- 20 mai 2016
- greg31150
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Il est de plus en plus courant d'entendre l'importance du travail technique et mental pour maintenir son niveau au top. Mais encore faut-il connaitre et comprendre les réelles motivations justifiant ce travail.
Greg a participé à la promotion meilleur article du mois de mars
Introduction
De nombreuses sources de motivation nous entraîne vers ce jeu :
J’ai choisi d'identifier ces motivations en modélisant le joueur de poker comme une « agrégation » de 3 joueurs, ayant chacun leurs propres motivations, leur propre rapport à l'argent, leurs propres émotions.
Ces différents profils sont présents de manière plus ou moins importante chez chacun d'entre nous.
Les différents profils de joueur de poker selon leurs motivations
I. Poker « Investissement – grinder / semi-pro / pro »
Sa motivation est celle la plus souvent évoquée quand on parle de motivation au poker : le fait de gagner de l’argent.
Le joueur joue sur des tables qu'il est certain de dominer. Le joueur place son argent sur les tables en espérant faire « fructifier » celui-ci.
La valeur de la bankroll de ce joueur de poker est alors comparable à la valeur de l’argent investi en bourse par un investisseur.
Rapport à l'argent : purement comptable
II. Poker « Jeu de casino »
La motivation de ce joueur est son attrait pour les « paris », les « jeux d’argent ». Le fait d’aimer l’adrénaline lié à ces paris.
Le joueur de poker est alors comparable à un joueur « misant aux courses », effectuant des « paris sportifs ».
Éventuellement (dans le cas de gros MTT), le joueur peut être comparé un joueur achetant des « tickets de loto ». (« Loto » à espérance positive lorsque le joueur domine le field).
Le joueur s'intéresse aux résultats de ses paris. C'est ce qui le fait vibrer.
Même si ce joueur se plaint souvent de la variance « négative », un poker sans variance lui semblerait bien fade.
Rapport à l'argent : « affectif »
III. Poker « Jeu de société / jeux vidéo »
Cette partie regroupe toutes les motivations intrinsèques qui font que l'on peut s'intéresser au poker en dehors de toute considération financière.
Il s'agit de l'attirance pour ce jeu en tant que « jeu de réflexion / jeu de "combat" ».
A la manière d’un joueur d’échecs, d’un joueur de starcraft, ou de tout autre jeu, le joueur s'intéresse à ce jeu pour la stimulation intellectuelle produite.
Celui qui joue au poker avec la soif de se mesurer aux autres et de les vaincre entre également dans cette catégorie. Son esprit de compétition est sur le qui-vive.
La bankroll du joueur est alors comme un « score » que celui-ci souhaite faire monter le plus possible.
Rapport aux résultats : « personnel »
Comme vu en introduction, la motivation d’un joueur de poker est souvent un mélange de ces 3 ingrédients. (c’est ce qui constitue une des richesses de ce jeu).
→ Mais pourquoi donc faire un article présentant ces 3 pôles ?
Comprendre ce qui nous motive à jouer permet de comprendre ce qui nous rend heureux lorsque l’on gagne, et surtout ce qui nous frustre lorsque l’on réalise des sessions négatives.
Cela nous permet alors de comprendre quelle démarche intellectuelle mettre en place pour mieux gérer ses émotions et continuer à aimer ce jeu en cas de bad run.
La gestion de ses émotions selon son profil
Partie I du joueur (le grinder) :
Il va de soi qu’un investisseur doit facilement accepter que ses placements financiers passent par exemple de 50.000 euros à 45.000 euros, sans être sujets au « tilt ». Il sait que ce sont les aléas de la bourse.
Il sait aussi que si ces placements sont judicieux, ils lui rapporteront sur le long terme.
Cette partie-là du joueur, doit agir avec une bankroll particulièrement solide, pour ne pas avoir besoin de s'intéresser aux résultats à court terme.
Pour « ce joueur », la variance au poker est quelque chose destinée à être lissée sur le long terme.
Émotion ressentie : Sans objet. (Evidemment, dans la réalité, aucun joueur n'est composé purement de cette partie).
Partie II du joueur (gambleur) :
Nous devons comprendre qu’à partir du moment où nous aimons « l’adrénaline du jeu », nous ne pouvons pas « gagner à tous les coups ». Et surtout que nos gains ne peuvent pas être réguliers. Si nos gains étaient réguliers, il n’y aurait plus d’adrénaline !
Émotion ressentie :La partie « 2 » du joueur qui prend un bad beat peut réagir « comme un enfant à qui l’on confisque son jouet ». Il trouve cela injuste. Certains débutants pensent « poker is rigged ! »
Inversement, c'est cette partie du joueur qui le fait « sauter de joie » quand il gagne.
Les bad run peuvent cependant être douloureux dans ce cas de figure.
Si vous sentez que c'est « cette partie de vous-même » qui a du mal à encaisser un bad run, la meilleure chose à faire est de prendre votre mal en patience et de vous dire que sans « bad run », les « good run » ne pourraient pas exister.
→ La méditation et toute démarche permettant de vous rendre plus « zen » seront vos alliées.
Partie III du joueur (compétiteur) :
Le joueur doit accepter que son « score » immédiat à ce jeu ne dépend pas seulement de son « adresse ».
A court terme, ce score est également fortement dépendant de la chance.
Cette partie du joueur doit s'efforcer de ressentir de la « satisfaction intellectuelle » pour avoir pris en permanence les bonnes décisions, effectué en permanence les bons plays.
Sa satisfaction intellectuelle ne doit pas être régie par l’augmentation ou non de son « score ».
Émotion ressentie : Le joueur peut en vouloir à son adversaire, par exemple, quand il se prend un 2-outer.
Il s’en veut à lui-même d’avoir suivi river alors qu’il « savait » que vilain avait la flush…Inversement, quand il gagne en ayant la sensation d'avoir bien joué, le joueur est fier de lui.
En cas de bad run, c'est cette partie du joueur qui peut être en proie aux questionnements, concernant la qualité de son jeu.
→ La partie « III » du joueur pourra réduire sa propension au tilt en comprenant mieux le rôle réel de la chance au poker. Son but sera d'arriver à bien différencier ce qui, dans ses pertes, est lié à la malchance et ce qui est lié à son jeu.
Au fil de son expérience, un même joueur va évoluer et voir ses « facettes » I, II ou III s'exprimer plus ou moins fortement.
En général, il va plutôt commencer avec les facettes III et II pour idéalement terminer avec les facettes III et I.
Selon la limite à laquelle il joue, ses facettes vont s'exprimer différemment. (lors d'un passage ou un « shot » à une limite supérieure, le joueur va potentiellement à nouveau laisser parler sa facette n°II, qu'il avait réussi à mettre de coté).
En conclusion, si vous vous retrouvez un peu dans chacune de ces catégories, quand vous « tiltez » ou simplement quand vous êtes « frusté », essayez d'identifier quelle est la partie du joueur qui parle en vous.
Cela vous permettra de choisir une solution adaptée :
- Meilleure gestion de bankroll
- Méditation et introspection
- Étude du jeu à des fins de meilleure compréhension de la variance au poker
Article écrit par Greg31150