- 20 mai 2014
- petiteglise
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Danger des bots toujours plus puissants, poker social, tables avec webcam obligatoire, guerre aux joueurs pros, préservation des joueurs récréatifs, jeux de plus en plus aléatoires… découvrez à quoi ressemblera le poker dans le futur.
La machine, (bientôt) plus forte que l’homme ?
1997. Deep Blue, super ordinateur de 256 processeurs, 2m de haut et 1,4 tonnes bat Garry Kasparov, qui était à l’époque le meilleur d’échecs ayant existé.
Aujourd’hui, un logiciel gratuit tournant sur un portable suffit à battre Magnus Carlsen, le nouveau meilleur joueur d’échecs de tous les temps.
Les échecs professionnels n’existent qu’en live. Chaque jour, des centaines de milliers de joueurs disputent des parties d’échecs sur internet, mais sans aucun enjeu financier.Il faudrait en effet être fou pour parier sur un jeu où l’on a absolument aucune chance de gain contre un tricheur.
Années 2000. Le backgammon se propage sur internet. Même problème qu’aux échecs : les programmes sont plus forts que les humains. Un logiciel devient la référence de tout joueur de backgammon, un certain Snowie…
Avec un ordinateur pour jouer et un autre pour tricher, n’importe quel débutant est quasiment certain de remporter un match contre un professionnel.(Sur un match en plusieurs points, la variance est beaucoup moindre qu’au poker).
Les échecs professionnels n’existent qu’en live. Chaque jour, des centaines de milliers de joueurs disputent des parties d’échecs sur internet, mais sans aucun enjeu financier.Il faudrait en effet être fou pour parier sur un jeu où l’on a absolument aucune chance de gain contre un tricheur.
Les sites adoptent le classement élo, utilisé aux échecs : un débutant commence à 1000 points, quand on gagne une partie, on gagne des points - un peu si l’adversaire est moins fort, beaucoup si l’adversaire est plus fort. Respectivement chaque défaite entraîne une perte de points.
Les sites font jouer ensemble des adversaires de même classement. Ainsi, quand un débutant triche, son classement explose et après quelques (dizaines de) parties, il se retrouve à jouer contre d’autres tricheurs…
La parade trouvée par les tricheurs a été aussi simple qu’efficace : ils ont tous adopté le multi-accounting, dépouillant les honnêtes joueurs à chaque fois, avant d’ouvrir un autre compte.
Les sites actuels analysent les parties en cas de doute et bannissent les tricheurs. Mais il suffit à un bon joueur de ne tricher qu’en cas de décision difficile pour devenir un “génie” au style humain et donc indétectable…
Vous l’aurez compris, tout jeu où la machine est plus forte que l’homme est un jeu auquel il est impossible, à tout le moins idiot, de parier de l’argent sur internet.
Au poker, les programmes commencent à concurrencer les bons joueurs. Il y a un an, la plateforme suédoise Svenska Spel dévoilait la triche de 14 comptes de bots, qui avaient gagné 1,8 million d’euros, sur des tables allant de la NL50 à la NL500.
Lors du challenge Poker Académie vs Poker Snowie, la machine a obtenu une EV de 10BB/100 mains et un résultat net de 16,2BB/100.
Les progrès accomplis par les programmeurs, conjugués au développement du hardware, rendent inévitable la future domination des logiciels sur les humains au poker.
De la même manière que Kasparov se trompait quand il disait dans les années 80 qu’aucun ordinateur ne pourra jamais le battre, il est certain que, dans quelques années, n’importe qui pourra télécharger un programme plus fort que Patrik Antonius et Phil Ivey… et tricher avec... Sera-ce alors la fin du poker en ligne ?
Vous l’aurez compris, tout jeu où la machine est plus forte que l’homme est un jeu auquel il est impossible, à tout le moins idiot, de parier de l’argent sur internet.
Préserver les joueurs récréatifs
Incapables de faire bouger les pouvoirs publics sur l’ouverture du marché, la baisse des taxes et la mise en place de nouvelles variantes, les rooms ont adopté une nouvelle politique : préserver les joueurs récréatifs.
