Bon, voici mon article :
SE PREMUNIR CONTRE LE TILT EN PLO
Définition :
Le Tilt est un état dans lequel se trouve le joueur, où il n’est plus en mesure de contrôler son jeu à l’aide de décisions rationnelles, car il est submergé par des émotions trop fortes. Fondamentalement d’ailleurs beaucoup de psychologues opposent la passion à la raison. Etre submergé par des sentiments (passions) entraîne donc une façon de jouer déraisonnée. Les conséquences sont des pertes d’argent plus ou moins conséquentes en fonction de l’importance et de la durée du tilt.
Différents sentiments peuvent amener le joueur à tilter. On parle souvent de la colère suite à un bad beat. La peur de perdre est aussi tiltante et change radicalement notre façon de jouer, on peut devenir trop passif. Ces 2 exemples sont couramment énoncés ; mais d’une façon générale, l’ensemble des émotions et sentiments qui forment notre passion entraînent le tilt si ils se manifestent de façon trop importante ; c’est-à-dire plus que notre raison.
Un sentiment d’invincibilité ou de domination trop poussé peut aussi nous amener au tilt et à un jeu dénoué de bon sens.
Le désir peut également être tiltant. On veut tellement que l’on croit en ce que l’on désir. Cela donne une tendance Calling Station.
D’une façon générale, je dirais que si ce qu’on analyse à froid n’est pas en corrélation avec ce que l’on a fait à chaud, alors nous avons tilté. Car si à chaud nous n’appliquons pas les connaissances que nous avons à froid, alors, nous sommes dominés par nos émotions.
Le omaha ; une variante tiltante :
Si l’on parle de variantes de poker. Le PLO est certainement un jeu plus « dangereux » pour les joueurs sujet au tilt. La variance est plus importante. Cela entraîne plus de « river magiques » et de bad beat.
Il est difficile d’isoler preflop au omaha. Beaucoup de joueurs ont une range preflop saugrenue car ils trouvent leurs mains jolies. Avec 4 cartes nous avons souvent une main de départ double suited, des mains qui peuvent faire des quintes comme 45TJ. Des mains pairées comme TTxx. Cela suffit à émerveiller certains joueurs débutants dans cette variante ou, qui ne prennent pas la peine d’étoffer leurs connaissances en la matière. Ainsi, avec notre belle main telle que AKKQss, nous allons souvent nous retrouver à disputer un gros « family pot » contre des ranges improbables et nous ne sortirons pas forcement gagnant. Cela crée des situations frustrantes, agaçantes donc tiltantes.
Le jeu postflop au omaha donne aussi lieu des situations ubuesques de façon courante. En effet, nous flopons souvent une top paire ou une double paire et, pour certains vilains, cela est suffisant pour call un ou deux barrells sans se préoccuper ni de leurs draws ni de leurs côtes. Très souvent aussi, vilain aura des outs pour faire les nuts ou améliorer sa main comme Flush Draws, GU, tirage quinte … Beaucoup call postflop avec des tirages faibles. Cela donne lieu à des bad beat (river de l’espace) qui peuvent rendre amer et nous faire tilter pour le reste de la session.
Le omaha compte aussi son lot d’agroloose, de fondus du bocal, de rois de la gâchette, de mongoloïdes. Vous les connaissez. Il bet tout, il raise tout !! Certains ont dû se rendre compte qu’avec un écart de valeur des mains de départ moins important qu’au holdem ; le omaha leur offre la possibilité de chatter plus souvent. Je pense donc qu’ils sont plus légion sur nos tables. De plus, même si ils peuvent rapporter gros, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Alors oui, nous pouvons jouer ces joueurs de façon EV+ (ça pourrait être un bon sujet d’article) mais attention au tilt !
Les flip sont également monnaie courante en omaha et parfois, nous pouvons en perdre une majorité sur une période assez longue.
