- 21 février 2013
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Il y a trois éléments principaux à prendre en compte lorsque vous tentez un semi-bluff : la probabilité pour que votre adversaire abandonne sa main, la force de votre tirage, et le risque de subir un check-raise et devoir jeter votre main.
Le semi-bluff se définit comme une mise ou une relance effectuée avec une main qui est dominée en cas de call adverse. Mais qui dispose encore d’outs pour s’améliorer avec d’autres cartes à venir. En ce qui concerne le Cbet, la principale différence entre un bluff pur et un semi-bluff réside dans la quasi-obligation de devoir abandonner ses tirages les plus faibles en cas de relance adverse. Dans cet article, nous nous pencherons sur les façons d’estimer la profitabilité d’un semi-bluff.
Il y a trois éléments principaux à prendre en compte lorsque vous tentez un semi-bluff : la probabilité pour que votre adversaire abandonne sa main, la force de votre tirage, et le risque de subir un check-raise et devoir jeter votre main.
I. La probabilité que votre adversaire abandonne sa main
Comme toujours, il est important de prendre en compte la texture du board, la force de votre range en fonction de votre position de relance pré-flop, la force du range adverse en fonction de sa position de call pré-flop, ainsi que le style de jeu de votre opposant. Cette liste constitue l’ensemble des facteurs que vous devez prendre en considération lorsque vous tentez un pur bluff.
II. La force de votre tirage
Plus votre tirage est robuste, moins votre taux de réussite doit être élevé pour rendre votre bluff rentable. A un niveau basique de réflexion, vous devez être plus enclin à bluffer quand vous détenez un tirage fort. Cependant, posséder un gros tirage implique d’avoir davantage d’équité lorsque vous optez pour un check à la suite de votre adversaire. C’est pourquoi, vous devez généralement évaluer la fréquence de check-raise par rapport à un simple call. Il est également important de déterminer si votre tirage est visible ou non pour votre adversaire.
III. Le risque de subir un check-raise
a. Avec un tirage robuste
Dans ce cas, affronter un check-raise n’est pas réellement un problème, car vous jouissez généralement de suffisamment d’équité pour call, voir même shove profitablement au flop en semi-bluff. Ici, le style de votre adversaire ainsi que les tailles des tapis dicteront votre choix.
b. Avec un tirage moyen
Essuyer un gros check-raise avec un tirage à 8 ou 9 outs est un véritable problème, car le prix à payer pour compléter votre main devient très élevé. A cet instant, décider de call, abandonner le coup, ou relancer sont toutes trois des options correctes Face à un joueur très agressif, la sur-relance est généralement le meilleur choix. Ce type d’adversaire ne retournera pas souvent un bon jeu dans ce type de spot, vous permettant ainsi de réussir souvent votre semi-bluff. Se contenter de suivre la relance adverse parait moins intéressant ici car les cotes implicites ne sont à priori pas intéressantes. Face à un joueur qui possède vraisemblablement un bon jeu, le call devient plus avantageux car les cotes implicites sont probablement meilleures. Le choix entre le call ou le fold doit être motivé par les cotes directes offertes ainsi que l’estimation des cotes implicites. Le type de tirage entre également en ligne de compte. Un tirage quinte est généralement moins visible qu’un tirage couleur, et offre donc davantage de cotes implicites. Veuillez noter qu’hors de position, le 4-bet devient préférable au call avec ce type de tirage car vos cotes implicites sont moindres.
c. Avec un tirage faible
Affronter un check-raise quand on possède un gutshot est un moindre mal. Vous n’aurez quasiment jamais les cotes directes pour suivre la relance, et votre tirage ne disposera que d’environ 16% d’équité avec deux cartes à venir, ce qui implique que votre adversaire devra abandonner très souvent le coup pour vous permettre de rentabiliser votre semi-bluff.
IV. Exemples de mains
a. 1er exemple
Vous êtes en position tardive face à un adversaire tight agressif et rusé. Vous possédez KQs et relancez à 3BB avec des tapis effectifs de 110 BB. Le flop amène 3s Td Js. Votre adversaire check, tentez-vous un semi-bluff ici ? Ok, c’est une fausse question. Face à une paire, vous êtes favori avec votre double tirage, et une bonne mise à hauteur du pot est toute indiquée. La seule main que vous redoutez est un brelan, mais même dans ce cas le plus défavorable, vous approchez encore des 40% d’équité. Vous affrontez un bon joueur sur un board riche, votre Cbet a donc de fortes chances de se faire relancer. Néanmoins, vous détenez déjà 2 tirages possibles, réduisant ainsi le risque que votre adversaire en possède un également. Et peut-être plus important, le fait d’être relancé ne vous gêne absolument pas car votre objectif dans ce spot consiste à mettre l’ensemble de vos jetons au milieu.
b. 2ème exemple
Vous relancez J9c depuis la Middle Position. Seul le bouton suit votre mise. Le flop amène Ac 8c 2d. Décidez-vous de Cbet ici ? C’est un spot parfait de semi-bluff. Vous avez ouvert depuis la MP, votre range est donc plutôt fort, et contient de nombreux As. De plus, votre adversaire vous a suivi pré-flop avec la position, et doit donc détenir des mains spéculatives la plupart du temps. De ce fait, un Cbet en bluff a une forte probabilité de réussite. Mais encore plus important, même si votre adversaire possède un As, il doit savoir qu’il se trouve dans une situation way ahead / way behind (à moins qu’il ait décidé de simplement suivre pré-flop avec ses AQ et AK). En conséquence, vous ne serez que très rarement relancé au flop. Et encore mieux, la ligne bet-check-bet dans une optique de contrôle du pot est fréquente dans ce spot avec un As en main, donc même si votre adversaire suit votre Cbet au flop, il peut craindre que vous soyez en train de pot control au Turn, et opter également pour un check à la suite du votre.
c. 3ème exemple
Vous ouvrez A5c au bouton, et le joueur loose-agressif en Big Blind suit votre relance. Le flop amène 2d 3h 7h. Votre adversaire check, optez-vous dans ce cas pour un Cbet ? Vous avez un tirage gutshot ainsi que votre As en overcard, soit potentiellement 7 outs. Malheureusement, ce flop ne se prête pas vraiment à un Cbet. De plus, ce type de joueur loose agressif peut décider de vous mettre la pression assez fréquemment sur ce flop. Si vous optez pour un 4-bet en semi-bluff, vous n’aurez que 7 outs en cas de call adverse. De plus, vous disposez d’un peu d’équité à l’abattage, un check semble donc plus approprié. Comme vous pouvez le constater, cet exemple est un spot tendu dans lequel le Cbet n’est pas vraiment une erreur, mais où le check semble être une option préférable.
d. 4ème exemple
Vous ouvrez JTs à 3.5 BB au CO, et un joueur agressif en BB vous suit. Les tapis effectifs sont de 130 BB. Le flop amène 7c 9d Kc. Vous misez 6 BB, et votre adversaire vous relance à 25.5BB, soit la taille du pot. Décidez-vous de call ou de fold? Vous avez décidé de Cbet en semi-bluff au flop, et avez été check-raise. Sur-relancer sans informations est une ligne probablement trop agressive, et abandonner votre tirage double belly1 une option trop conservatrice. C’est pourquoi le call parait être la meilleure solution, car le Turn peut amener de nombreuses cartes effrayantes, dont les trèfles, les J, T, 6 ou 5. Les tapis effectifs sont profonds et vous permettent de mettre un maximum de pression sur votre adversaire au Turn.
Le prochain article de cette série abordera le thème du Cbet comme défense face à un futur bluff.
Traduit de l'anglais par TicEtTac