- 07 décembre 2016
- petiteglise
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Méconnu en France, feu John “Coach” Wooden est considéré outre Atlantique comme le plus grand entraîneur de basket, voire par certains comme le plus grand entraîneur sportif de l’Histoire. Ses enseignements, souvent distillés en maximes, sont applicables au poker.
Monsieur Coach Wooden.
Né en 1910 et mort juste avant de pouvoir fêter son 100ème anniversaire, John Wooden marqua l’histoire du basket ball comme aucun autre entraîneur. Entré au basket-ball Hall of Fame en 1961 pour sa carrière de joueur, il fut le premier à y ajouter une deuxième entrée comme entraîneur, en 1973.
En tant que coach de l’équipe de UCLA (Université de Californie, Los Angeles) durant 27 saisons, il remporta 620 victoires pour 147 défaites, soit un pourcentage de victoires de plus de 80%. Son record de 88 victoires consécutives tient toujours. Plus impressionnant encore, il gagna 7 années de suite le championnat national universitaire, dont les (éventuels huitièmes), quarts, demis et finales se jouaient en un seul match !
Il était en outre professeur d’anglais et vétéran de la deuxième guerre mondiale. Il écrivit de nombreux ouvrages, dans lesquelles il prodiguait des leçons, servant aussi bien sur le terrain qu’en dehors.
Ne jamais être result-oriented - le but n’est pas de gagner mais de jouer votre A-game.
On pourrait croire ces conseils écrits par un coach de poker, mais c’était bien à destination de basketteurs que Coach Wooden les a formulés, avec ses propres mots.
“Ne mentionnez jamais la victoire. Mon idée est que vous pouvez gagner en scorant moins que l’équipe adverse et que vous pouvez perdre en scorant plus.”
Il a également donné une leçon de poker face, voire de “poker spirit” :
“J’avais l’habitude de dire quand un match est fini, et que vous voyez quelqu’un qui ne connaît pas le résultat, j’espère qu’il ne pourra pas dire par vos actions si vous avez marqué plus de points que votre adversaire ou le contraire.”
Wooden nous conseille donc d’arborer notre poker face après une main gagnée, comme après une main perdue. De plus, cette poker face ne doit pas être une simple façade, mais la manifestation d’une réelle équanimité (égalité d’âme, d’humeur) vis-à-vis du résultat. Il nous rappelle en outre de ne pas être result-oriented. Tout le monde sait qu’on peut-être result oriented au poker quand on commet l’erreur de regarder le résultat dû au hasard des cartes, plutôt que la qualité de jeu. “J’ai moins bien joué que mon adversaire, mais j’ai eu de la chance et j’ai gagné, je suis content”. Wooden donne une autre perspective au concept d’être result oriented : regarder si l’on joue mieux ou moins bien que son adversaire au lieu de regarder si l’on joue notre A-game. Si vous affrontez des débutants et que vous jouez votre B ou C-game car cela suffit à les crusher, vous pourriez vous en satisfaire. Mais le Coach vous mettrait sur le banc, ou plutôt sit-out.
Don't whine. Don't complain. Don't make excuses.
“Ne pas pleurnicher. Ne pas se plaindre. Ne pas chercher d’excuses.” est une leçon que John Wooden a apprise de son père, avant de l’adopter en philosophie de vie et de la répéter constamment à ses poulains. Là encore, on la croirait écrite pour des joueurs de poker : que celui qui n’a jamais pleurniché, ne s’est jamais plaint et n’a jamais cherché une excuse après une main perdue me jette le premier jeton !
Le sujet du Whine a été traité en long et en large par Flibustier, lors de la promotion du meilleur article du mois aussi me permets-je de vous renvoyer à ses contributions :
Le Whine au poker (part1) : Quel est notre rapport à la chance ?
Le whine au poker (partie 2) : Comment gérer ses émotions (les cooldowns)
En appliquant cette maxime à votre approche du poker, vous rendrez un grand service à vous-même… et à la communauté.
Redéfinir le succès.
Le Coach a sa propre définition de la réussite et du succès :
“La paix de l’esprit est atteinte uniquement à travers la satisfaction de savoir que l’on a fait l’effort de faire du mieux que l'on pouvait.”
Il poursuit en expliquant :
“Ne jamais essayer d’être meilleur que quelqu’un d’autre, toujours apprendre des autres. Ne jamais cesser d’essayer d’être le meilleur que l’on puisse être – ça c’est sous notre contrôle. Si l’on devient trop absorbé et impliqué et préoccupé par les choses sur lesquelles on n’a pas de contrôle, cela va indéniablement défavorablement affecter les choses sur lesquelles on a du contrôle.”
Il est tentant de mesurer sa réussite au poker en donnant un nombre, comme l’argent total que l’on a gagné ou la limite à laquelle on joue. Ou alors de comparer notre niveau à celui d’autres joueurs, se glorifier d’être devenu meilleur qu’untel. Wooden nous recommande de faire fi de tout cela, car l’on ne peut exercer aucun contrôle, ni sur les cartes qui tombent, ni sur le talent ou l’entraînement de nos adversaires. Faire du mieux que l’on peut, voilà qui est de notre ressort et voilà ce qu’est la réussite selon Wooden.
Être discipliné.
Très old-school, Wooden appliquait à ses équipes une rigoureuse discipline. Un joueur arrivait en retard à l’entraînement ? Il restait sur le banc pour la journée. Un jour, Bill Walton, qui allait devenir multiple MVP de l’année en NBA, est arrivé mal habillé dans le bus qui menait les joueurs à l’aéroport pour un match. Intraitable même envers son meilleur joueur, le coach l’a renvoyé chez lui. Aussi, Wooden ne tolérait aucun mot désobligeant, envers un camarade ou un adversaire.
Evidemment, de tels conseils peuvent paraître anachroniques aujourd’hui, mais force est de constater que la discipline manque souvent au joueur de poker. Pourtant à long terme, la discipline et le professionnalisme sont sûrement de meilleurs prédicteurs de niveau que le talent pur. Comme l’a dit le Coach, et ça sera la citation finale :
“Le succès voyage en compagnie du travail laborieux. Il n’y a pas de raccourci, pas de passe droit.“