- 12 septembre 2013
- petiteglise
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Nouvel et dernier épisode consacré à l'Histoire du Poker. Des débuts sur le minitel à l’hégémonie de Pokerstars, découvrez l'histoire du poker en ligne, ses plus gros gagnants, ou encore comment des pirates ont pu accéder aux cartes de leurs adversaires...
La préhistoire du poker en ligne
Au tout début des années 1990, les français pouvaient déjà jouer au poker en réseau sur feu notre minitel, au 3615 BLUFF.
Internet a commencé à toucher le grand public en 1994. Un an plus tard, alors que les modems 56k étaient encore un rêve inaccessible, des joueurs s’affrontaient sur un serveur IRC (Internet Relay Chat) programmé par Todd Mummert.
Le jeu se déroulait à l’aide de commandes comme # fold ou # raise 50 à taper dans la fenêtre de chat. On ne pouvait pas jouer en argent réel, les joueurs de No-Limit étaient contraints de rentrer avec l’intégralité de leur bankroll et les tournois se disputaient sur une seule table (23 max). Mais IRC permit à de nombreux joueurs de faire leurs armes. Parmi ces pionniers geeks, citons Chris Jesus Fergusson, qui remporta quelques années plus tard le Main Event des WSOP. Vous pouvez voir ci-contre à quoi ressemblait une partie sur IRC, après l'implantation de la première interface "graphique" (sic), ce qui était une nette amélioration. Ne vous plaignez plus jamais d’une interface !
Il fallut attendre le 1er janvier 1998 pour voir distribuée la première main en argent réel. C’était sur la plateforme Planet Poker, une main de Limit Holdem 3$-6$. Sans concurrence, le succès de Planet Poker allait grandissant, malgré de nombreux bugs et problèmes techniques (déconnexions fréquentes, etc). On notera que c’est Planet Poker qui instaura le rake à 5%, capé à 3$, rake encore fréquemment utilisé sur le .com
En 1999, une deuxième room, Paradise Poker, fit son entrée sur le marché. Au même moment, Planet Poker subit un plantage total contraignant le site à l’arrêt durant plusieurs jours. Quand Planet Poker fut rétabli, Paradise s’était déjà constitué un field important.
Mais ce n’était rien en comparaison de ce à quoi dut faire face Planet quelques mois plus tard.
Le poker online est-il rigged ?
Cette question est vieille comme le poker en ligne. Déjà à l’époque d’IRC, des joueurs trichaient en se créant de nombreux comptes, profitant des 1.000$ de play money offert avec chaque compte, qu’ils reversaient sur leur pseudo principal dans des parties truquées…
On doit le premier gros scandale à Planet Poker. La mère de toutes les rooms, voulant prouver qu’elle était irréprochable, publia son algorithme de distribution des cartes. Quelques semaines plus tard, des pirates annoncèrent qu’ils pouvaient connaître les cartes de tous les joueurs de la table, ainsi que les cartes à venir.
La génération du hasard a toujours était un défi pour les informaticiens. En résumé, pour tirer au sort un nombre entre 1 et 52 afin de simuler un mélange, le programme choisi un nombre entre 0 et 1 qu’il multiplie ensuite par 52. Et pour choisir au hasard un nombre entre 0 et 1, le programme utilisait le nombre de millisecondes qui s’étaient écoulées depuis minuit.
Premier problème : il n’y a que 86.400.000 millisecondes dans une journée. L’algorithme ne pouvait donc générer que 86,4 Millions distributions. Nombre ridiculement faible comparé au 52 ! (soit environ 8 suivi de 67 zéros) mélanges théoriques. Ainsi, la plupart des distributions théoriquement possibles ne pouvaient jamais être générées.
Deuxième problème : l’algorithme étant mal écrit, les mélanges n’étaient pas équiprobables, certaines configurations étaient bien plus fréquentes que d’autres.
