir compte tenu de notre niveau de jeu et ce, malgré nos efforts pour les gommer. C’est dans ces cas que nous allons développer des techniques disons…plus avancées pour y remédier. En résumé, on sort l’artillerie lourde.

Donc voilà, quand je parle de blocage psychologique, il faut vraiment faire attention au terme “blocage”, ça bloque alors que ça ne devrait pas. Que quelqu’un qui a joué 10 K hands dans sa vie bloque avec QQ quand il y a une overcard, c’est normal et je ne m’adresse pas vraiment à lui. Par contre si c’est toujours le cas au bout 500 K hands, là pour le coup, il serait temps de s’attaquer au problème car il a en quelque sorte oublié quelque chose sur le chemin de sa progression…

Et beh j’ai du boulot alors au vu de ce que tu écris! :blink:

Car j’évite certaines mains comme la peste à cause de la difficulté de les rentabiliser telles QJo JTo T9o,même KTo,est-ce grave docteur Freudinou? :laugh: :wink:

Par contre j’hésite pas à OR early Axs K8s+ et à me retrouver dans des spots de merde! Trop fort ce Totha! :stuck_out_tongue: :silly:

PS: c’est pas tant de jouer une main avec mauvais kicker que d’équilibrer entre value-main marginale-main faible associé à du hand reading,plus tu possèdes de skills et mieux tu t’en sortiras: exemple T7s et T8s sont positifs UTG chez moi.

Je te connais donc mon jugement sera sûrement biaisé mais je ne suis pas certain qu’on puisse réellement parler de conduite d’évitement dans le sens où je l’entends. Est-ce qu’il t’est vraiment nécessaire d’apprendre à jouer ces mains actuellement ? Je veux dire, es-tu arrivé à un tel niveau qu’il n’est pas normal de ne pas ouvrir QJo/JTo/T9o ? Pour ma part je ne pense pas, on pourrait juste parler d’un domaine du jeu qu’il faudrait que tu travailles mais qui n’est pas prioritaire actuellement. Pour te donner un contre exemple, on pourrait parler de blocage et de conduite d’évitement pour un joueur évoluant en NL 50 et qui s’obstinerait à ne pas jouer des Axs de peut de voir des tirages qu’il ne saura pas jouer (il faudrait donc travailler l’aspect technique concernant les tirages et l’aspect mental qui sera relatif à la variance).

J’aurais voulu te répondre que oui j’ai atteint un niveau excellentissime mais bon je m’abstiens!

Les mains que tu cites ne sont effectivement pas rentables chez moi sur un large sample d’environ 400k hands sur l’ensemble des positions.

Par contre j’ai amélioré mon jeu en introduisant des 87o 98o qui eux, curieursement, sont rentables pour l’instant dès le HJ.

Je sais pas si c’est une erreur de vouloir “combler” le vide entre les combinaisons T et 6 ?

Car à part les PP et parfois les SCs et rarement des one-gappers j’ai très peu de combinaisons dans cette zone.

Et oui je te dirais que j’ai atteint un niveau tel que je me sens apte à jouer any card! :laugh: :stuck_out_tongue: :silly:

Très intéressant tout ça Freudinou! Je comprends bien l’intérêt de laisser une partie de notre personnalité de côté qd on joue au pok. Je me rends compte que ça pourrait m’être très bénéfique. Mais une fois ce constat fait, comment y arriver? C’est une chose de reconnaitre certaines situations où on a déjà été en difficulté, et d’y répondre en jouant d’une autre façon, pcq’on s’est renseigné ou pcq 'on y a réfléchi en review. Mais comment on peut laisser de côté la partie ‘néfaste’ de notre personnalité? Elle fait partie intégrante de notre être, comment la faire taire? Comment être à l’aise en jouant un peu ‘contre nature’? Comment ne pas retomber dans les m^mes travers au bout d’une heure de jeu alors que le jeu va si vite?

A mon humble avis il faut se forcer à jouer contre nature encore et encore pour pouvoir gommer nos défauts. Et à force de jouer, on changera justement notre façon d’être et de penser de manière à justement ne plus jouer “contre-nature” pour être dans le vrai.
Rome ne s’est pas faite en un jour, il faut donc selon moi acquérir une bonne dose d’expérience (et être convaincu que c’est de cette manière qu’il faut jouer pour s’améliorer) afin de tendre vers la “perfection”.

ps: qu’on soit bien d’accord, la perfection n’est qu’une illusion.

Question intéressante à 100 K € Albert29 à laquelle Pazico a commencé à répondre.

Si tu le veux bien, même si je n’aime pas trop ça, je vais faire le parallèle avec mon expérience de psychologue clinicien.

Lorsque je reçois un patient il y a plusieurs éléments. Idéalement, il y a déjà une volonté de changement de sa part, une vraie décision s’il vient de plein gré. C’est à la fois le plus important sans quoi rien n’est possible et en même temps le minimum car le parcours sera semé d’embûche.