L’importance de la position permettra à un bon reg qui a un edge sur une table ou sur une limite de créer un Metagame en relançant pré flop un nombre beaucoup plus important de mains qu’au holdem, amenant ainsi, des joueurs trop sensibles à tilter.
En conclusion, le omaha c’est souvent, de gros family pot à défendre contre des calling station avec des mains improbables, des mongoloïde associés, des river de la 4ème dimension, des flip à répétition, des LAG qui foutent le bordel… Tiltant, non !!?
Il faut en être conscient et il faut l’accepter ou c’est le tilt assuré.
Les facteurs :
On pourrait classer les facteurs du tilt en 3 familles :
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Ce qui relève de l’état psychologique du joueur au moment où il réalise une session. Le fait d’être dans un état de colère, de grande fatigue, très contrariés avant d’entamé une session nous prédispose à tilter car nous ne sommes pas en mesure de nous concentrer convenablement dans ces états.
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L’environnement extérieur, les conditions de jeu. Effectivement, si ce qui se passe aux tables influe sur notre état psychique et émotionnel, ce qui se passe dans la pièce où nous nous trouvons aussi. A nous de savoir dans quelles conditions nous ne pouvons pas jouer.
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Ce qui se passe aux tables. En effet, les Donk, les fishs, les bad beat, les bad run, les good run, le Metagame sont des facteurs qui vont directement induire des émotions.
Comment se prémunir :
Je suis convaincu que le Tilt n’est pas une fatalité. On peut souvent lire « il faut arrêter le jeu ». Cela est vrai dans certains cas ; notamment si le mal est la et que l’on ne parvient pas à se calmer. Toutefois, on ne peut se fixer comme objectif d’identifier le tilt en situation et de quitter la table. On se doit de chercher à en comprendre les mécanismes et prévenir le tilt de façon efficace. Une fois conscient du fait que l’on tilt. Essayons de mettre en place des systèmes nous permettant d’éviter cela.
Si l’on part du constat que le tilt est la non application de nos connaissances (à ne pas confondre avec le manque de connaissance) du fait de l’emprise de nos émotions, il faut alors mettre tout en œuvre pour inverser cette tendance. Je vais tenter de démontrer que c’est par l’anticipation de nos prises de décision que nous pouvons y parvenir.
La base pour se prémunir du tilt et déjà de savoir quel joueur nous sommes. Quel est notre niveau ? Quel est notre style ? Cela nous permettra ensuite de choisir nos limites, nos tables, notre ligne de jeu et nos plans de jeu. Ainsi nous pourrons rester dans notre zone de confort.
S’assurer que l’on est en état de jouer : Effectivement, avant toute chose, assurons-nous que nous allons entamer une session dans de bonnes conditions. Sommes-nous calme et disposé ? Ne sommes-nous pas trop fatigué ? Le cas échéant, il est préférable de reporter la session voir de régler ses problèmes personnels avant.
Avoir une ligne de jeu :
En fonction de notre niveau et de la limite à laquelle nous jouons nous devons établir clairement une ligne de jeu. Cette ligne sera le fil conducteur de nos sessions. En effet jouer sous l’égide d’un raisonnement et non de ses émotions implique impérativement une méthode facilitant les prises de décision. L’ignorance de la direction à prendre induira souvent de la peur, de la panique et obligera à prendre une décision sans l’avoir raisonnée préalablement. Il faut prédisposer le cerveau à jouer de façon ordonnée et rigoureuse.
Avoir un plan de jeu à chaque main :
C’est primordial. Et oui ! En omaha surtout , si l’on a les nuts au flop et à la turn, ce n’est pas forcément le cas à la river. Et à chaque fois que la texture du board change il faut prendre une décision. Cela ne se passe pas toujours comme nous le souhaitons et même souvent le déroulement d’une main peut nous paraitre injuste. Un plan de jeu va considérablement nous aider à prendre une décision raisonnée. En effet, si l’on bet turn et que l’on décide en amont ce que nous allons faire en fonction de la river à venir alors nous évitons un tilt. Notre décision est prise à froid et non pas à chaud face à la river moisie qui donnera l’avantage à la calling station que nous pourrons exploiter à un autre moment. Il ne reste plus qu’à respecter le plan prédéfini, ce qui demande bien moins de maîtrise de ses émotions que de prendre la décision au dernier moment.
