- 12 février 2013
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Pour Cbet en bluff, vous devez prendre en compte les chances de réussite de ce Cbet qui sont liées à la texture du board et au style de jeu de votre adversaire.
Autopsie du Continuation Bet partie 2 : bluffer
Un joueur standard va souvent poursuivre son agression pré-flop par un Cbet sur un flop raté. Bien que cette stratégie soit acceptable face à des adversaires inattentifs et prévisibles, elle demeure cependant facilement exploitable. Une meilleure approche consisterait à prendre en ligne de compte le type de main que vous détenez, ainsi que les chances de réussite de votre Cbet en fonction de la texture du board. Le style de jeu de votre adversaire constitue également un facteur clé évident.
I. Le type de main que vous possédez
Toutes les mains ayant raté le flop ne sont pas équivalentes. D’une façon générale, la plus grosse erreur que puisse commettre un joueur décent est de Cbet une main qui jouit d’une valeur décente à l’abattage.
Prenons quelques exemples pour illustrer ces propos
Vous relancez ATo en position tardive, et seul votre adversaire tight agressif en small blind suit votre mise. C’est un joueur rusé qui sait réfléchir. Le flop amène 922 tricolore, ce joueur check. Devez-vous Cbet ?
Ce flop plutôt sec est parfait pour une mise de continuation. Malheureusement, notre adversaire est probablement suffisamment doué pour s’apercevoir que ce board n’a surement amélioré aucune des mains en présence. Il va donc suivre ou relancer pratiquement toutes ses mains qui nous dominent, voir même relancer en bluff ses airs. Bien que le Cbet demeure une option avec une espérance de gain positive qui dépend du crédit que nous accorde cet adversaire, c’est une ligne plutôt marginale ici. Au contraire, un check fonctionne bien ici, et permet même d’accomplir plusieurs objectifs :
- 1. Vous offrir une carte gratuite. Bien que cette carte puisse permettre à votre adversaire d’améliorer sa main, de nombreuses cartes au turn vont vous permettre de crédibiliser votre mise. Vous pouvez également trouver une paire et extraire de la valeur d’une paire inférieure.
- 2. Voir le comportement de votre adversaire au turn. Si il check à nouveau, il y a de fortes chances qu’il détienne une main faible, vous autorisant à effectuer un Cbet décalé tout à fait profitable (en s’assurant que le metagame1 le permette, c’est-à-dire que vous utilisiez également cette ligne de temps en temps avec des mains fortes dans ce type de spot).
- 3. Face à un joueur extrêmement agressif, vous pouvez transformer votre main en bluff-catcher2.
- 4. D’un autre coté, certains joueurs vont s’apercevoir que vous refusez de Cbet un flop sec, ce qui signifie généralement que vous êtes en train de slowplay un monstre, ou que vous essayez d’arriver jusqu’à l’abattage avec une hauteur As ou une petite paire. Ces adversaires seront peu enclins à abandonner au turn après votre check au flop, et éviteront de bluffer le coup.
- 5. Vous détenez une main faible, et préférez donc maintenir le pot petit.
- 6. Vous prouvez à votre adversaire que vous préférez un check dans un spot de Cbet évident, ce qui est profitable pour des considérations de metagame : vos Cbet sont crédibilisés dans les spots s’y prêtant de façon évidente, tout en vous autorisant à sous-jouer vos monstres sur des flops secs.
Comme nous venons de le voir, de nombreuses bonnes raisons plaident pour un check au flop, et la décision correcte dépendra finalement du style de votre adversaire, ce que nous allons étudier dans le prochain paragraphe. Ce qu’il est important de retenir ici, c’est qu’avec une main jouissant d’une équité correcte à l’abattage, vous devrez fortement envisager de ne pas Cbet.
II. Le style adverse
Nous allons étudier dans ce paragraphe deux profils adverses très différents, ainsi que les contre-mesures à mettre en œuvre face à eux. Veuillez également noter que la plupart des trackers actuels, comme Hold’em Manager ou Poker Tracker par exemple, vous fourniront des statistiques sur la fréquence de call de Cbet au flop de votre adversaire. Ces outils facilitent le profiling, tout particulièrement si vous n’avez pas de notes spécifiques sur le joueur que vous affrontez.
a. Les adversaires prévisibles et passifs
Face à ce profil, vous ne craignez pas véritablement d’affronter une relance en bluff. A moins que votre adversaire ne soit particulièrement loose, ou que le flop ne s’y prête pas du tout, vous devrez miser tous vos airs. Vous parviendrez à amener assez souvent vos mains avec une équité décente jusqu’à l’abattage, donc saisissez l’opportunité de miser ici. Sur des flops favorables, vous voudrez également miser pour empêcher votre adversaire de toucher un de ses 6 outs. Veuillez noter que certains joueurs éprouvent des difficultés à s’adapter à ce type de profil parce qu’ils vont miser leurs mains sans avoir défini de plan, et finisse par faire une mauvaise mise de valeur à la place de leur adversaire. Ne devenez pas l’un d’entre eux.
b. Les adversaires ultra agressifs
Face à ce profil, la plupart de votre profit proviendra de votre capacité à exploiter leur tendance spewy1 quand vous aurez trouvé une main robuste au flop. En tenant compte des tendances à bluffer de votre adversaire, vous devrez probablement miser une bonne partie de vos airs, car si vous ne le faites pas, ce type de joueur prendra systématiquement l’initiative au turn et vous placera dans une situation délicate. Veuillez noter que si il vous met régulièrement la pression au flop, le check dans l’optique d’abandonner vos mains les plus faibles est également acceptable. C’est le prix à payer lorsque vous affrontez un joueur ultra agressif. Vous devrez également miser les mains qui ont une faible valeur à l’abattage, comme vos bluff-catchers. Les mains jouissant d’une bonne valeur à l’abattage doivent essentiellement être transformées en bluff-catchers.
III. Conclusion
Effectuer un Cbet avec les mains les plus faibles mais possédant une légère valeur à l’abattage est généralement correct face à l’ensemble des joueurs, exceptés les plus loose d’entre eux ou les maniaques du check-raise. La texture du flop est à prendre en considération, mais souvenez-vous que vos meilleurs adversaires savent à quoi ressemblent un flop sec, et peuvent de ce fait vouloir vous piéger. Une erreur très fréquente au sujet du Cbet consiste à transformer en bluff une main ayant raté le flop, mais possédant encore une légère valeur à l’abattage. La plupart du temps, se contenter de check après votre adversaire sera correct, même sur des flops propices à un Cbet. Le prochain article traitera du Cbet en semi-bluff.
Traduit de l'anglais par TicEtTac