- 15 mars 2016
- Barth_Gury
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Dans une interview donnée au site PokerListing, le vainqueur du Main Event 2008 revient sur les 8 dernières années qu'il a traversé depuis son sacre. Entre reprise des études et remise en question, le discours du danois marque par sa simplicité et son humilité.
L'éclosion de Peter Eastgate
Vainqueur du Main Event en 2008 pour plus de 9 millions de dollars de gains alors qu'il n'avait que 22 ans (record à l'époque du plus jeune champion, avant d'être supplanté par Joe Cada l'année d'après), Peter Eastgate devient le nouveau "champion du monde de poker", avec toutes les retombées médiatiques que cela implique.
Sponsorisé par PokerStars après sa victoire, le danois prouve définitivement son talent de joueur de tournois, avec une année 2009 qui sera celle de la confirmation : Une deuxième place à l'EPT Londres pour 530.000£, une victoire dans un side event au PCA (343.000$) et enfin un deep run (67ème) au Main Event des WSOP où il ne passe pas loin de faire un back to back en table finale du plus gros tournoi de l'année (réalisé quelques années après par Mark Newhouse en 2013 et 2014).
Surfant sur cette nouvelle notoriété, il participe au grand show télévisé du moment : Les Poker High Stakes. Une émission de cash game à hautes limites où il montre cependant ses limites techniques sur cette variante, écrasé totalement par le génie de l'époque Tom 'Durrrr' Dwan.
Main de légende entre Eastgate, Breenstein et Dwan (Poker High Stakes 2008/2009)
Deux ans seulement après son sacre, il déclare publiquement vouloir arrêter sa carrière de joueur professionnel et met son bracelet aux enchères sur eBay au profit de l'Unicef.
Depuis cette date (2010), ses apparitions sur le circuit professionnel se comptent sur les doigts d'une main.
Peter Eastgate, le champion rempli d'humilité
A l'occasion de sa participation au WSOP Circuit en Géorgie, l'équipe de PokerListings a eu la chance de lui poser quelques questions sur sa nouvelle vie. Questions auxquelles il a répondu en toute franchise et humilité.
On apprend alors qu'il a déserté Londres en 2013 pour retrouver son pays natal, afin de reprendre des études "J’ai essayé d’étudier la biomédecine. Malheureusement, j’ai raté les quatre matières que je devais passer, donc j’ai dû arrêter. J’ai vraiment fait de mon mieux, mais c’était trop dur pour moi."
Malgré cet échec, le joueur se sent mieux, loin du jeu et du stress quotidien aux tables, même s'il lui arrive toujours de "jouer en cash game. À 1$/2$, beaucoup moins qu’à l’époque."
Aujourd'hui, le jeune retraité du poker profite de la vie, loin de tous les excès "Je dépense autant que n’importe qui [..] Je n’ai même pas de voiture, je n’en ai pas besoin [..] je n'ai rien très cher".
Lorsque PokerListing lui demande si les rumeurs de grosses pertes d'argent dans les paris sportifs sont véridiques, il répond par l'affirmative, mais assure que cette vie de gambler est désormais derrière lui : "J’étais accro aux jeux, mais je me suis rebellé et ressaisi [....] Je pense que j’ai énormément de chance. J’aurais pu avoir une mauvaise passe et perdre une grande partie de mon argent, mais j’y ai échappé."
Dans une interview de 2015, un journaliste lui avait demandé d'analyser son niveau de l'époque, quand il était à son top, et de la possibilité de pouvoir un jour revenir un jour sur le circuit et aborder un tournoi de manière compétitive. Peter n'y était pas allé par quatre chemins et avait répondu en toute franchise "Je n’étais pas si bon que ça, comparé aux joueurs qu’on voit aujourd’hui. »
Il a de nouveau confirmé ses propos la semaine dernière : "Je ne suis pas plus intelligent que la moyenne, rien ne me prédestinait à gagner autant d’argent. J’ai juste eu la chance de naître au bon moment pour pouvoir profiter de la belle époque du poker."
Quand à sa future vie, Peter reste pour le moment dans l'incertitude : "J’ai besoin de me fixer des objectifs, de retrouver une passion. J’accepte ma situation, mais je ne suis pas heureux. Mais c’est à moi de la faire évoluer. Je n’ai aucun souci financier, donc je ne peux pas me plaindre. Je n’arrive juste pas à trouver ma voie. Mais je sais qu’il faut que je trouve quelque chose, sinon je le regretterai quand je serai vieux."
Nul doute qu'avec une telle mentalité, il parviendra à se tracer une nouvelle vie, probablement loin des jetons et des tapis vert, mais probablement plus heureuse et épanouie.
Lire l'interview dans sa globalité