- 02 novembre 2016
- petiteglise
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“Eustress”, du préfixe grec “eu-” : “bien”. Stress positif. Dans cet article, vous verrez en quoi le stress peut être votre allié.
Les origines du stress
Le stress est un ensemble de réponses face à une situation perçue comme dangereuse. Ces réponses n’ont quasiment pas évolué depuis l’époque préhistorique.
Considérons par exemple la réponse combat fuite, qui s’active automatiquement quand un être humain (c’est aussi valable pour la plupart des mammifères) fait face à un prédateur.
D’une part, le corps active un ensemble de processus pouvant servir au combat ou à la fuite, entre autres:
- Le rythme cardiaque et la respiration s’accélèrent afin d'oxygéner les muscles.
- Des nutriments se libèrent afin d’être consommés par les muscles.
- On se met à transpirer afin de refroidir le corps.
- La vision se tunnelise (perte de vision périphérique et concentration centrale).
D’autre part, ces processus étant coûteux en énergie, ce qui ne sert pas au combat ou à la fuite ralentit voire s’arrête. Notamment :
- La digestion (envie de vomir, d’uriner, problèmes digestifs)
- Le système immunitaire (plus grand risque de tomber malade)
Quand nos lointains ancêtres savaient qu’un prédateur nocturne rodait dans les parages, ils ne dormaient que d’un oeil, voire pas du tout. Les hommes préhistoriques capables de dormir en cas de stress n’ont pas vécu assez pour transmettre leurs gènes…
Le stress, ennemi ou ami ?
Pendant des centaines de milliers d’années, le stress était donc d’une remarquable efficacité : face à un prédateur l’ensemble de notre corps agissait afin qu’on puisse donner le meilleur de nous même pour fuir ou combattre, et le coût était assez modeste, de l’ordre de la fatigue, une éventuelle constipation et un risque aggravé d’attraper le rhume.
Notre environnement ayant évolué beaucoup plus vite que notre corps, ces réponses ne semblent plus adaptées à ce qui nous stresse de nos jours. En effet, qu’il s’agisse de passer un examen, de draguer une fille, ou de jouer une table finale d’un gros tournoi, on ne peut pas vraiment y répondre par la fuite ou le combat physique (même si parfois on aimerait…). Et quand à 5h du matin, juste avant une épreuve, on n’a toujours pas réussi à s’endormir, on en regretterait presque que ce phénomène ait sauvé la vie de nos aïeux…
Aujourd’hui, le stress est régulièrement désigné comme “le fléau de notre société”. Et en effet, chaque année, le stress cause perte de productivité, anxiété, malheur, maladies, morts… Ami préhistorique, le stress serait donc devenu l’ennemi contemporain numéro 1, qu’il faudrait combattre à coup de relaxation, de bêta-bloquants, somnifères ou antidépresseurs.
Dans une des vidéos TED les plus vues de tous les temps, la psychologue Kelly McGonigal raconte une expérience de 8 ans effectuée sur quelque 30 000 cobayes. Chaque participant devait évaluer son niveau de stress sur l’année passée et répondre à la question “croyez-vous que le stress soit dangereux pour la santé ?”. Les chercheurs ont ensuite regardé qui était mort… Les gens qui avaient subi beaucoup de stress l’année précédente, avaient 43% de risque supplémentaire de mourir. Mais cela, si et seulement si ces personnes croyaient que le stress est dangereux pour la santé. Les personnes ayant subi beaucoup de stress mais qui ne considèrent pas le stress nocif n’avaient pas plus de risque de mourir.
Sous les rires et la stupéfaction de l’assemblée, la psychologue conclut que ce n’est pas le stress qui tue (environ 20 000 américains par an), mais la croyance que le stress est nocif. Cette conclusion est hâtive, corrélation n’étant pas synonyme de causalité. On pourrait par exemple prétendre que l’inverse se produit : ce n’est pas la croyance qui rend malade, c’est le fait de tomber ou non malade qui crée la croyance. Contentons-nous de garder l’idée que tout stress n’est pas nocif, et qu’il y a un lien avec nos perceptions.
Eustress vs distress
Nous avons vu que tout stress n’est pas nocif. Ainsi nous appelons “distress” la réponse mal adaptée et nocive et “eustress” la réponse adaptée et saine, autrement dit “le bon stress”. Certains situations comme une agression tendent à favoriser le distress tandis que d’autres comme une compétition sportive tendent à favoriser l’eustress. Mais ce n’est pas la situation per se qui est “eustressante” ou “distressante”, ce qui importe ce sont nos perceptions, de la situation et de notre réponse.
Prenons en exemple le fait de jouer en NL400. Certains seront probablement scared money (distress), un reg de cette limite sera stimulé sans être apeuré (eustress), tandis qu’un habitué des high-stakes sera peut-être juste ennuyé. Même si l’on considère une seule personne, sa perception peut-être changée : on a pas le même rapport au jeu si on considère sa bankroll comme un compte à part, aussi fictif que s’il était constitué de billets de monopoly, ou si l’on se dit à chaque main “tiens je viens de perdre un ticket de cinéma, un bon resto, ou un mois de loyer... “
La perception de la situation est donc plus importante que la situation elle-même. En outre, nous allons voir que la perception de notre réponse physiologique influe aussi sur notre capacité à “eustresser” ou “distresser”.
Ainsi dans une étude citée dans la vidéo, les participants étaient tous soumis à une situation stressante et tous ont eu une accélération du rythme cardiaque. Mais les cobayes à qui l’on avait dit que le stress est une réaction normale et adaptée du corps n’ont pas subi de contraction des vaisseaux sanguins, autrement dit leur réponse était beaucoup plus saine.
Dans d’autres études, les chercheurs ont montré qu’un simple changement de perception du stress pouvait améliorer les performances des participants à des tests standardisés. Le groupe de cobayes qui lisait un court texte expliquant que stresser est normal dans ce genre de situations, que contrairement à ce que beaucoup croient, le fait de stresser peut aider à mieux réussir, etc avait de meilleurs résultats que le groupe contrôle.
En conclusion, il semble plus utile de changer notre distress en eustress en modifiant nos perceptions que de vouloir supprimer tout stress. En particulier, si vous stressez à une table de poker, au lieu de vouloir nier le problème “tout va bien, je suis détendu, allez, détends-toi “! mieux vaut vous dire que votre réponse physiologique est adaptée “mieux vaut stresser que s’ennuyer, mon coeur s’accélère afin de mieux oxygéner mon cerveau et améliorer mes performances”.