Pour commencer, il y a une différence entre savoir une chose et la dire. La plupart du temps, on pense savoir les choses et le simple fait de les dire nous fait réaliser qu’on ne sait pas tant que ça. C’est bien sûr valable sur un plan…disons logique, il s’agit de la différence entre l’assimilation passive et active : beaucoup pensent (moi y compris) avoir saisi le concept en regardant une vidéo et pourtant ils se trouvent bien en difficulté lorsqu’il s’agit de l’expliquer. C’est valable également sur le plan mental ou disons des “problématiques personnelles”. Lorsqu’une personne vient en thérapie, très souvent, elle pense avoir à peu près compris le problème mais le simple fait de l’énoncer et de se faire relancer par des questions montre qu’il est un peu plus complexe qu’elle ne pensait. C’est valable également au poker sur le plan mental, il y a un peu plus de nous…qui agit contre nous qu’on ne peut le penser. D’où la nécessité de s’interroger de manière active. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut aller en thérapie mais qu’il faut savoir ECOUTER ce que les autres ont à nous dire, que ce soit sur un forum, un groupe de travail, un coach, etc. On peut aussi faire des bilans concrets, un truc tout bête : prendre une feuille et mettre à plat nos qualités et défauts pour ce jeu. Une phrase pour résumer : connaître les données du problème. La limite, c’est que contrairement à une thérapie, on ne va pas pouvoir tout dire, il y a une distance nécessaire (un coaching n’est pas une psychothérapie, ça me semble évident, mais ça va mieux en le disant…), ce qui demande donc un plus grand travail personnel à la personne et surtout, un travail plus difficile.

A partir de cette première phase de compréhension vient la technique. Il faut des outils pour avancer. Très souvent, il y a une sorte de résistance à cette technique, la personne considérant qu’elle a tout compris pense que cela excuse les comportements qu’elle était pourtant venu éradiquer. “Oui mais ça je sais pourquoi je fais ça…”. Les personnes sont souvent prêtes à débattre des heures sur les causes mais dès qu’il faut y remédier, ça coince. Je vais prendre l’exemple de la phobie qui a, comme vous vous en doutez, en grande partie inspirer cet article. Après la première phase qui consiste à comprendre l’origine du trouble et la manière dont il s’organise on va essayer d’y remédier. On ne va pas jouer les bourrins, on va par exemple dans le cadre d’une phobie du yeti demander à la personne d’imaginer quelle est en présence de l’abominable homme des neiges, puis ensuite montrer des dessins, l’emmener en montagne voir des ours polaires et enfin lui faire rencontrer la bête lors qu’un périple en Himalaya (car le yéti existe bien entendu, je pense que personne ne s’opposera à cette vérité). Le tout accompagné d’exercices respiratoires, etc. Tout ceci est un programme construit et progressif. Il faut comprendre que chaque phase et sa réussite va influencer positivement la personne et lui donner la motivation de continuer pour s’améliorer. La pratique va influencer notre personne et remplacer peu à peu nos anciennes habitudes. Le changement entretient la motivation et ce qui motive à changer c’est aussi l’objectif qui doit être clair et défini. Je pense que cela s’organise de la même manière au poker sur le plan mental, à un degré bien moindre évidemment. Le fait de s’attaquer à un leak et de voir qu’on progresse va nous inciter à continuer de l’attaquer. Cependant, il y a de nombreux moyens d’arrêter de l’attaquer (bad beat, pause poker, euphorie…), d’où la nécessité d’élaborer un programme construit.

Pour répondre à ta question, il faut donc 1) Comprendre 2 ) Prendre une VRAIE décision. Et cette décision, que ce soit en thérapie, en coaching ou que sais-je, personne ne peut la prendre à la place du sujet. 3) Elaborer quelque chose de construit pour remédier à nos leaks. Je dis “quelque chose” parce qu’il existe de nombreuses possibilités, mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut un minimum d’organisation et de vision d’ensemble. Bien souvent, il y a ces trois éléments qui sont déjà présents mais de manière inorganisées, dans les mauvaises proportions, etc. ce qui donne un sentiment d’impuissance puisqu’on a l’impression de faire tout ce qu’il faut alors que ce n’est pas le cas.

Voilà, j’ai essayé d’être synthétique donc forcément je perds en précision mais après pour aller plus loin, je peux toujours te présenter des modèles du traitement de l’information et du changement. Je te conseille de regarder les vidéos de Rémy Epinoux si ce n’est pas déjà fait, je trouve qu’on y apprend déjà pas mal de choses.

Encore une fois Freudinou nous offre un bien beau post très intéressant.
Je vais de ce pas m’intéresser à Rémy Epinoux qui m’était jusqu’ici inconnu :wink:

merci beaucoup Freudinou pour ces explications détaillées et d’une grande clarté :slight_smile:

je trouve très rassurant de découvrir qu’on peut s’attaquer de manière logique et structurée, à des problèmes qui relèvent un peu du comportement irrationnel comme le tilt ou la peur de jouer une situation ou bien une certaine main de départ…