En schématisant cela peut donner ça :
1 . BOARD FAVORBLE + JEU EN FONCTION DU BOARD + CHANGEMENT DE BOARD DEFAVORABLE ET DECISION A CHAUD = TILT
2 . BOARD FAVORABLE + JEU EN FONCTION DU BOARD + PLAN DE JEU ET DECISION A FROID+ CHANGEMENT DE BOARD DEFAVORABLE = BONNE DECISION
On voit que dans l’exemple 2 nous n’avons pas besoin de plus de connaissances que dans l’exemple 1. Simplement c’est le moment choisi pour décider de la suite du coup en fonction des différentes tournures possibles qui fait toute la différence.
Cerner les vilains :
Qui est trop nit ? Qui est agroloose ? Qui a un edge sur la table et provoque le Metagame avec ses 30% de PFR ? Le omaha est un jeu de nuts mais pas seulement. Cette variante est très « vilain dépendant » et parfois il est EV+ de s’envoyer en l’air avec des mains secondaires notamment contre un joueur agroloose. Si l’on joue de la même façon contre un bon LAG qui provoque un Métagame avec l’envi de le punir, alors c’est un tilt. Un trackers semble indispensable afin de pouvoir attribuer un profil à un joueur. Par exemple, un bon LAG profitera de la position pour accroître son agressivité et ira au schowdown majoritairement dans des situations EV+. Alors qu’un joueur agroloose va Open Raise des mains inappropriées à la position et ira souvent au showdown dans des situations EV-.
Un trackers permet de stocker suffisamment de Hand Hitory afin de définir à qui nous avons à faire. Ceci est primordial. Nous avons peur de l’inconnu, peur aussi de joueurs que nous croyons plus forts qu’ils ne sont. Nous pouvons aussi manquer d’agressivité, car nous jouons contre une image que nous nous faisons plutôt que contre une range et un profil établi. Le profiling de vilain nous donne une base raisonnée, rigoureuse nous permettant de prendre de froides décisions EV+.
Prendre du recul :
Faire des revues de session seule ou entre amis, poster des mains sur le forum lorsque l’on a des doutes cela permet de démêler et de comprendre les situations. Il faut savoir dissocier les bonnes décisions, les erreurs de jugements, les bad beat, les bad run, les good run et les tilts. Revoir ses erreurs, ses tilts permet de comprendre les situations ou cela se produit et de les éviter. On peut par exemple revoir sa ligne de jeu, changer de limite ou repenser à nos plans de jeu après avoir pris le recul nécessaire.
Quitter la table, arrêté la session, faire une pause : Dans certains cas il est préférable de quitter une table car un joueur, une situation à fait que nous sommes trop submergés par nos émotions pour pouvoir jouer de façon rigoureuse. Parfois, il vaut mieux même stopper la session. Aussi, une simple pause de 5 mn peut suffire à nous remettre dans le droit chemin. Savoir quel joueur vous êtes et prendre du recul suffisamment souvent vos aidera à prendre ces décisions quand ce sera nécessaire.
En conclusion :
Le tilt se produit lorsque nos émotions prennent le pas sur notre raisonnement dans les prises de décision. Il faut nourrir notre raisonnement des connaissances et des méthodes nécessaires à de bonnes actions. En effet, il faut pouvoir s’appuyer sur du concret afin de faciliter et de favoriser des décisions froides et rigoureuses. Plus nous saurons en amont ce que nous devons faire en fonction des situations moins nous favoriserons l’influence des émotions sur nos actions.
[b]Il faut donner de bonnes assises à notre raison afin qu’elle prédomine plus facilement sur notre passion.
Un processus d’anticipation des décisions est un facilitateur important pour éviter le tilt.
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