Troisième problème, last but not least : En synchronisant leur horloge sur celle du site, les pirates arrivaient à limiter le nombre de tirages possibles à 200.000. Pour savoir avec certitude lequel de ces 200.000 était utilisé, il leur fallait rentrer 5 cartes : leur main plus les trois cartes du flop. Autrement dit, en temps réel, juste après le flop, ils pouvaient connaître la turn et la river à venir, ainsi que les hole cards de tous les joueurs.
Voici à quoi ressemblait le logiciel utilisé.
Depuis, les algorithmes ont été améliorés, tant au niveau de la répartition que de la sécurité. Mais rien ne dit que personne ne puisse (n’ait pu ?) les cracker.
Une autre forme de scandales est ceux impliquant les dirigeants de la room frauduleuse. Le plus connu est celui qui mêla Absolute Poker et Ultimate Bet. Ici, ce n’étaient pas les cartes qui posaient problème, mais les joueurs. Certains comptes, les Superusers, avaient en effet accès aux cartes de tous les joueurs. La plupart des tricheurs ne se donnaient même pas la peinse de se cacher, jouant toutes les mains et multipliant les hero calls. Il n’était pas rare de voir des tapis payés avec hauteur dix à la river…
Russ Hamilton, ancien vainqueur du Main Event des WSOP, était au centre de cette affaire et le principal bénéficiaire de la triche. Au total, +20 Millions $ ont été dérobés, puis rendus, aux joueurs.
En France, citons le cas de Partouche Poker, dont des salariés et dirigeants du groupe ont bénéficié d’incroyables bonus et tickets gratuits. Parmi eux, Patrick Partouche lui-même toucha quelques 65 000€ sur le compte de sa femme.
Finissons cette rubrique scandales en mentionnant le tristement célèbre Black Friday, qui révéla que Full Tilt n’était qu’une pyramide de Ponzi.
Les plus gros gagnants du poker en ligne
Malgré ces scandales et fraudes, le poker en ligne a connu un véritable essor durant des années. Un des facteurs de ce succès a été la victoire de Chris Moneymaker au WSOP 2003, après qu’il s’est qualifié par un satellite sur internet, pour une poignée de dollars. Aujourd’hui, le marché du poker subit une crise. Un coupable communément désigné est la législation. Alors que le poker en ligne est encore interdit dans presque tous les Etats-Unis, les joueurs français se plaignent de la petitesse du .fr et des prélèvements de l’Etat. A l’heure du bilan, voici le classement des plus gros gagnants.
1. Phil Ivey |
Phil Ivey |
USA |
19.242.743$ |
Patrik Antonius |
Finlande |
11.315.548$ |
|
3. OMGClayAiken |
Phil Galfond |
USA |
8.826.200$ |
4. Jungleman12 |
Dan Cates |
USA |
7.417.972$ |
5. Urindanger |
Di Dang |
USA |
7.411.126$ |
6. Trex313 |
Hac Dang |
USA |
7.340.056$ |
7. theASHMAN103 |
Ashton Griffin |
USA |
4.850.074$ |
8. FinddaGrind |
Patrik Antonius |
Finlande |
4.486.971$ |
9. EasyPeazy |
Abe Mosseri |
USA |
4.4160.303$ |
10. Jeans89 |
Jens Kyllönen |
Finlande |
3.953.916$ |
Comme vous pouvez le constater, sans surprise, les USA dominent le poker en ligne avec 7 joueurs dans le top 10. Deux Finlandais les accompagnent. Deux seulement, Patrik Antonius ayant réalisé l’exploit d’avoir deux pseudos parmi les 10 plus gros gagnants de l’Histoire du Poker en ligne.
Le premier Français Sébastien « Seb86 » Sabic est 30ème du classement, avec plus de 2,2 Millions de gains.
Du côté des rooms, le grand gagnant est Pokerstars, qui écrase toute concurrence avec +50% du trafic mondial, comme vous pouvez le voir sur ce graphique de Poker History.