Il existe 3 types de joueurs : les professionnels, les récréatifs et une minorité d'addicts. Les pros cherchent à gagner de l’argent et cash-out régulièrement. Les deux autres catégories de joueurs jouent pour perdre leur argent, soit par plaisir (les récréatifs) soit par dépendance au jeu (les addicts).
Si on supprime les professionnels, plus personne ou presque ne cash-out. Ainsi, tout l’argent déposé finit sur le compte de la room (moins les taxes). Même si les pros génèrent beaucoup de rake, il est Ev+ pour les rooms de préserver les joueurs perdants. Pour ce faire, il existe plusieurs stratégies.
Ecarter les sharks
Direct, violent mais de plus en plus répandu. Equity Poker Network a ainsi banni des joueurs car ils exerçaient un gros volume au table, tout en étant gagnant sur le long terme. EPN assume clairement sa politique : “nous sommes sur un réseau qui se focalise sur les joueurs de poker récréatifs “.
Va-t-on assister à une généralisation de cette politique ? Si virer les sharks devient la norme, les pros devront alors se mettre hors la loi et se recréer de nouveaux comptes à chaque fois, avant de se faire exclure à nouveau.
Séparer les joueurs selon les niveaux
Une méthode plus subtile que de lutter contre les joueurs gagnants est de les faire jouer entre eux. Les rooms ont débordé d’imagination, aussi, je ne donnerai que quelques exemples représentatifs de la “skill segregation”
Partypoker a masqué aux joueurs gagnants les tables de joueurs récréatifs. Le système, mis en place sans annonce en février 2013 a été abandonné en novembre suite à une menace de sit-out. Certains regs avaient déjoué le système et profité des tables fishys sans aucune concurrence !
Revolution Gaming Network a instauré, puis abandonné un système de séparation des joueurs en trois tiers, selon leur niveau.
Tout grinder étant obligé de multi-tabler pour générer un revenu conséquent, Party Poker a inventé les Casual Cash Game Tables : sur ces tables, seuls les single-tablers sont autorisés. A terme, les multi-tablers se retrouvent donc à jouer entre eux, les joueurs récréatifs aussi.
Full Tilt a inventé les Cash Game et tournois “New to the game” accessibles seulement quand on a joué moins de 2000 mains de CG ou 75 tournois.
Si les méthodes divergent, l’objectif est à chaque fois le même : empêcher les regs de jouer contre les récréatifs.
Si on supprime les professionnels, plus personne ou presque ne cash-out. Ainsi, tout l’argent déposé finit sur le compte de la room (moins les taxes). Même si les pros génèrent beaucoup de rake, il est Ev+ pour les rooms de préserver les joueurs perdants.
Les tables anonymes
En interdisant les trackers et les prises de notes, les tables anonymes visent également à protéger les joueurs récréatifs, bien qu’elles fassent aussi le bonheur de quelques regs “à l’ancienne’.
Réduire l’edge en augmentant la chance
Deux nouvelles catégories de tournois ont été créées récemment, dans le but d’augmenter la part de chance.
Les SNG à prix variable : pour un SNG à 3 joueurs, le gain du vainqueur est tiré au sort, compris entre 2 fois et 1000 fois la mise. Le tout en format turbo.
Les MTT all in obligatoire : ces MTT comprennent deux phases. Dans la première, tous les joueurs sont all-in à chaque main, jusqu’à la bulle. Ensuite, les joueurs ITM jouent normalement la suite du tournoi.
Le poker social / gratuit
Zynga poker, lancé sur Facebook est le précurseur des sites de poker social. On y joue en argent fictif, mais on peut échanger cet argent contre des accessoires (fictifs eux aussi).
Bank of poker est un site de freerolls, financé par la publicité. A chaque augmentation de blinds, les joueurs sont abreuvés de pubs, en plus des bandeaux entourant les tables. En échange, on peut jouer gratuitement à des SNG dotés d’un ou deux euros.
Pour les joueurs en manque de contact humain, des sites comme campok proposent des parties avec webcam et audio.
Le décryptage des tendances actuelles laisse à prévoir que dans le futur, le poker en ligne sera plus ludique, plus fun, plus hasardeux que le poker actuel mais sera un jeu d’amateurs, sans réelle possibilité de professionnalisme.